A Muvrella


                A Muvrella est un des sommets de la ligne de crête qui sépare la région de Calvi de la vallée de l’Asco. Sa proximité de Bocca di Stagnu, un col emprunté par le GR20, en fait un objectif bien tentant, avec un cheminement bien balisé. Lors de notre premier séjour en Corse dans le Nord-Ouest de l’île, cet objectif s’est naturellement imposé comme la première grande randonnée dans la montagne corse alors bien inconnue pour nous.
                Deux principales options permettent d’y accéder : soit par la maison forestière de Bonifatu, près du terminus de la D251, non loin de l’aéroport de Calvi, soit par la haute vallée de l’Asco. La première bien plus longue que la seconde avait l’avantage d’exiger une courte approche en voiture ; les 1600 mètres de dénivelé et quelque dix heures de marche aller-retour prévus dans le guide nous inquiétaient certes un peu, mais nous avions réalisé l’année précédente des balades équivalentes dans les Alpes, avec les enfants plus jeunes d’une année...



A Muvrella, première tentative
Le 6 juillet 1998



                Départ vers 8h00 -heure un peu tardive compte tenu de la longueur prévue de la balade- près de l’auberge située au terminus de la route qui longe la rivière Figarella. La première partie de l’itinéraire doit nous mener au refuge de Carrozzu, une des étapes du GR20, en longeant le ruisseau qui, comme souvent en Corse, change de nom : Figarella, puis Lamitu puis Spasimita.
                Après une première demi-heure un peu monotone sur une piste, un sentier facile et bien balisé longe ensuite le Sud de la rivière, sous un couvert végétal que nous ne quitterons pas avant d’arriver au refuge. A mi-chemin environ, une première passerelle nous mène sur le versant Nord du ruisseau, et c’est sans aucune difficulté que nous arriverons à l’embranchement du GR20. Comme prévu, nous décidons de faire un petit crochet par le refuge pour refaire le plein de nos gourdes : malgré le couvert végétal, il fait déjà bien chaud à 10h30 malgré les 1250 mètres d’altitude.
                Une petite pause permet de bien nous rafraîchir au point d'eau, tout en regardant les préparatifs de ceux des adeptes du GR20 qui ont fait quelque peu la grasse matinée. Nous reprenons le GR20 dans le bon sens cette fois en direction de A Muvrella.
                Quelques dizaines de minutes plus tard, la passerelle de Spasimita est un nouveau prétexte pour une pause. Très ludique car mobile, cette passerelle composée de planches de bois maintenues par des cordes est l’occasion d’un grand nombre de traversées par les enfants qui ont trouvé ici un manège bien original. C’est aussi l’occasion pour se rafraîchir une nouvelle fois avec l’eau de la rivière, qui peut d’ailleurs être franchie sans difficulté par ceux qui sont impressionnés par les oscillations de la passerelle...



                Il n'est pas facile de convaincre la famille de se remettre en route ; de plus il est bientôt midi et la pause casse-croûte est réclamée. Commençant à avoir quelques doutes sur la réalisation de notre objectif, j'arrive à convaincre tout le monde que le repas au lac de Muvrella est une meilleure idée, d'autant plus que vers 2000 mètres, il devrait faire un peu plus frais (j'ai oublié de leur dire que le lac est encore à près de deux heures de marche...)
                Seulement voilà, nous sommes maintenant en plein soleil, et les dalles rocheuses bien chaudes accentuent encore cette sensation de chaleur. Et pas la moindre brise pour nous rafraîchir. En fait, Sophie a du mal à faire des efforts sous la chaleur. Nous ne progressons pas bien vite, avec plusieurs petites pauses profitant ça ou là de l'ombre d'un rocher. Le paysage est très chaotique, avec quelques passages assez raides équipés de chaînes sans doute bien utiles lorsque le sol est mouillé.
                Au bout d'une heure aux alentours de 1500m, il fait toujours aussi chaud, et nous sommes encore loin du lac : Sophie déclare forfait et nous propose de continuer sans elle. Nous sommes encore bien loin de A Muvrella, et il nous faudrait laisser Sophie ici pendant au moins trois heures... et puis tout le monde commence à être bien fatigué par les efforts sous cette chaleur. Bref le demi-tour s'impose à tous avec regret.
                Retour presque aussi pénible vers la passerelle de Spasimita où nous nous installerons pendant plus d'une heure au bord de la rivière, à l'abri du soleil, pour notre pique-nique. La fraîcheur de l'eau nous revigorera un peu.
                Nous reprendrons notre chemin du retour après 15 heures, dans une chaleur toujours aussi étouffante, et cela malgré le couvert végétal... il doit faire plus de trente degrés à l'ombre ! Bref nous ne garderons pas vraiment un souvenir agréable pour cette dernière partie du trajet, et cette balade restera pour Sophie de loin la plus pénible de toutes... Quelques années plus tard, nous avons eu encore plus chaud au cours d'une autre balade en Corse entre Bavella et Conca, mais c'était heureusement sans Sophie...
                La leçon de l'échec de cette première grande balade en Corse : se débrouiller pour être dans la zone plus fraîche des 2000 mètres au plus tard à onze heure du matin... Evidemment cela fait parfois partir très tôt, surtout lorsque le parcours en voiture dure 2 heures ou plus !



A Muvrella, deuxième tentative
Le 17 juillet 1998




                Les jours suivant notre première tentative avortée vers A Muvrella, nous avons réalisé plusieurs grands classiques : lacs de Melo et Capitello, lac de Nino, puis Monte Cinto, sommet duquel a été prise la photo du montage ci-dessus. Ensuite, ne pouvant rester sur l'échec de la première balade, un retour à Muvrella s'imposait... Bien entendu, nous avons cette fois choisi l'autre voie d'accès bien plus facile, à partir de Haut Asco, le terminus de la D147 qui emprunte la vallée de l'Asco depuis Ponte Leccia.
                Départ vers 8h30 du parking de Haut Asco, à plus de 1400 mètres d'altitude, le long du GR20 en direction du refuge de Carrozzu que nous avions découvert lors de la première tentative. Bien que parfois assez raide, la montée vers Bocca di Stagnu ne présente aucune difficulté. Ce col à une altitude de 1985 mètres sépare la vallée de l'Asco du secteur de Bonifatu dans la région de Calvi. Cette fois-ci nous serons suffisamment haut pendant les fortes chaleurs de la mi-journée pour ne pas être gênés.
                A Bocca di Stagnu, nous quittons le GR20 pour emprunter grosso-modo la ligne de crête qui s'élance vers le Nord. Là encore, aucune difficulté, tout juste quelques petits éperons rocheux à gravir. Nous arriverons au sommet vers 11 heures. Nous avons de la chance car une bonne visibilité sans le moindre nuage nous permet de profiter pleinement du panorama exceptionnel depuis ce sommet.
                Beau panorama sur toute la partie Nord Ouest de la Corse, par exemple la pointe de la Revelata, Calvi et sa citadelle. Nous apercevons également la vallée sauvage de Spasimita et devinons l'endroit où nous avions fait demi-tour une dizaine de jours plus tôt. Vers le Sud, une belle ligne de crête assez rectiligne s'étire en direction de Paglia Orba. Nous en longerons d'ailleurs tout à l'heure une partie jusqu'à Punta Stranciacone.
                A partir du col Perdu (l'endroit ou la trace du GR20 disparaît pour plonger dans le cirque de la solitude), une autre ligne de crête encore plus haute démarre par Punta Minuta en menant vers l'Est à Monte Cinto. Nous arrivons d'ailleurs à deviner le cheminement menant au point culminant de la Corse, depuis Haut Asco jusqu'à la pointe des Eboulis (Si vous êtes allés à Monte Cinto par le versant Nord, vous reconnaîtrez peut-être quelques passages sur la troisième photo ci-dessous).




                Après une longue pause bien méritée incluant le repas, nous redescendons vers Bocca di Stagnu pour ensuite longer la ligne de crête par un ancien cheminement du GR20 qui reste encore très bien tracé. Le plus souvent sur le versant Ouest, le sentier emprunte également à plusieurs reprises le versant Asco de sorte que l'itinéraire est très varié.
                Punta Sranciacone, le point culminant de notre parcours avec ses 2151 mètres est une occasion facultative pour conclure la partie aérienne de la randonnée avec quelques petits pas d'escalade facile. Encore une longue pause sur ce sommet avec également un beau panorama, bien que barré par Punta Missoghiu vers le Sud. J'essaie de négocier l'escalade de ce dernier sommet, le point culminant de la ligne de crête avant Punta Rossa (alias Pic Van Cube), mais le cheminement ne semble pas évident vue d'ici, et Sophie préfère en rester là pour aujourd'hui.
                Vers 15 heure, nous redescendons de Punta Sranciacone par la même voie, pour retrouver le sentier qui contourne ce sommet par l'Ouest. Un petit col, la brèche de Missoghiu, permet de rejoindre à nouveau le versant Asco. De là, un couloir assez raide dans un premier temps, mène ensuite vers le GR20, en fond de la vallée. Encore une petite heure de descente sur le sentier balisé en blanc et rouge avant de retrouver notre voiture à Haut-Asco.

A Muvrella depuis Haut Asco, éventuellement complétée par Punta Stranciacone : Voici une randonnée facile qui permet d'admirer
tout le Nord-Ouest de la Corse : un bel objectif pour une première balade, car les autres belvédères de la région exigent bien plus d'efforts.




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