En quête de l'Andatone

(rédigé par François Despax)

Réalisé d'après les cartes IGN TOP25 4150 OT et 4250 OT Le profil du Trek
La trace GPS correspond au parcours réalisé au départ d'Ota ; la liaison entre Aitone et le refuge de Puscaghia est donnée à titre indicatif.
Téléchargez andatone.gpx, la trace GPS de la sortie avec 36 points d'intérêt et 1714 cairns virtuels (pour son utilisation, voir la page conseils)
Pour un affichage direct dans Google Earth : andatone.kml ; Survolez le trajet avec Google Earth via Sitytrail.com et tracegps.com...



Rencontres à Ota
Le dimanche 29 juin 2008


                On ne change pas une équipe qui gagne.... Et nous voici repartis en 2008 pour réaliser le rêve qui nous avait échappé de si peu l'an dernier voir la page Cap sur Andatone, parcourir ces vires mythiques (Tafonatu et Andatone), qui, à elle deux, constituent un fabuleux chemin de ronde d'environ 4 km au pied du célébrissime œil du Tafonatu, dans un environnement de ravins, brèches et jardins suspendus où seuls les mouflons ont le droit de s'ébattre.
                Mais nous avions quelques atouts en poche : d'abord notre expérience relativement récente, et puis notre guide éclaireur Philippe, qui avait à l'automne dernier poussé quelques reconnaissances utiles, voire indispensables, en remontant les traces cairnées depuis le couvent Sainte Marie, quelque mille mètres en contrebas, et en réussissant, après quelques escalades bien senties, à déboucher sur notre passerelle. Le hic, c'était que cet accès, praticable par un trekkeur de haut niveau, alpiniste et légèrement équipé, ne l'était raisonnablement pas par une équipe de neuf personnes, certes vaillantes, mais moins entraînées et chargées d'un sac prévu pour cinq jours de trek. Il fallait donc trouver un autre chemin, ce qui donna lieu à de nombreux échanges, aussi passionnés que documentés, dans le blog « Corse Sauvage » de Philippe.
                En fait, les vires devaient être le morceau de choix central d'une randonnée plus longue qui devait, en cinq jours, nous mener d'Ota à Bonifatu, via Puscaghja, Laoscella, et la bergerie de atteinte en remontant le vallon de la Sposata, que Daniel, dit le Crapahuteur, se rappelait avoir descendu, non sans mal, en une journée. Le remonter, chargés comme nous l'étions ? Nous ne doutions de rien, mais le temps, qui est galant homme, fera en sorte de nous rendre plus raisonnables...
                L'équipe n'était pas rigoureusement identique à celle de 2007 ; je la présente brièvement :
                - Philippe, notre mentor (je n'ose pas dire guide, sinon l'on va penser qu'il travaille au noir !), toujours dans une forme physique et mentale olympique,
                - Le C.W. (clan Welterlin) comprenant Georges, toujours partant pour « encore plus », Sophie sa tendre épouse, Elisabeth sa sœur et Serge, le mari d'icelle, et, sans lien familial, mais collègue de bureau, Arnaud,
                - Daniel, susnommé, un Gènevois visiblement familier des pentes raides,
                - Eckard, vétéran du groupe, et aussi de la vire qu'il avait parcourue dans des temps déjà anciens,
                - François, votre serviteur, familier des collines provençales, mais moins des sombres montagnes.
                Manquaient donc par rapport à l'an dernier, Matthieu, retenu par ses obligations de père de (jeune) famille, Caro et Victor, qui ne pouvaient se libérer cette semaine.
                En route donc pour nos cinq journées !


Philippe Georges Sophie Elisabeth Serge

Arnaud Daniel Eckard François


Première étape : d'Ota aux refuge de Puscaghia.
Le lundi 30 juin 2008


Téléchargez andaj1.gpx, la trace GPS de la journée avec 6 points d'intérêt et 470 cairns virtuels


                C'était, pour beaucoup d'entre nous, le premier jour de marche en Corse ; nous nous étions retrouvés la veille chez Marie, l'un des gîtes d'Ota. Philippe nous rejoignait de Galeria, où il était en villégiature, le matin même ; vu la distance, le profil de la route, et malgré ses talents de rallyman, nous ne pouvions partir aux aurores. Deux groupes se constituèrent : le premier, souhaitant une mise en jambes progressive, et profitant de la présence de Nicole, la femme de Philippe, chauffeur bénévole, partit d'Aïtone, pour gagner Puscaghja par le col de Cuccavera : cela faisait économiser quelque 700 m de dénivelé et plusieurs km par rapport au trajet du deuxième groupe, qui parcourait l'intégrale du sentier passant par Casa Infurcata. : inutile de dire que ce dernier arriva passablement fourbu au refuge ; il faisait chaud, et malgré un bain revigorant dans la Lonca juste avant sa traversée, le sentier était long et loin d ‘être en montée régulière ; de plus un mauvais positionnement d' IGN du départ du dernier tronçon sur la piste montant de San Leonardo nous retarda d'une bonne demi-heure : comme quoi, trop d'information peut nuire, sans GPS, nous n'aurions sans doute rien remarqué...
                Mais quel bonheur de se retrouver à Puscaghja, profitant de la Lonca toute naissante, de cette immense paix, et de l'accueil exceptionnel du gardien du refuge, Doumé Flori ; il nous avait préparé un dîner reconstituant autour d'une table qui pour la première fois, nous rassemblait tous (Daniel nous y avait rejoints). Les langues et les fourchettes allaient bon train, et Doumé est le type de gardien qui connaît et aime sa montagne, et sait prodiguer les conseils avec intelligence et discrétion. Compte tenu de notre programme et de notre objectif principal, la vire de l'Andatone, il nous déconseilla de monter directement par le vallon de la Lonca, cheminement raide et compliqué.
                Pas besoin de berceuse ce soir-là ; les irréductibles des bivouacs passèrent la nuit sous la tente ou à la belle, les « bourgeois » (François et Arnaud) préférant le mol confort des matelas du dortoir, au demeurant quasiment vide.


9h35, groupe 2 : une heure après le départ d'Ota, dernière vue sur Capu d'Orto (photo de François) 9h45 : le piton (686m) qui surplombe le petit col (625m) tout à gauche (photo de François) 9h50 au petit col (625m) : vue sur la gorge de la Lonca que nous allons longer 11h45 : traversée du gué sur la Lonca (photo de François) 13h35 : Serge, Elisabeth et Georges aux bergeries ruinées de Casa Infurcata

11h00, groupe 1 : Capu a Scalella (1480m) après avoir franchi Bocca a u Saltu (à gauche, hors cadre) 11h15 : au loin les reliefs au sud et à l'ouest d'Ota (Capu d'Orto vers la droite) 11h15, entre Bocca a u Saltu et Bocca di Cuccavera : les crêtes de Capu a u Frassellu 12h05 depuis le col de Cuccavera :  la crête d'Astenica avec Capu a u Penna (1591m) à gauche et bocca di Capronale vers la droite

13h55 vers les bergeries de Mazze :  Philippe, Arnaud et Sophie avec Paglia Orba au loin 13h55 : au centre, dominant le haut vallon de la Lonca, Capu Tafonatu  encadré par Capu a e Ghiarghiole et Paglia Orba 15h20 : Punta di Cavalalonda (1646m) à gauche puis la ligne de crête menant à Capu a a Cuccula 15h20 : vers la gauche, Capu a a Cuccula (2049m) puis la ligne de crête menant au col de Cuccavera 15h35 : arrivée au refuge de Puscaghia, dans le vallon de la Lonca


Deuxième étape : Du refuge de Puscaghia au refuge de Ciottulu di i Mori
Le mardi 1 juillet 2008


Téléchargez andaj2.gpx, la trace GPS de la journée avec 7 points d'intérêt et 267 cairns virtuels


                A vrai dire, le programme n'était pas fixé : tout dépendrait de la facilité avec laquelle nous trouverions les cheminements pour nous rendre sur l'Andatone ; pour cela, nous devions gagner la crête de Garghiole, et descendre « au mieux » pour trouver le sentier qui, cheminant sous la face W du Tafonatu, nous permettrait d'atteindre la vire, objet de nos convoitises.
                Petit déjeuner vers 7 h, départ un peu avant 8. Nous commençons à gravir les pentes de la bocca di Gagnerola : le sentier monte régulièrement, il a été superbement remis en état par le Parc comme tronçon du « sentier de la transhumance » qui relie Tuvarelli à Albertacce. Mais il faut bien les avaler, ces 750 m ! Les groupes s'étagent un peu, chacun souffle à son rythme. Pas très loin du col, nous croisons une randonneuse rencontrée hier au refuge, venant de remonter le vallon de la haute-Lonca (ce que nous voulions faire initialement), parcourir le flanc de crête sous le Capu di Gagnerola, et qui entamait sa descente pour terminer sa « petite » boucle du matin ! Je précise qu'elle était retraitée ... mais Doumé nous avait confié la veille qu'elle était super-entraînée.
                Nous parcourons en sens inverse le trajet de notre marathonienne des cîmes, pour nous retrouver sur le GR 20, à la cote 1881. Comme l'heure du déjeuner est proche, et que Philippe souhaite obtenir une info météo, nous rallions le refuge de Ciottulu pour casser la croûte. Philippe entre à l'intérieur pour s'enquérir auprès du gardien de l'évolution du temps, et à la question « Quel est votre programme ? » indique innocemment qu'il souhaite avec son groupe bivouaquer sur la vire du Tafonatu. Que n'avait-il pas dit ! « Le bivouac dans les limites du Parc sont interdites, on ira vous déloger, vous dresser contravention... » et autres amabilités. C'est la douche froide après l'accueil chaleureux de Doumé. Nous continuons à pique-niquer dehors, sous l'œil peu amène du gardien et de ses acolytes. Puis nous nous éclipsons aussi discrètement que possible vers notre destinée, à savoir la crête de Ghiarghiole.
                Il fallait trouver le cheminement ; Doumé avait recommandé de pousser jusqu'à la pointe Silvestriccia, et d 'entamer la descente juste avant ; plutôt que d'engager toute la troupe et son barda dans des reconnaissances hasardeuses, l'équipe de voltigeurs de pointe (Philippe et Daniel) part en exploration, revient 1 h 30 après, peu convaincue : nous les attendions, blottis dans une petite brèche, au-dessus d'une pente raide, mais sans obstacle majeur apparent ; nouvelle reconnaissance, au cours de laquelle Philippe manque de se faire assommer par une pierre, écraser un orteil par une autre... mais avec plus de succès, car Eckard semble avoir trouvé un passage praticable.
                Il est 17 heures, la brume envahit la montagne ; certains téméraires proposent de commencer la descente tout de suite. Je proteste vigoureusement, et finalement, nous retournons au refuge pour y passer la nuit, et partir en forme au petit matin. Vu l'ambiance, seuls les « bourgeois » vont dormir à l'intérieur. Je suis surpris, car contrairement à mes craintes, le refuge est loin d'être bondé, ce qui semble confirmer que la première quinzaine de juillet est une période favorable pour le GR 20.


8h00 au refuge de Puscaghia (1090m) : préparatifs pour le départ qui aura lieu à 8h20 9h45 dans le vallon de Calavalonda (à 1535m) : au loin, Capu a Vetta qui domine Ota 9h45 : à gauche, Punta di Calavalonda (1646m) ; en face, une barre rocheuse qui mène au col de Guagnerola 10h35 au col de Guagnerola (1833m) : le vallon de Calavalonda que nous venons de remonter ; au loin on devine Capu d'Orto

Au col de Guagnerola (1833m) : devant nous, Capu di Guagnerola (1967m) Depuis le col de Guagnerola : la haute vallée du Golo que domine Paglia Orba Depuis le col de Guagnerola : les reliefs à l'est du Golo (Punta Licciola et di Castelluccia à droite) Depuis le col de Guagnerola : Paglia Orba ; à sa droite, la brèche du Sphinx et au loin Punta Minuta 11h15 à 1910m : Bocca di Guagnerola puis sur la ligne de crête : e Forcelle (1988m), Punta di Cricche (2057m) et à droite Capu a a Cuccula (2049m)

11h15 : Zoom sur Punta Licciola  (2235m) et Punta di Castelluccia (2188m) ; au premier plan, la crête de Furmicuccia 11h35 : La vallée du Golo, et au loin, les reliefs de la Restonica Zoom sur la vallée du Golo que suit le GR20 ; au coude, le Plan de la Croix, avec de belles vasques Zoom sur Punta Artica (2327m) ; au loin, Monte Rotondo (2622m) et à droite les reliefs de la Restonica

Le versant Nord de la haute vallée de la Lonca ; au loin Punta ai Ghiallichiccia (1619m) A gauche, Capu a e Ghiarghiole (2105m) et à droite, Capu Tafonatu (2335m) puis le col des Maures (2155m) A gauche la trace du GR20 qui mène à Ciottulu di i Mori, au pied du Tafonatu et de Paglia Orba (2525m) 13h15, pique-nique à Ciottulu (200m) : Capu Tofonatu à gauche et le col des Maures à droite 13h15, pique-nique à Ciottulu : le pilier sud-ouest de Paglia Orba (la voie normale pour le sommet)

16h45 : Sophie, Daniel, Eckard et Philippe, décidant de reporter au lendemain la descente dans le ravin à droite... La ligne de crête Punta di Campo Razzinu, Capu Scaffone, Capu Rossu est maintenant visible... Capu Scaffone au centre et Capu Rossu vers la droite 16h45, depuis la brèche à l'ouest de Capu a e Ghiarhgiole : vue sur le massif de Capu a a Cuccula


                Ce soir-là il y en avait qui était encore suffisamment motivé pour faire du rab : Georges, et Elisabeth sont rentrés à Ciottulu après les autres : ils ont fait un tout petit détour par le sommet de Capu Ghiarghiole (2105m), histoire de rajouter un sommet à leur palmarès, et de ramener quelques photos... Puis bien plus tard, après le montage de leur tentes, les mêmes accompagnés d'Arnaud ont voulu monter au trou du Tafonatu… Ils se sont arrêtés au col des Maures : en effet, le soleil commençait à être bien bas sur l'horizon et au moins deux sur trois avaient quelques craintes (partagées par leurs compagnons restés à Ciottulu) de se faire surprendre par la nuit sur la vire menant au trou !


17h15 à 17h30 au sommet de Capu a e Ghiarghiole (2105m) : Paglia Orba, dégagée des nuages Depuis Capu a e Ghiarghiole : Paglia Orba et son épaule sud Depuis Capu a e Ghiarghiole : une antecime de Capu Tafonatu et Paglia Orba hors nuages... Depuis Capu a e Ghiarghiole : l'antecime de Capu Tafonatu et Paglia Orba, presque hors nuages... Depuis Capu a e Ghiarghiole : zoom sur Paglia Orba ; la voie normale de son ascension passe par le principal couloir d'éboulis visible

Depuis Capu a e Ghiarghiole : vers la droite, les Cinque Frati apparaissent au-dessus de Bocca Foggiale Depuis Capu a e Ghiarghiole : les Cinque Frati, Bocca Foggiale (1962m) puis Punta di Tula (2142m) Depuis Capu a e Ghiarghiole : la trace du GR20 qui rejoint la vallée du Golo après un parcours sur la ligne de crête Depuis Capu a e Ghiarghiole : panorama vers le sud, avec au loin Punta Artica, Monte Rotondo et les reliefs de la Restonica

Depuis Capu a e Ghiarghiole : zoom sur les Cinque Frati Depuis Capu a e Ghiarghiole : Punta di Tula (2142m) puis Punta Licciola (2235m) et Punta di Castelluccia (2188m) Depuis Capu a e Ghiarghiole : zoom sur Punta Licciola (2235m) et Punta di Castelluccia (2188m) Depuis Capu a e Ghiarghiole : Zoom sur Punta Artica (2327m) et plus loin Monte Rotondo (2622m) Elisabeth au sommet de Capu a e Ghiarghiole : au centre, direction sud-ouest, Capu di u Vitullu et Capu d'Orto

Arnaud, à quelques dizaines de mètres du col des Maures 19h15 au col des Maures (2155m) : le vallon de Laoscella, où nous nous retrouverons dans deux jours Au col des Maures : Elisabeth et Georges devant le pilier ouest de Paglia Orba 19h25 depuis le col des Maures : des nuages traversent le trou du Tafonatu qui semble fumer...


Troisième étape : du refuge de Ciottulu di i Mori à la vire du Tafonatu
Le mercredi 2 juillet 2008


Téléchargez andaj3.gpx, la trace GPS de la journée avec 13 points d'intérêt et 353 cairns virtuels

                Nous partons vers huit heures, gagnons notre brèche, nous engageons dans le passage repéré par Eckard, et entamons courageusement la descente ; un ressaut est franchi par une petite cheminée inclinée, et après une percée héroïque dans les aulnes, nous parvenons au bout de deux bonnes heures sur le sentier cairné, provenant de la pointe Silvestriccia, que nous avait indiqué Doumé : sauvés !
                La suite est physique, mais sans inquiétude ; nous atteignons vers midi un torrent qui provient du Tafonatu en creusant un vaste tunnel dans le névé qui subsiste : impressionnant, on se prend pour Jonas à l'intérieur de sa baleine ! Nous remontons un peu, trouvons une aire spacieuse ( !) de bivouac, et nous y installons, bien décidés, comme la météo semble verrouillée sur le beau, à y passer la nuit.


8h20, depuis les environs de Capu Ghiarghiole : la vallée du  Fango et Punta di Campo Razzinu à droite 8h20 : Philippe, Eckard (et les jambes de François)... On devine la vire horizontale le long du relief en face... 9h35 : passage du groupe dans une petite cheminée  (photo de Philippe) 10h00 : Le vallon que nous venons de descendre... en 1h30 compte tenu des divers obstacles 10h00, sur cette plate-forme rocheuse : bel observatoire sur le vallon que nous venons de descendre...

Depuis la plate-forme rocheuse, zoom sur la vallée du Fango ; on peut reconnaître Barghiana... Depuis la plate-forme rocheuse : en face, environ au même niveau, cette fameuse vire d'Andatone... Depuis la plate-forme rocheuse : Capu Scaffone (la demi-sphère) puis Capu Rossu et à droite, les contreforts de Capu Tafonatu Depuis la plate-forme rocheuse : en contre-jour, la façade ouest de Capu Tafonatu et son trou (photo d'Arnaud)

10h50 : le terrain, toujours austère, devient maintenant plus facile à négocier (photo de Philippe) 11h40 : univers très minéral vers le fond du cirque du Tafonatu... 11h41 : dernière vire le long de la paroi en arrivant au vallon de Capu di Vetta 11h55 : Névé au fond du vallon de Capu di Vetta 12h15, au-dessus du névé du vallon de Capu di Vetta : Eckard nous rejoint sur la plate-forme de notre bivouac


                En attendant, la fin de journée, déjeuner, sieste crapuleuse pour certains, et montée vers le Capu Rossu pour les plus courageux, emmenés par Georges : la récompense était au bout de la grimpette, car le panorama y était effectivement fabuleux.
                Nous regagnons le bivouac, non sans profiter au passage de quelques vasques bien fraîches qui recueillent les eaux de « là-haut ». La soirée nous réserve un somptueux coucher de soleil, les lumières des hameaux de la vallée du Fango attestent que nous ne sommes pas loin, à vol d'oiseau, de la civilisation. Bien sûr, nous passons la nuit à la belle étoile, la température est étonnamment clémente.


Depuis notre lieu de bivouac, la partie nord du cirque ; sous le nuage, Capu Rossu (photo d'Arnaud) 15h35 : le névé au pied du ravin situé sous le trou du Tafonatu (photo d'Arnaud) 15h40 : la vire au pied du Tafonatu, envahie par instant par les nuages (photo d'Arnaud) 15h40 : depuis l'épaule de Capu Rossu, le système de vires superposées de l'Andantone (photo d'Arnaud)

A l'approche de la demi-sphère caractéristique de Capu Scaffone, 2075m (photo d'Arnaud) Capu Scaffone (2075m) depuis le col qui le sépare de Capu Rossu (photo d'Arnaud) 17h05 : la Grande Barrière depuis le col qui sépare Capu Scaffone et Capu Rossu (photo d'Arnaud) Au second plan, la muraille nord de Paglia Orba depuis le col qui sépare Capu Scaffone et Capu Rossu (photo de Philippe) 17h20 au sommet de Capu Scaffone (2075m) : le vallon pemettant d'y accéder depuis le cirque du Tafonatu (photo de Philippe)

Depuis le sommet de Capu Scaffone (2075m) : la Grande Barrière avec au centre le col de Serra Pianella et Capu Ucellu à sa gauche (photo de Philippe) Depuis le sommet de Capu Scaffone (2075m) : la Grande Barrière entre le col de Serra Pianella et Paglia Orba (photo de Philippe) Depuis le sommet de Capu Scaffone (2075m) : Paglia Orba (2525m) et tout près, Capu Rossu (2161m) (photo de Philippe) Depuis le sommet de Capu Scaffone : Capu Rossu (2161m) et le pierrier permettant d'accéder au sommet (photo de Philippe)

Depuis le sommet de Capu Scaffone : Paglia Orba (2525m) et le vallon de Laoscella (photo de Philippe) 18h05 : sur le chemin du retour vers le pied du Tafonatu (photo de Philippe) 18h20 : François se rafraîchit dans cette vasque au pied de Capu Rossu (photo de Philippe) 20h55 depuis le bivouac : le vallon de Capu di Vetta peu avant le coucher du soleil Une des niches au pied du Tafonatu : bivouac sympathique pour deux personnes... (photo de Philippe)

20h45 au bivouac : François a trouvé le siège idéal pour observer le coucher du soleil... 20h55 : coucher de soleil sur la vallée du Fango et la baie de Galeria 21h10 : Derniers rayons de soleil sur la baie de Galeria Au bivouac... cérémonie rituelle d'Elisabeth et de Daniel devant le coucher du soleil ? (photo de Serge)


Quatrième étape : de la vire du Tafonatu aux bergeries de Laoscella par la vire d'Andatone
Le jeudi 3 juillet 2008


Réalisé d'après les cartes IGN TOP25 4150 OT et 4250 OT Le profil de la journée

Téléchargez andaj4.gpx, la trace GPS de la journée avec 13 points d'intérêt et 311 cairns virtuels


                C'est le grand jour, le couronnement de tant d'efforts, de notre tentative avortée de l'an dernier, et des innombrables reconnaissances de Philippe. La vire, cela fait longtemps que nous la voyons, et là, véritablement, elle nous tend les bras, prolongement naturel de la vire du Tafonatu ; nous grimpons joyeusement les 150 m environ de dénivelé qui nous en séparent ; au passage, Philippe nous fait contempler de haut les différents lieux de ses exploits en solo depuis le couvent Sainte Marie : impressionnant, mais Nicole, fais un peu gaffe à ton homme !
                Et puis vers 10 heures, instant magique, chacun retient son souffle (d'autant que les premiers pas sont sur une dalle humide, glissante et un peu exposée) : pour un peu, nous ôterions nos chaussures ! L'endroit est sauvage à souhait, en contrebas, la vallée du haut Fango dans des chaos de rochers sans ordre apparent, en face, la crête de Ghiarghiole d'où nous sommes descendus hier par un cheminement qui, de loin, n'a rien d'évident ; et là-haut, l'œil du Tafonatu qui nous surveille comme celui du Mordor dans le Seigneur des Anneaux.
                Nous cheminons sans difficulté, la vire est à peu près horizontale, suffisamment large pour qu'aucun passage ne soit vertigineux ; elle a un vague profil de Finistère qui aurait perdu sa presqu'île de Crozon ; à la « pointe du Raz », corne sud, changement de direction, nous entamons le tour de cette demi-ellipse axée est-ouest, nous retrouvons à la « pointe St Matthieu », contournons la corne nord et parvenons à l' « Aber Wrach », fin de la vire proprement dite ; et là, les horizons deviennent familiers, nous reconnaissons les lieux de nos interrogations de l'an dernier : en fait, nous avions cherché le début de la vire ( donc la fin pour nous qui la parcourons en sens inverse) plus bas qu'elle n'était...


8h35 sur la vire au pied du Tafonatu : contre-plongée sur le ravin menant au célèbre trou 8h35 sur la vire au pied du Tafonatu : zoom sur la muraille ouest et le trou 9h00 sur la vire au pied du Tafonatu : la vallée du Fango et le vallon de Rocce fermé par Capu a a Ghiallichiccia 9h00 sur la vire du Tafonatu : La vire d'Andatone est bien dessinée sur le versant en face de nous... 9h00 : le groupe (à l'exception de Sophie et Georges) sur une des plateformes de la vire au pied du Tafonatu

9h45 depuis le fond du vallon sous Capu Rossu : le versant sud du cirque du Tafonatu dominé par Capu Ghiarghiole 9h45  : le vallon de Tana a l'Orsu rejoignant plus bas la vallée du Fango 9h45 : Philippe désigne le gros cairn marquant le départ de la vire d'Andatone 9h45 : Zoom sur le gros cairn marquant le départ de la vire d'Andatone

10h10 : ça y est ! Tout le groupe est sur la vire d'Andatone... L'échec de l'année précédente est balayé ! 10h10 sur la vire d'Andatone : regard en arrière vers la vire que nous venons d'emprunter au pied du Tafonatu 10h10 : la falaise bien colorée bordant le début de la vire d'Andatone 10h15 : le groupe commence à parcourir la vire d'Andatone 10h25 : le groupe passe le point le plus au sud sur la vire d'Andatone

10h35 à 10h55 : Pause sous ce pin laricio isolé en plein milieu de la vire d'Andatone, à la verticale de Tana a l'Orsu... 10h45 à la verticale de Tana a l'Orsu : vue d'ensemble sur le cirque du Tafonatu Zoom sur la muraille ouest autour du trou du Tafonatu, rarement vue sous cet angle... Zoom sur notre dernier lieu de bivouac, la petite plateforme en bas vers la droite...

11h10 depuis la pointe sud-ouest de la vire (alias pointe du Raz) : Capu Ghiarghiole et Punta Silvastriccia, avec centre de la photo, le vallon descendu la veille... 11h10 depuis la pointe sud-ouest : à gauche Punta Larcitella et à droite le massif de la vire d'Andatone 11h10 depuis la pointe sud-ouest : le système de vires sur l'excroissance ouest de Punta di Campo Razzinu 11h10 depuis la pointe sud-ouest : la vire d'Andatone contournant une antecime de Punta di Campo Razzinu 11h25, depuis une excroissance (alias presqu'île de Crozon) : la pointe sud-ouest de la vire d'Andatone (alias Pointe du Raz)

11h25, depuis une excroissance (alias presqu'île de Crozon) : la pointe nord-ouest de la vire d'Andatone (alias pointe St Matthieu) 11h45, depuis la pointe nord-ouest de la vire d'Andatone (alias pointe St Matthieu ) : l'excroissance (alias presqu'île de Crozon) 11h45, depuis la pointe nord-ouest de la vire d'Andatone : le massif dominé par Capu a u Ceppu (1951m) 11h45, depuis la pointe nord-ouest de la vire d'Andatone :  Capu a u Ceppu (1951m) à gauche et Punta Missoghiu (2201m) à droite


                Nos difficultés ne sont pas terminées pour autant : il faut d'abord retrouver l'endroit ou nous avions fait demi-tour, et ensuite le cheminement de retour ; eh bien, à une année de distance, à cause de ces f.... aulnes, nous en avons eu, du mal ! Seul avantage par rapport à l'an dernier : nous avions un moral de vainqueurs.
                Nous retrouvâmes avec bonheur nos ruines de Laoscella, le petit ruisseau en contrebas aux vasques glacées, ... et un sanglier fort marri de voir tant de monde dans son pâturage habituel, détalant vers le col des Maures. Philippe, qui avait parié avec Daniel qu'on ne voyait pas de telles bêtes au-dessus de 1300 m, en fut pour lui offrir son dîner le lendemain au resto.
                Encore une nuit clémente, qui permit à notre poète Arnaud de contempler les constellations de l'été.
                D'autres photos de ce secteur ici sur la page relatant notre tentative de l'année précédente


12h00 : vue sur le versant ouest de Punta di Campu Razzinu avec Punta Missoghiu (2201m) au loin 12h00 : le groupe arrive à la fin de la vire sur le versant ouest de Punta di Campu Razzinu 14h00 depuis notre lieu de pique-nique : vue sur la fin de la vire d'Andatone (vers le haut de la photo) 14h10 : le groupe prêt au départ depuis notre lieu de pique-nique ; Capu a u Ceppu (1951m) en face 14h10 depuis notre lieu de pique-nique : Pinzu Scaffone (1711m) juste sous le cirque de la Solitude et Punta Minuta (2556m)

15h45 : rencontre avec un chocard bagué sur sa patte droite 15h40 : Arnaud et Philippe examinent le secteur de la brèche de Pinzu Scaffone, Daniel au repos... 16h30, à la brèche de Pinzu Scaffone : le groupe se repose face à la vallée du Fango 16h30 : la brèche de Pinzu Scaffone, avec en face, Punta Minuta et le cirque de la Solitude

17h40 depuis le versant nord de Capu Scaffone : Punta Missoghiu (2201m) au loin et Monte Saltare (1418m) au premier plan 17h40 depuis le versant nord de Capu Scaffone :  à droite, la Calanche di Serra Pianella et au second plan, la Grande Barrière avec Capu Tighiettu (2273) 17h40 depuis le versant nord de Capu Scaffone : Paglia Orba (2525m) apparaît au-dessus de l'arête nord-est de Capu Scaffone 17h50 : le groupe arrive au-dessus du vallon de Laoscella (au point côté 1431m sur la carte IGN) 20h30 : début de soirée au bivouac de Laoscella (photo de Philippe)


Cinquième étape : Des bergeries de Laoscella au bar des amis à Barghiana
Le vendredi 4 juillet 2008


Téléchargez andaj5.gpx, la trace GPS de la journée avec 10 points d'intérêt et 313 cairns virtuels


                De la routine, mais enfin certains franchissements du torrent de Laoscella ne furent pas évidents ; le site de la cascade était toujours magique, tout comme la halte à la bergerie de Saltare. D'une année sur l'autre, nous avions pris nos habitudes : le pique-nique du déjeuner devait avoir lieu au confluent Cavicchia-Candela, où une vasque immense permet les ébats d'une douzaine de randonneurs à rafraîchir.
                Faute de temps, nous avions renoncé à la remontée du vallon de la Sposata, chère à Daniel-le-Crapahuteur. A vrai dire, je n'ai toujours pas compris si elle était réalisable... Il ne nous restait plus qu'à sacrifier aux libations à la bière corse au bar des amis. Surprise, Achille, le sympathique garde de la maison forestière de Piriu, alerté par le patron du bar, nous rejoignit peu après, et nous apprit que notre vire se nommait en fait l' « andade a u ponte », l'Andatone étant en fait le passage direct qui monte de la prise d'eau aux bergeries de Scaffone, et dont Philippe avait reconnu le début l'an dernier. Donc...l'Andatone n'est toujours pas vaincue !
                Cela nous permettra de rêver jusqu'à l'an prochain...
                En attendant, les guerriers allèrent se taper une cloche bien méritée, et une nuit dans de vrais lits et de vrais draps à Galeria, avant la triste dispersion du lendemain, et le retour de certains (mais pas tous...) sur le continent.
                D'autres photos de ce secteur ici sur la page relatant notre tentative de l'année précédente


07h05 près des bergeries de Laoscella : le ravin menant au col des Maures (photo d'Arnaud) 07h05 près des bergeries de Laoscella : le vallon aval (photo d'Arnaud) 08h05 près des bergeries de Laoscella : le vallon aval avec Monte Saltare dans l'enfilade (photo d'Arnaud) 09h10 : le haut de la cascade supérieure sur la  Laoscella (1155m) (photo d'Arnaud)

09h10 à 09h20 : pause au pied de la cascade supérieure sur la  Laoscella (1155m) (photo d'Arnaud) 9h25 : vue sur Monte Saltare qui apparaît entre les pins laricii 9h30 entre les cascades supérieures et inférieures : vue dégagée sur Monte Saltare 9h30 entre les cascades supérieures et inférieures : zoom sur Monte Saltare (1418m) 09h35 : la cascade inférieure sur la  Laoscella (1085m) (photo d'Arnaud)

10h20 : arrivée aux bergeries de Saltare surplombées par ces rochers (photo d'Arnaud) 10h25 à 11h10 : pause aux bergeries de Saltare (photo de Philippe) 10h30 : panorama depuis les bergeries de Saltare (photo d'Arnaud) 11h20 : le groupe arrive sur un petit promontoire en rive sud de la Cavicchia (photo d'Arnaud)

11h25 depuis le promontoire : la vallée de la Cavicchia avec Punta Minuta dans l'enfilade 11h25 depuis le promontoire : la vallée de Laoscella avec Paglia Orba dans l'enfilade 11h25 depuis le promontoire : 200m plus bas, la vallée que nous allons emprunter jusqu'à Barghiana (photo d'Arnaud) 11h55 : passage du gué sur la Cavicchia (photo d'Arnaud) 17h30 : le groupe au Bar des Amis à Barghiana, après deux heures de discussion et quelques verres...


En guise de conclusion...

                C'est finalement Eckard qui nous a fait partager son rêve, et permis de le réaliser. Mais tous ont apporté leur pierre plus ou moins grande, surtout Georges avec sa doc inoxydable, et Philippe et ses multiples reconnaissances en solo. L'équipe était physiquement homogène, ce qui était important, et suffisamment motivée pour accepter les incertitudes d'un tel programme. En définitive, la réalisation de ce trek sur deux années a certainement minimisé les risques. Et nous avons été gâtés par le temps !
                Enfin, le principe de reconnaître avant le gros de la troupe les passages hasardeux a sans aucun doute beaucoup contribué à la sécurité : merci à Philippe et Daniel, qui ont été infatigables dans leur rôle d'éclaireur !



Vires, suite quelques semaines plus tard...

                Matthieu qui nous avait accompagné lors de la tentative de l'année précédente et qui habite au pied des Pyrénées avait dans ses cartons un parcours original de vires en Espagne, dans la région située entre Gavarnie et Ordesa. François et Arnaud l'ont recontacté suite au trek, et Matthieu leur a proposé de les accompagner sur ces vires espagnoles fin juillet.
                Arnaud fut tellement séduit par ce parcours qu'il a convaincu Georges, Sophie et sa fille Sarah d'en faire autant à la première occasion... qui arriva le 20 septembre de cette même année 2008... l'année des vires pour certains d'entre nous ! Voici le récit de cette journée.


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