Reproduction de l'introduction de « Voyage botanique en Corse » par M. R. de Litardière publié dans le bulletin de l'académie internationale de géographie botanique



Chapitre introductif (ci-dessous)
Autour de Calvi
Monte Grosso
De Calvi à Galeria
Vallée du torrent de Taita
De Galeria à Evisa
D'Evisa aux Cols de Salto et Cocavera
D'Evisa à Calacuccia
Le lac de Nino
Le Niolo
Monte Cinto
Punta Artica
Paglia Orba
Capi Bardato et Bianco
Lac du Capo Falo
De Calacuccia à Corte
Monte Rotondo
Monte d'Oro

Voyage botanique en Corse
(Juillet-Août 1908)
Par M. R. de LITARDIÈRE
Licencié ès sciences


La Corse, malgré l'exiguïté relative de son territoire, peut être divisée, au point de vue de son exploration botanique, en trois zones : la première, comprenant le littoral et la région des oliviers ainsi que des maquis, jusqu'à une altitude de 500 mètres environ ; la deuxième, la région du châtaignier et des forêts (pins et hêtres), jusqu'à environ 1500 mètres ; la troisième, s'étendant de 1500 mètres aux sommets et renfermant la région préalpine, avec les fourrés d'aulnes et les pâturages d'été, puis la région alpine qui dépasse 2700 mètres. Ces zones correspondent à trois saisons distinctes : pour la première, où s'étale une riche flore méditerranéenne, on doit s'y rendre au mois d'avril et mai pour la deuxième de juin au 15 juillet et enfin pour la troisième à partir du 15 juillet jusque dans les derniers jours d'août.
C'est cette dernière région, où les espèces endémiques sont, pour la plupart, cantonnées, que j'ai voulu explorer cette année, n'ayant fait que l'entrevoir dans mes excursions des années précédentes. au Monte Incudine et au Monte Renoso.
Deux semaines de séjour dans le Niolo m'ont permis, avec les ascensions du Monte Grosso, du Monte Rotondo et du Monte d'Oro, d'étudier avec fruit la flore si intéressante des sommets corses.
Les ascensions que l'on doit faire sont assez rudes et ne peuvent guère, pour la plupart, être effectuées dans une seule journée. Il faut aller à mulet coucher la veille dans des bergeries toutes assez éloignées et emporter couvertures et vivres, car on n'y trouve qu'un abri sommaire (un enclos de grosses pierres superposées, parfois même sans toiture) et, comme nourriture, du lait, du broccio et de la polenta. Le lendemain, dès l'aube, on se met en route pour gagner le sommet de la montagne, ce qui demande presque toujours quatre à cinq heures de marche plus ou moins pénibles ; mais on est toutefois bien dédommagé par des récoltes fort intéressantes sous tous les rapports, sans parler du côté pittoresque et esthétique de ces courses dans des montagnes qui ont conservé toute leur âpreté et où l'on trouve encore le charme d'une solitude grandiose.
Je serais heureux si ces quelques pages, où j'ai retracé mes courses botaniques, en indiquant de mon mieux les localités exactes, ainsi que les cotes d'altitude, pouvaient être utiles aux botanistes désireux de visiter ces régions si pleines d'attraits et encore assez peu connues.
A la fin de mes comptes rendus, j'ai dressé une liste (ndlr : non disponible sur ce site) de tous les phanérogames et cryptogames vasculaires que j'ai observés jusqu'alors dans mes différentes excursions (septembre 1902, juillet 1906, juillet 1907, juillet-août 1908), en indiquant les diverses localités où je les ai rencontrés. J'ai suivi, pour l'ordre des familles, la classification de MM. Engler et Prantl.

Liens vers les scans originaux : page 37 ; page 38, sur le site de la librairie digitale du jardin botanique de Madrid