Depuis 1998 nous avons, durant six années consécutives, passé nos vacances en Corse, pays bien adapté à des séjours un peu sportifs, alliant balade en montagne ou en rivière, planche à voile, etc, mais aussi repos, baignade en mer ou en rivière, en des endroits incomparablement moins fréquentés que sur le continent. Ce type de vacances convient aussi à nos trois enfants (entre 12 et 17 ans en 2003), qui semblent toujours encore apprécier quelques journées un peu sportives, orientées vers la découverte et l'aventure. Notre spécialité pour les randonnées : essayer en aller retour à la journée de découvrir les sommets ou les endroits les plus reculés de l'île. Parmi les sommets gravis dans ces conditions : Monte Cinto, Monte Rotondo, Monte Incudine, Monte Renoso, Migliarello, Maniccia, Punta Dell Oriente, Le lac de Bracca, Monte d'Oro, Monte Grosso... et sans aucun doute la plus belle d'entre toutes nos balades : Paglia Orba.
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Toujours sur le GR20, (ce qui simplifie beaucoup la randonnée, car rares sont les autres itinéraires bien balisés en Corse), un peu avant la bergerie de Tula, nous quittons la vallée du Golo, en escaladant son flanc ouest. Nous croisons un premier couple de randonneurs partis du refuge de Ciottulu di i Mori, refuge que nous voyons distinctement au loin. Vers 1900 mètres nous atteignons, un peu avant le col de Ghiargiole, la crête qui nous ouvre une vue magnifique sur la côte occidentale de la Corse, plus particulièrement le golfe de Porto, les calanches de Piana, et au fond le Capo Rosso. Puis nous longeons la crête qui remonte doucement vers le refuge magnifiquement situé au pied immédiat de Tafonatu et de Paglia Orba. Il est un peu plus de 8 heures du matin, nous sommes maintenant au refuge, en forme, avec un bon moral, mais une certaine appréhension pour la suite. Nous profitons de l'arrêt pour remplir nos gourdes, mais nous sommes surpris de ne voir que 3 ou 4 personnes, alors que nous pensions trouver beaucoup de monde... Sont-ils tous déjà au sommet de Paglia Orba ou bien sont-ils encore couchés ? Personne non plus sur les nombreux km de sentiers visibles à partir du refuge... Il est vrai que la fin des vacances est proche, mais tout de même... les refuges du GR20 sont en général bondés... En tout cas c'est à partir d'ici qu'on peut accéder en deux heures environ à Paglia Orba, et d'ailleurs aussi en une heure au trou du Tafonatu. Et dire que de nombreux adeptes du GR20 se contentent de passer la nuit au refuge... Quel dommage ! |
Ces quatre dernières photos qui permettent de bien visualiser l’itinéraire entre le plan de la croix et le refuge de Ciottulu di i Mori ont été prises près de deux années plus tard lors d’une balade aérienne… Vous pourrez trouver d’autres photos aériennes de Paglia Orba sur cette page du chapitre « Paglia Orba, c'est moi, vous me connaissiez ? » et sur cette page du chapitre « lieux de rêve »consacrée uniquement à des photos aériennes.
![]() En partant du refuge, nous quittons le GR20, pour approcher le col des Maures. Le sentier est encore très bien marqué, comme on le voit sur les deux premiers clichés ci-dessous. Ce sont les couleurs des pierres, des rochers, des parois, souvent éclairés par un soleil encore bas sur l'horizon qui nous impressionnent le plus : les qualificatifs rouge-sombre, pourpre conviennent sans doute le mieux, avec d'infinies variations de teintes. Le dépaysement est total. |
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Après la séance photo, nous croisons un groupe d'une douzaine de personnes toutes ravies, accompagnées par un guide, qui redescendent du sommet. En demandant s'il n'y a pas d'autres difficultés, on nous répond « non, pas vraiment », avec un petit sourire narquois... En fait, quelques minutes plus tard, peu avant le sommet Ouest, un passage impressionnant nous attend : il faut escalader un petit mur pour emprunter une vire de moins d'un mètre de large qui s'engage sur la paroi nord-ouest de Paglia Orba... Face verticale de quelque 500 mètres de haut... Réellement aucune difficulté technique ou risque (les alpinistes connaissant ce passage vont bien rire en lisant ces lignes)... mais même sans être sujet au vertige, on se sent mieux à quatre pattes... et c'est encore plus impressionnant lorsqu'on regarde cette vire de son point de départ, car on ne voit pas comment s'en échapper... d 'ailleurs pour une fois, c'est Emile, et non les enfants qui ouvre la voie... heureusement qu'Emile et Magalie sont là, car sinon il aurait fallu un temps certain pour convaincre Sophie de laisser les enfants s'engager sur la vire... Au retour, nous avons croisé ici-même un groupe de randonneurs en train de renoncer... Ils peuvent remercier Emile qui les a convaincus de franchir cette étape impressionnante. Nous arrivons au sommet Ouest à 2420 mètres, et la suite est maintenant très facile : les enfants obtiennent d'ailleurs l'autorisation de ne plus nous attendre. Il faut pourtant commencer par redescendre dans une petite combe, la combe des chèvres, sur un terrain peu agréable (petits blocs de rochers à contourner ou escalader), puis après cette combe, enfin un vrai sentier sur un plateau d'une centaine de mètres de large remontant doucement vers le sommet principal qui culmine à 2525 mètres. La relative douceur de ce plateau contraste fortement avec les parois quasi verticales qui en défendent l'accès. |
Les enfants accèdent au sommet vers 10h45, nous autres une dizaine de minutes plus tard. Quelques minuscules cumulus commencent à se former vers 3000 mètres (les vélivoles comprendront la digression...). Vous trouverez un tour d'horizon complet et annoté sur la page mon village et mes voisins du chapitre II. Nous y resterons une petite heure certes pour nous rassasier, mais avant tout pour profiter du panorama exceptionnel : l'horizon est masqué uniquement vers le nord-est par Monte Cinto tout proche, plus haut de 180 mètres ; vers le nord, cirque de la solitude, passage réputé du GR20 entouré par Pic von Cube et Punta Minuta (vous retrouverez ces endroits sur ce schéma figurant dans un autre chapitre) ; vers le sud, sur la ligne de crête Capu di Guagnerola, Punta a Cricce puis un peu vers la droite Capu a Cuccula ; bien plus loin dans cette direction, nous reconnaissons d'autres sommets : Monte Rotondo, Monte d'Oro et même Monte Incudine... Et quelle vue plongeante sur presque toute la côte ouest, magnifique... très proches, les Calanches de Piana prolongées par Capo Rosso, et la réserve de Scandola... A nos pieds, des précipices de plusieurs centaines de mètres dans toutes les directions, à l'exception de celle par laquelle nous sommes arrivés; c'est ici que naissent les trois superbes vallées du Golo, du Viro et de Laoscella. C'est peut-être le moment idéal pour citer cet extrait du guide « Corse, 261 itinéraires de randonnées » de M.Fabrikant et F. Denarié aux éditions Didier Richard, qui nous a permis de préparer presque toutes nos balades : Paglia Orba en famille, le retour Vers midi, les cumulus commencent à occuper une grande partie du ciel, et l'heure du retour a sonné pour nous ; même si nous étions seuls au sommet pendant toute notre halte, sur le chemin du retour entre le sommet et le refuge, nous avons croisé plusieurs personnes (sans oublier le groupe coincé avant la vire). Nous nous retrouvons bientôt face à Tafonatu avec de nouveaux éclairages. La petite appréhension pour désescalader les passages un peu délicats se révèle exagérée, même s'il faut compter plusieurs minutes pour les franchir tous les sept, en croisant ceux qui montent (ceux qui font un peu de montagne savent bien qu'on croise toujours les gens là où on a du mal à se croiser...) Par endroits, le cheminement au cours de la descente n'est pas évident, et nous perdons même quelques minutes pour retrouver un point de passage obligatoire : celui-ci se révèle être le point clef du petit labyrinthe que constitue cette partie de la balade, là même où nous avions rencontré Emile et Magalie. De retour vers le col des Maures, Emile et Magalie nous suggèrent de faire un tour au trou de Tafonatu ; Ils y étaient montés la veille en arrivant au refuge, et nous expliquent que puisqu'on est là, on aurait tort de s'en priver... c'est pas très long (une bonne heure aller-retour). Nous décidons toutefois, compte tenu de la longueur du chemin retour, de rester raisonnable et de réserver cette petite ascension pour une future occasion. David boude un peu, mais tant pis. Au refuge, après avoir rempli nos gourdes, nous quittons Emile et Magalie en les remerciant chaleureusement pour leur aide, puis nous reprenons le GR20. Il est tout à fait possible de descendre en fond de vallée dès le refuge, mais nous préférons rester sur les crêtes pour pouvoir admirer encore la côte ouest, les calanches de Piana, Capo Rosso,... |
Il va bien falloir se résoudre à redescendre en fond de vallée, d'autant plus que d'autres réjouissances nous y attendent : nous avions déjà repéré plusieurs vasques au cas où nous rentrerions à une heure raisonnable, ce qui est le cas. Nous voilà donc installés pour une petite pause baignade, toujours très agréable après un bon effort, la température de l'eau est fraîche, mais raisonnable, et nous ne sommes pas les seuls à en profiter d'autant que les vasques sont accessibles en moins de deux heures de marche à partir du parking du fer à cheval. C'est une bonne idée de balade facile (balisage GR20), il faut cependant songer à s'avancer un peu dans la vallée supérieure du Golo, afin de pouvoir profiter de la vue sur Paglia Orba et Tafonatu, et de trouver une vasque non "occupée". Pour la dernière étape, nous aurons droit à nouveau au charme des épineux puis des feuillus, un environnement en fort contraste avec le paysage minéral que nous avons pu admirer durant toute cette journée. Nous arrivons au fer à cheval, il est 17 heures, deux heures de route nous attendent encore. Les images de notre plus belle randonnée en Corse se succèdent dans nos esprits tandis que défilent devant nos yeux d'autres paysages qui ne retiennent même plus notre attention, alors que nous les aurions trouvés sublimes en d'autres instants. Avant ce 27 août 2003, le thème « Quelle a été notre plus belle balade ? » faisait objet de débats, bien agréables au demeurant ; mais à vrai dire, nous n'étions jamais arrivés à nous mettre d'accord tous les cinq. Depuis ce jour là, Paglia Orba fait unanimité totale... Vous pouvez aller le constater de suite en consultant le chapitre Nos 20 GR ou le chapitre Chouettes randonnées. |