Mon village et mes voisins




                Je m'appelle Paglia Orba... non, je n'habite ni au Népal, ni au Pérou, c'est vrai que là-bas j'ai des frères et sœurs que beaucoup de mes admirateurs envient. Moi je ne mesure que 2525 mètres et j'habite beaucoup plus près, en Corse tout simplement. Autant dire que si vous souhaitez réellement me voir un jour en chair et en os, vous pourrez facilement réaliser ce rêve. Vous me reconnaîtrez facilement si vous venez en avion... Tenez, regardez ce que voit l'équipage d'un avion venant atterrir à Calvi, un peu avant de rentrer dans la mer de nuages... on me voit bien, moi et mon voisin Tafonatu, bien mieux que Cinto, un peu plus à gauche, n'est-ce pas ?.
                Pendant votre séjour en Corse, il faudrait vraiment que vous soyez sédentaires pour ne pas m'apercevoir un jour ou l'autre au détour d'une route. En revanche, peu d'entre vous viendront me gravir : j'habite en effet un endroit bien reculé et seuls quelques sentiers assez longs permettent de m'approcher.

                J'habite sur la chaîne principale de la Corse qui est aussi la ligne de partage des eaux, dont je suis presque le point culminant (seul Punta Minuta me dépasse d'une petite tête). Mes deux grands frères, Monte Cinto et Monte Rotondo sont tous les deux sur des arêtes secondaires, et toutes les sources qui naissent sur leurs flancs rejoindront, par le Golo ou le Tavignano, la côte est de la Corse.
                La goutte d'eau qui viendra chez moi aura un choix bien difficile :
                Elle pourra emprunter le ruisseau de Laoscella puis la rivière de Cavicchia, ensuite le Fango, pour aboutir à Galéria sur la côte Ouest, ces noms font rêver, et elle ne sera pas déçue par le parcours extrêmement sauvage et encaissé.
                Mais si elle préfère le prestigieux au pittoresque, elle choisira le Golo, la plus grande rivière de Corse qui prend sa source sur mon flanc Sud (à moins qu'elle ne veuille goûter au Viro sur mon flanc est pour rejoindre le Golo un peu plus loin). Elle profitera d'abord des nombreuses vasques de la vallée supérieure du Golo, puis de la cascade de Radule ; un peu plus tard, elle ira se reposer quelque temps à Calacuccia dans le plus grand lac de Corse ; ensuite les fameuses gorges « Scala Santa Régina » (ma goutte d'eau pourrait vous écrire un livre rien que sur elles). Bien plus tard, elle visitera Ponte Leccia, ce carrefour bien connu par les passionnés de montagne ; à partir de là elle empruntera le chemin creusé par ses aînées à travers les reliefs surplombant la côte est, et rejoindra enfin la Méditerranée tout près de l'aéroport de Bastia.
                Il faut que je vous dise un petit mot sur mes voisins : je les vois tous les jours ou presque, et comme ce n'est pas facile, ni pour eux ni pour moi de déménager, il faut bien que je m'en accommode. Je dois avouer que je ne me lasse pas du spectacle : vous ne pouvez pas imaginer à quel point ils changent de parure avec les jeux que se livrent nuages et soleil. C'est en hiver que je les trouve le plus chouette, surtout lorsque leurs têtes couvertes d'un bonnet blanc émergent tout juste au-dessus des nuages, tandis que nos petits frères préfèrent dormir.
                Mon voisin le plus proche -seul le col des Maures nous sépare- c'est Capu Tafonatu. C'est un peu grâce à lui qu'on me reconnaît si facilement de loin. Il est bien pointu, mais il est assez cocasse avec son énorme trou en plein milieu de sa figure... il lui arrive parfois même de faire semblant de fumer, des nuages s'échappant alors par son trou.
                Vers le Sud, les voisins proches se montrent plus discrets, mais ils mériteraient peut-être un peu plus d'attention, comme par exemple Capu di Guagnerola ou Punta di e Cricche, de petits belvédères pour m'admirer, et des objectifs de balade bien plus accessibles que moi-même. Dans cette direction, les sommets les plus prestigieux se tiennent à distance respectable de moi, et pour ne pas faire de jaloux, je me contente de citer les noms des plus grands de ceux que j'aperçois quand il fait beau : Monte Rotondo, Monte d'Oro, Monte Renoso, Monte Incudine.
                Vers l'Ouest, voici le Filosorma, sans doute la région la plus sauvage, et la moins fréquentée de la Corse... Pour avoir une idée de ce que vous pouvez y trouver si vous avez soif d'aventure, consultez donc la page en quête de l'Andatone... Plus proches de la mer, il sont plus connus et ont eux aussi beaucoup de charme... et parfois même une sacré réputation... les sites plus célèbres sans doute : les calanches de Piana et la réserve de Scandola...
                Vers le nord, les alpinistes prennent tout d'abord la place aux randonneurs : au pied de mon arête nord-est, c'est le début de la « grande barrière » : cette crête d'une longueur de quelques 5 km offre l'aspect d'une muraille compacte hérissée d'aiguilles, de tours fines et élancées séparées par des brèches étroites, dont voici quelques noms évocateurs : Brèche des Géologues, les Tours Jumelles, les Dents de Scie, la brèche du Sphinx, la Nef, l'aiguille Paris-Chamonix, les Deux Sœurs.
                Puis encore plusieurs petits sommets et cols difficilement accessibles aux randonneurs, dont Capu Tighiettu et enfin voilà Bocca Minuta, l'accès Sud du GR20 au cirque de la solitude, dominé par Punta Minuta à 2556 mètres, le point culminant de la ligne de partage des eaux. A peine plus loin, le col Perdu, l'accès nord du cirque de la solitude, dominé par Punta Rossa alias Pic Von Cube.
                Au-delà, toujours vers le nord, j'aperçois la crête menant à A Muvrella, puis à Capu Ladroncello... avec toujours le GR20 à proximité de ces deux sommets. Et juste à gauche de Punta Minuta, c'est Monte Padru, le sommet le plus élevé (2393 mètres) au nord du Cinto et de la vallée de l'Asco.
                C'est aussi à partir Punta Minuta que s'éloigne à l'est cette crête secondaire qui mène à Monte Cinto, le sommet de la Corse (2706 mètres). Sur celle-ci, Capu Rosso et surtout Capu Larghia se font particulièrement remarquer...
                A partir de Punta Crucetta, la Cresta di l'Inzecche s'éloigne vers le Sud : D'abord Capu Falu, puis, plus bas, les « Cinque Frati » (les cinq moines) qui sont très caractéristiques, et bien célèbres malgré leur plus petite taille : d'ailleurs pour moi, plein est, ils découpent harmonieusement la vallée du Viru se jetant dans le Golo, et le lac de Calacuccia. Au loin dans l'axe de cette vallée, voici le San Petrone qui domine fièrement la côte Est de la Corse...

                Dans la suite de cette page, j'ai choisi un jour un rien brumeux pour commencer à vous dévoiler mon tour d'horizon... Ainsi, lorsque vous me rendrez visite, vous aurez de grandes chances de découvrir des couleurs bien plus éclatantes, avec peut-être une visibilité sans limites... à tel point que la Sardaigne et le Sud des Alpes pointent parfois le bout de leur nez ! Venez donc admirer ou gravir un de ces nombreux sommets, vous ne serez pas déçus, et il y en a tellement d'autres qui ont aussi leur charme, il y en a pour tous les goûts, du randonneur peu entraîné à l'alpiniste confirmé. A bientôt peut-être !


Le tour d'horizon en quatre panoramas avec accès à leur version annotée


Depuis le sommet de Paglia Orba, panorama entre le Nord et l'Est, avec Punta Minuta et Monte Cinto au centre Depuis le sommet de Paglia Orba, panorama entre l'Est et le Sud, avec Monte Rotondo et Punta Artica au centre



Depuis le sommet de Paglia Orba, panorama entre le Sud et l'Ouest, avec Capu a a Cuccula et Capu d'Orto vers le centre Depuis le sommet de Paglia Orba, panorama entre l'Ouest et le Nord, avec la vallée du Fango vers le centre


Le tour d'horizon en dix-huit photos avec accès à leur version annotée
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Monte Grosso et Monte Corona au loin et Punta Missoghiu au premier plan vers la droite Monte Padru au loin au centre et Punta Minuta à droite Sur la ligne de crête, Capu Larghia et Monte Cinto Monte Cinto à gauche et Cima a i Mori au loin au centre

San Petrone au loin, Pinerole vers la droite, et les Cinque Frati au premier plan Pinerole vers la gauche, et le lac de Calacuccia au fond de la vallée du Golo Punta Cervio au loin à gauche et Monte Cardo à droite Monte Rotondo au centre et Punta Artica vers la droite Punta Artica à gauche, les reliefs de la Restonica au centre et Monte Renoso au loin

Cimatella et Capu a u Tozzu vers la gauche ; la pointe de Mantelluccio au-dessus de la brume au tiers droit Au premier plan, Punta a Rughia au-dessus du col de Verghio ; plus loin, Monte Cervellu Punta di e Cricche à gauche et Capu a a Cuccula vers le centre Capu di u Vitullu vers le centre et capu d'Orto à sa droite

Capu Tafonatu avec son trou au premier plan, et le golfe de Porto au loin Capu a a Ghiallichiccia à gauche et la vallée du Fango à droite La vallée du Fango et la baie de Galeria à gauche Au fond vers la droite, la baie de Calvi et la pointe de la Revellata Le vallon de Sposata entouré par Capu a u Ceppu et Capu di Meta di Filu


Quelques mots sur ma préhistoire et mon anatomie.