C'est à tort que Punta di e Cricche ne faisait pas partie de nos priorités, essentiellement parce que la balade semblait un peu courte... C'est donc un jour de 2009, à l'occasion de prévisions d'orages imposant un retour en début d'après-midi que nous avons décidé d'y aller (trace en marron sur la carte ci-dessous). Nous avons été fort surpris par la beauté et la variété du parcours... de telle sorte qu'en 2013, avec des prévisions météo analogues, nous y sommes retournés en le faisant découvrir à des amis (trace en rouge sur la carte ci-dessous)... et j'ai même repéré d'autres vallons dans le secteur qui méritent largement d'être explorés ! |
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La météo annonce des orages isolés en montagne pour cette après-midi du 30 août 2009, et il est donc préférable de programmer une petite balade, avec un retour en début de journée. De plus, il ne faut pas trop se fatiguer car un trek de deux à trois jours est prévu pour le lendemain. L'année précédente, nous avions écourté à Capu a a Cuccula une randonnée au départ d'Aïtone, qui devait nous amener également à Punta di e Cricche... Ce sommet est aussi accessible depuis le col de Verghio et il est fort proche, à moins de deux kilomètres en ligne droite : voilà donc un objectif tout trouvé à proximité de Calacuccia où nous logeons cette année. Arrivés vers huit heures au col de Verghio, sur un parking désespérément vide, un coup d'œil au grand panneau présentant la carte destinée aux randonneurs nous laisse deviner que Punta di e Cricche ne sera pas très fréquentée : en effet, aucun sentier n'est indiqué dans cette direction... Sur la carte IGN au 25000, aucune indication de sentier non plus, mais il est intéressant de constater que le trait gras vert y représentant la limite de la forêt domaniale d'Aïtone se superpose avec notre parcours : en préparant cette page, j'ai pu vérifier que notre trace GPS ne s'est jamais éloignée à plus de 70 mètres (donc 3 mm sur la carte) de ce trait vert ! Nous partons avec des sacs à dos particulièrement légers : moins de réserve d'eau que d'habitude et un casse-croûte qui reste dans la voiture puisque nous prévoyons un retour en tout début d'après-midi. Un sentier démarre vers le nord (matérialisé sur la carte IGN par le trait vert) et à une centaine de mètres du parking, un bel arbre, énorme, balise ce départ ; tout à l'heure, ce sera un superbe endroit pour déjeuner à l'ombre. Assez rapidement, le sentier se transforme en sente, marquée par quelques cairns. Lorsque le cheminement commence à louvoyer parmi quelques blocs rocheux, plusieurs options, toutes plus ou moins cairnées sont possibles, et finissent d'ailleurs par se rejoindre. Petite inconnue ; l'endroit où il faut rejoindre la crête. La description du trajet qui se trouve dans le livre « Corse des Sommets » d'Alain Gauthier précise que la crête doit se rejoindre un peu à gauche d'une éminence rocheuse caractéristique, visible depuis le col. Cette lame rocheuse, gigantesque, attire parfaitement le regard dès le départ, mais la quantification de ce « un peu » nous a fait perdre une bonne demi-heure, car nous avons visé trop près de celle-ci... Il serait plus juste de dire qu'il faut atteindre la crête au milieu des deux principaux sommets situés à gauche de cette éminence rocheuse (il y a en fait 8 degrés d'écart angulaire depuis le col de Verghio, et bien sûr beaucoup plus lorsqu'on se rapproche). Ainsi, au point marqué P1 sur la carte ci-dessus, nous surplombons une zone d'aulnes dense devant des barres rocheuses ; l'absence de cairns nous confirme que s'y engager ne serait pas une bonne idée. Nous voilà donc forcés d'obliquer vers la gauche pour retrouver quelques traces... Par la suite, en continuant à serrer le plus à droite possible pour nous approcher de l'éminence rocheuse, nous aboutissons dans un couloir très pentu, qui exigerait en outre, au point p2, un pas d'escalade relativement exposé. Bien que nous soyons à vingt mètres de la crête, il faut admettre qu'il est plus sage d'essayer une autre option plus au sud... C'est à ce moment que nous apercevons deux randonneurs qui semblent avoir le même objectif que nous. Nous voyant coincés, il est naturel pour eux de tester le premier couloir plus au sud ; il est lui aussi relativement raide, et nécessite une ou deux fois l'usage des mains, mais ne présente pas de passage exposé. Nous rejoignons nos guides de fortune au col, pour échanger quelques paroles avec eux. Ils sont montés en stop au col de Verghio en laissant leur véhicule à Aïtone, et ont prévu de faire Punta di e Cricche, Capu a a Cuccula et un retour sur Aïtone par Bocca a u Saltu ; il s'agit en fait du circuit inverse de celui que nous avions programmé et interrompu l'année précédente. Une vingtaine de minutes d'arrêt au col nous permettent, tout en profitant du paysage, de suivre le parcours des deux randonneurs vers Punta di e Cricche ; cette fois-ci c'est eux qui n'ont pas pris l'option optimale en contournant par le bas la première barre rocheuse... En tout cas nous nous engageons maintenant dans ce qui est manifestement le trajet le plus direct, en rejoignant en ligne de niveau le col marqué 1970m sur la carte ci-dessus. Ce col offre d'ailleurs une belle vue sur la haute vallée du Golo fermée par Paglia Orba. Il convient ensuite de longer la crête jusqu'à une première petite antécime ; à partir de ce moment, le trajet très bien cairné, parfois un peu aérien, contourne quelques obstacles assez impressionnants de la face sud de Punta di e Cricche. |
Peu après avoir croisé les deux randonneurs qui redescendaient du sommet, nous voilà donc à 11 heures sur Punta di e Cricche. Le tour d'horizon ressemble à celui de Capu a a Cuccula que nous connaissions déjà, mais cette fois-ci, la visibilité, sans être exceptionnelle, est bien meilleure et la randonnée tient toutes ses promesses. La ligne de crête vers Capu di Guagnerola est particulièrement belle, avec sur sa gauche des reliefs incroyablement déchiquetés et colorés. Un peu plus loin, c'est Paglia Orba, avec le GR20 et le refuge de Ciottulu di Mori bien visibles. Plus à droite, voilà Punta Minuta, Monte Cinto un peu dans les nuages et Capu Falu. Vers l'est, s'étend la vallée du Golo avec le lac de Calacuccia, puis Punta Artica ; ensuite vers le sud, tous les reliefs depuis Monte Rotondo jusqu'à Monte Incudine en passant par la Restonica, Monte d'Oro, Monte Renoso peuvent s'identifier... dans la même direction, quelques reflets permettent de deviner une partie du lac de Nino à gauche de Capu a u Tozzu ; tout près, voici la fameuse éminence rocheuse qui nous a donné du fil à retordre ce matin, avec à sa droite le sommet sans nom coté 2017m, dont j'ai bien envie d'aller voir de près le grand cairn sommital. Dans le secteur, la brume estompe les sommets et permet à peine de distinguer la côte ; de plus la zone proche de Porto est masquée par Capu a a Cuccula ; vers le nord au delà de Bocca di Capronale et de Capu a e Ghiarghiole, le Filosorma où nous envisageons de bivouaquer le lendemain soir, semble devoir être sous une couverture nuageuse relativement dense. |
Le tour d'horizon ne laissant apparaître aucun bourgeonnement nuageux, nous ne devrions pas être gênés par les orages, dans les deux ou trois heures à venir, de sorte que nous restons une demi-heure au sommet, avant d'entreprendre le retour. Pendant la descente initiale, les cairns sont toujours là pour aider à contourner les obstacles qui semblent aussi impressionnants que faciles à contourner. En arrivant à la ligne de crête le parcours est à nouveau évident... puisque maintenant, nous savons où se trouve le bon col qui franchit la ligne de crête ! Si l'année précédente, nous avions tenté le parcours inverse depuis Capu a a Cuccula, j'ai bien l'impression que pour les mêmes raisons, nous l'aurions cherché trop près de l'éminence rocheuse caractéristique... Arrivés au col 1980m, et avant de replonger vers Verghio, je ne peux m'empêcher d'aller jeter un œil au sommet sans nom 2017m, sans Sophie qui préfère se reposer. Si le tour d'horizon n'a guère changé, je profite néanmoins d'une vue originale sur la face sud-est de Punta di e Cricche et sur la ligne de crête vers e Forcelle. Vers le nord-est, voilà en gros plan cette fameuse éminence rocheuse, que j'imagine prisée des alpinistes. Enfin, vers le sud-est, le col de Verghio avec son parking est bien visible, alors que tout à l'heure il était caché par le sommet où je me trouve actuellement. A peine quinze minutes plus tard, je retrouve Sophie au col, où nous nous attardons quelque peu avant de redescendre. Nous optimisons un peu le trajet par rapport à la montée, en évitant les quelques détours, mais de nombreuses mini-variantes sont possibles suivant les goûts des uns et des autres. Arrivés à 13h25 à l'énorme arbre, nous constatons avec plaisir que personne ne s'y est installé : Sophie occupe donc les lieux, pendant que je vais chercher les provisions restées dans la voiture. La durée de ce pique-nique-sieste sera inhabituellement longue et ce n'est que vers 15 heures que nous songerons à quitter les lieux, non pas parce que les orages menacent (toujours pas de gros bourgeonnements nuageux), mais pour aller se rafraîchir dans le Golo, près du pont d'Altu, à deux pas d'Albertacce. |
dans le livre d'or en consultant le message du 5 octobre 2009 ou sur la page consacrée à Cima a i Mori Par contre, au retour, après le col, vers le point P1 ou un peu plus haut, nous avons tiré à gauche pour descendre par la vallée de Catamalzi. C'est une magnifique auge glaciaire, avec des dalles assez pentues mais avec une bonne adhérence par temps sec. Le passage en rive gauche de la vallée est bien cairné et il n'y a pas de difficultés. La pozzine terminale est un endroit enchanteur. Une fois franchie la moraine frontale, on trouve un sentier qui ramène au col de Vergio en passant devant une source. Ce jour là, nous avions oublié l'appareil photo, et cela a été un vrai plaisir de pouvoir revoir cette randonnée, et en particulier les vues si colorées qu'elle ouvre sur les montagnes autour du Golo, notamment Paglia Orba que j'admire autant que vous. |
Les conditions météorologiques mi-juillet 2013 étaient exceptionnellement mauvaises sur la montagne corse : si le temps était beau le matin, des orages plus ou moins violents se déclaraient à peu près tous les jours entre 14h et 16h. Le départ pour notre sortie bivouac était prévue six jours auparavant, mais il a fallu la reporter successivement tous les jours et trouver des solutions alternatives permettant d'être rentrés tôt dans l'après-midi. Cette année nous sommes accompagnés de Philippe et Chantal, qui ne connaissaient pas la montagne corse, mais sont des habitués des courses dans les Alpes. Comme la veille (voir Monte Pinerole), les prévisions météo laissent un bon espoir pour entamer notre sortie bivouac le lendemain : nous avons donc convenu non seulement de rentrer tôt à cause des orages, mais en plus de faire une balade facile, pour ne pas nous fatiguer avant notre trek : l'occasion rêvée de faire découvrir Punta di e Cricche à nos compagnons, avec un espoir de revenir par le vallon de Catamalzi vanté par Pierre Broche (voir ci-dessus)... si l'évolution de la météo le permet vu la présence de dalles très inclinées. Comme je n'avais pas du tout prévu cette balade... et que j'avoue n'avoir pas songé à consulter cette page sur Internet, il faudra faire confiance à ma mémoire. Dès l'arrivée au parking au col de Verghio, je repère tout de suite le col qu'il convient de franchir ; cette fois l'objectif initial est bien plus clair que la première fois ! Vers sept heures et demi, nous mettons le cap vers l'énorme arbre où nous avions pique niqué il y a quatre ans, puis poursuivons un cheminement relativement bien tracé. La trace enregistrée montre d'ailleurs que nous avons suivi, à un détail près, le même itinéraire qu'en 2009 jusqu'au point P1. Arrivée travers P1, je ne reconnais pas vraiment le couloir devant nous, au pied duquel est posé un énorme rocher bien poli... pourtant l'itinéraire vers le col se visualise facilement, même s'il semble un peu raide en approchant de la crête. Il n'y a plus vraiment de sentier, mais nous arrivons sans aucune difficulté au rocher, puis remontons le couloir herbeux encombré de quelques pierres et rochers. Nous arrivons au col 1h20 après avoir quitté le parking. En fait, et je ne m'en rendrai compte qu'en préparant cette page, ce n'est pas l'endroit où nous avons atteint la crête en 2009, mais un point situé quelques dizaines de mètres plus à gauche ; l'examen des deux traces GPS confirme d'autre part que nous n'avons pas emprunté le même couloir depuis P1, mais un autre plus large... et plus évident ! Même si notre col « 1975m » est plus bas de quelques mètres que celui que nous avons pris en 2009, la vue est un peu plus ouverte vers le Nord-Est et nous avons la surprise de découvrir un laquet au milieu d'une pelouse près d'un promontoire sur le versant gauche du vallon de Catamalzi... Un nouvel objectif tout trouvé pour agrémenter notre retour, en admettant que l'évolution de la météo permette de redescendre par ce dernier vallon ! Après le col, nous empruntons le sentier à flanc, sur le versant Sud-Ouest du sommet « 2017m » qui permet rapidement d'atteindre le col « 1970m ». Ce dernier offre un panorama splendide sur la haute vallée du Golo barrée par Paglia Orba, tout comme le vallon donnant sur les bergeries de Radule. Un vallon qui mérite sans doute d'être exploré. Nous perdrons ensuite une vingtaine de minutes, car nous essayons d'attaquer les derniers remparts de Punta di e Cricche par le versant Sud-Est, alors qu'il faut les attaquer par le Sud-Ouest après une petite traversée à flanc qui n'était pas restée dans ma mémoire... Nous voilà donc au sommet, avec ce panorama splendide que seule une légère brume estompe un peu. Parmi les centres d'intérêts nouveaux depuis notre balade en 2009 figure tout particulièrement Punta Licciola, juste en face ; nous y étions il y a tout juste cinq jours. Nous profitons d'autant plus du paysage que la fatigue ne se fait guère ressentir, vu le dénivelé modeste qui était à négocier. Un groupe de randonneurs aux alentours du col « 1970m » se dirige vers nous, nous attendons leur visite... mais ils n'arrivent pas ; en cherchant bien, nous les retrouvons sur la ligne de crête en direction de Capu a a Cuccula : ils avaient donc un autre objectif ! |
Au bout d'une heure, nous quittons avec quelques regrets ce belvédère avec l'idée de déjeuner sur la pelouse du laquet de Catamalzi, si toutefois nous arrivons à y accéder. Aucune difficulté, bien entendu pour retrouver notre col « 1975m », puis débuter la descente du vallon. Je fais un petit crochet par la zone rocheuse à gauche du couloir, pour essayer de déterminer la meilleure façon d'accéder au laquet : le plus facile sera de passer par P1 ; il faudra certes descendre jusqu'au ruisseau de Catamalzi pour remonter la zone rocheuse en face, mais il semble qu'il n'y ait pas d'obstacles incontournables. Nous redescendons donc jusqu'à P1, et avons la surprise de trouver quelques cairns nous permettant de traverser sans encombre le vallon de Catamalzi et de remonter jusqu'à des dalles rocheuses situées tout près du lac. Nous les négocions en adhérence, mais je verrai plus tard, depuis le promontoire, qu'il existe un cheminement plus facile mais plus chaotique un peu en amont. Voilà donc atteint notre objectif, une heure environ après avoir quitté Punta di e Cricche (il faudrait à peine plus longtemps depuis le parking du col de Verghio). Comme prévu, nous nous installons sur la pelouse pour le pique-nique ; pour ma part, il sera vite englouti, car je suis impatient de grimper sur le promontoire situé près du lac (voir seconde photo ci-dessous). Ce dernier domine le vallon de Catamalzi typique des vestiges d'un glacier, avec ses moraines et sa grande pelouse terminale, sans doute résultat d'un lac qui s'est comblé. Les dalles sont particulièrement impressionnantes vues d'ici, et sans le mot ci-dessus de Pierre Broche, je n'aurais certainement pas envisagé de descendre ce vallon ! Je visualise également une échappatoire juste au-dessus des dalles : elle éviterait de remonter à P1 si jamais un de nous allait avoir des difficultés, ou bien en cas de risque d'averse. Redescendu rejoindre mes compagnons, et sans trop m'étendre sur l'inclinaison et l'étendu des dalles, je leur propose de repartir de suite, avant que les nuages qui se forment maintenant ne deviennent menaçants. Après avoir rejoint le fond du vallon, il faut dans un premier temps négocier un passage entre aulnes et chaos rocheux ; quelques cairns ou traces permettent de le descendre et d'atteindre les dalles sans trop de difficultés. Je m'y engage résolument... l'adhérence est bonne, et je constate que tout le monde suit. J'essaie de choisir un trajet limitant l'inclinaison, ce qui nous fait louvoyer un peu, et nous finissons par atteindre la végétation au dessus de la pelouse de Catamalzi. Nous contournons cette dernière en rive gauche pour atteindre la prairie environ une heure après avoir quitté le laquet et parcouru un kilomètre. Comme les nuages commencent à gonfler, nous décidons de ne pas nous éterniser, et remettons le cap sur le col de Verghio. La carte indique un sentier direct, on arrive même à le deviner sur GoogleEarth, mais nous ne l'avons pas réellement cherché, compte tenu du visuel sur le sentier menant aux bergeries de Radule. Celui-ci se rejoint par une descente d'une cinquantaine de mètres dans une pente herbeuse pas très agréable à négocier. Il aurait mieux valu chercher le sentier direct. Le retour vers le parking n'est ensuite qu'une formalité... Nous croisons de nombreuses personnes allant vers les bergeries de Radule, pas forcement la meilleure idée compte tenu de l'évolution orageuse qui se confirme. En tout cas nous arrivons au parking à 13h30, avant la pluie et après avoir atteint les objectifs de la journée, avec même en supplément la découverte du laquet de Catamalzi. |