La météo annonce à nouveau des orages isolés en montagne pour cette après-midi du 3 septembre 2009, et de plus, un vent soutenu devrait se lever durant l'après-midi et d'ailleurs se renforcer les jours suivants. Il est donc préférable de choisir un objectif modeste ; depuis longtemps, Sophie a envie de retourner au lac de Nino que nous avions découvert avec les enfants onze ans auparavant. Lors de randonnées dans le secteur, vers Punta Artica ou Punta a e Cricche par exemple, Capu a u Tozzu qui domine notamment le lac de Nino m'avait paru être un promontoire intéressant. Il était donc naturel de combiner ces deux objectifs, avec plusieurs options possibles. Le parcours classique et balisé pour rejoindre le lac de Nino démarre à la maison forestière de Poppaghia. Compte tenu de notre passage au sommet de Capu a u Tozzu, il est également envisageable de partir de Castellu de Verghio via le GR20, avec un dénivelé un peu plus faible, mais un parcours plus long et sans doute plus monotone (voir par exemple ici la description d'un itinéraire via le col Saint Pierre par un botaniste, en 1908). Il est aussi possible de combiner partiellement ces deux itinéraires, en empruntant le sentier de ronde de Valdu Niellu. Je choisis l'aller-retour depuis la maison forestière de Poppaghia qui présente l'avantage de passer deux fois au bord du le lac de Nino, ce qui ne devrait pas déplaire à Sophie ! |
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Après avoir quitté le couvent de Calacuccia (qui propose chambres ou dortoirs et un ensemble réfectoire cuisine sur un site bien agréable), nous voilà un peu après huit heure sur le parking de la maison forestière de Poppaghia. Deux autres voitures sont déjà garées, avec près de l'une d'entre elles des randonneurs en train de se préparer. Nous sommes certes en fin de saison, mais je suis quand même étonné de ce faible nombre de voitures : nous faisons donc réellement partie des plus matinaux ! Le sentier bien balisé est sous couvert végétal pendant la première heure de marche. Il commence par contourner puis longer la crête d'Orsu Longo pour rejoindre la rive gauche du ruisseau de Colga après un petit quart d'heure. A ce stade, il ne faut bien sûr pas traverser le ruisseau, mais prendre le sentier secondaire vers la droite. Rien à signaler de particulier avant d'atteindre le sentier du chemin de ronde de Valdu Niellu, après environ une heure de marche. Si on n'y prend garde, on s'y engage très naturellement... C'est ce qui est arrivé aux deux randonneurs qui nous précédaient (ceux d'une des deux voitures garées), et à nous aussi quelques mètres derrière eux en train de les rattraper. La nouvelle direction semble anormale, et la trace GPS montre qu'une cinquantaine de mètres a été nécessaire pour découvrir l'erreur, et de proposer un demi-tour à ces deux randonneurs. A ce moment précis, deux autres randonneurs qui étaient partis juste derrière nous (ceux de l'autre voiture garée) en profitent pour nous dépasser, et nous voilà donc plus ou moins rassemblés en un groupe de six, cap vers le lac de Nino. Nous quittons maintenant la forêt et une dizaine de minutes plus tard, nous voici à proximité des bergeries de Colga à une altitude de 1450 m environ. Devant nous, voici de nombreuses barres rocheuses relativement imposantes, et on a du mal à imaginer un passage parmi elles. Heureusement que le cheminement vers le lac de Nino est bien balisé ! Le sentier s'engage dans cette zone, avec bientôt quelques tronçons un peu raides et de nombreuses dalles inclinées à franchir, sans aucun problème par temps sec. Nous profitons des pauses respectives des deux autres duos de randonneurs pour les dépasser, et trois quart d'heure après les bergeries de Colga, nous atteignons Bocca a Stazzona pour redécouvrir le lac de Nino, ses pozzines et ses pelouses. Il est 10h20, et nous avons la chance de découvrir cet espace sans aucun randonneur, fait sans doute relativement rare en été par beau temps. Seuls quelques chevaux ont investi les lieux. L'éclairage à contre-jour n'est toutefois pas idéal, il devrait être meilleur cette après-midi sur le retour. En revanche dans notre dos, les sommets du Niolo bénéficient d'un bel éclairage, avec peu de brume, propice à des photos zoomées. Nous examinons sous un nouvel angle Paglia Orba ainsi que des sommets gravis les jours précédents, Punta di e Cricche, le col de Serra Pianella et Punta Minuta... Alors que les quatre autres randonneurs nous rattrapent, nous descendons sur le bord des pelouses amont pour trouver un endroit bien à l'abri du vent, qui commence à être sensible. Nous nous offrons une pause d'un quart d'heure, assortie d'un melon qui nous permet à la fois de nous désaltérer et d'alléger mon sac à dos pour la suite. |
A 10h45, nous levons l'ancre pour traverser la pelouse amont et rejoindre le GR20 maintenant balisé par les premiers randonneurs qui arrivent au lac par cet itinéraire. Nous le suivons pendant environ un kilomètre, en gagnant une centaine de mètres, jusqu'à Bocca a Retta (1883m). Au col, il faut quitter le GR20 et viser en ligne droite le sommet de Capu a u Tozzu. Quelques vagues traces, et de rares cairns témoignent de passages épisodiques de randonneurs ayant eu l'idée saugrenue de monter là-haut.... Le vent devient de plus en plus soutenu, et arrivés au sommet, nous cherchons une zone bien à l'abri. Mission réussie au pied d'un rocher à quelques mètres du sommet ; nous y passerons une heure fort agréable, pique-nique compris. Le sommet tient toutes ses promesses, et je ne comprends pas comment il peut être si peu fréquenté, malgré une grande facilité d'accès depuis le GR20 ou le lac de Nino. Le tour d'horizon ressemble à celui depuis Punta Artica (4km plus à l'est), où nous étions quelques jours auparavant, avec en prime une vue plongeante sur le lac de Nino, ses pozzines et ses pelouses. Les risées sur le lac lui donnent une allure changeante, particulièrement esthétique, et je regrette un peu de ne pas disposer d'un enregistrement vidéo sur mon appareil photo actuel. Nous pouvons visualiser à nouveau nos escapades des jours précédents, tous les sommets ainsi qu' une grande partie des itinéraires empruntés ; Punta Artica samedi dernier, Punta di e Cricche dimanche dernier, le col de Serra Pianella lundi dernier, Punta Minuta mardi dernier, la liaison entre le refuge de Tighiettu et Calacuccia via Punta Crucetta mercredi dernier, et l'itinéraire d'accès de ce jour, jeudi... Dans le secteur ouest voici Capu d'Orto et des rappels de trois balades de l'année précédente : Le col de Larata sur les hauteurs d'Ota, Capu a a Cuccula et Capu a e Ghiarghiole. Au sud les reliefs de la Restonica attirent également mon attention, Monte Rotondo, A Maniccia et Lombarduccio parce que nous y sommes passés mais aussi d'autres sommets pour des futures balades ! Il est midi trente et si les prévisions sur le vent se vérifient, aucun indice ne permet de confirmer la tendance orageuse annoncée. Nous décidons cependant de redescendre vers le lac de Nino, pour pouvoir atteindre rapidement les bergeries de Colga, au-delà des dalles, en cas de menace de pluie. Si les prévisions avaient été meilleures, peut-être aurions nous tenté de suivre la ligne de crête vers Cimatella ; ce sera peut-être pour une prochaine fois ! |
Nous retrouvons donc le GR20 à Bocca a Retta, et profitons de la descente magnifique vers le lac de Nino... Cette petite descente fait sans aucun doute partie des plus beaux tronçons du GR20... En ce début septembre, nous avons la chance de profiter en plus de la couleur rouge des fruits des arbousiers qui s'additionne au vert des pelouses et au bleu du lac... Comme la météo est toujours au beau fixe, nous décidons de compléter le tour du lac de Nino en continuant d'emprunter le GR20 le long du lac. Nous commençons par trouver une petite construction contenant une belle source captée, qui se trouve naturellement en parcourant le GR20 mais qui peut également être fort utile aux visiteurs partis de la maison forestière de Poppaghia, à condition de connaître son existence... A l'extrémité aval du lac, plusieurs chevaux broutent l'herbe sur la pozzine aval. Environ deux cent mètres en aval du lac, un petit passage près d'un gros rocher permet de traverser le ruisseau serpentant dans les pozzines et donnant naissance au Tavignano. Il ne nous reste plus qu'à parcourir le sentier en rive gauche du lac pour rejoindre à nouveau Bocca a Stazzona, autour de 14 heures. Depuis le col, le lac de Nino et les reliefs de la Restonica bénéficient maintenant d'un bel éclairage, bien plus agréable qu'en matinée. Monte Rotondo, A Maniccia et Lombarduccio se rappellent à nous. Inversement les reliefs du Niolo sont moins nets dans une atmosphère maintenant plus brumeuse. Comme le vent est relativement désagréable au col, nous entamons aussitôt notre descente vers les bergeries de Colga. Nous croisons des dizaines de randonneurs en train de parcourir ce tronçon relativement raide, dont certains bien fatigués, avec même un groupe en train d'abandonner. Il me paraît clair que de nombreuses personnes non habituées aux randonnées sous estiment cette balade, et ne partent pas suffisamment tôt pour pouvoir compenser leur manque d'entraînement par un rythme adapté. Quelques minutes après avoir passé les bergeries de Colga, j'ai le sentiment bizarre de me trouver sur un sentier plus large qu'à l'aller... Un coup d'œil au GPS et... comme à l'aller, nous sommes engagés sur de chemin de ronde de Valdu Niellu... Cette fois, nous avons parcouru une centaine de mètres (donc plus qu'à l'aller) avant que je me rende compte de quelque chose... et je n'ai même pas l'excuse d'avoir suivi un autre groupe ! J'ai bien peur que cette intersection soit un piège classique (d'ailleurs sur Google Earth, on trouve une trace GPS avec un parcours de 600 mètres avant le demi-tour !) Encore une petite heure sans autre piège pour rejoindre à 16h20 notre point de départ, et conclure ainsi, avec une excellente impression, nos balades dans ce secteur de la Corse pour cette année 2009. Quant au ciel, à peine quelques cirrus et quelques cumulus bien plats, la météo était aujourd'hui vraiment pessimiste pour les risques orageux ! |