Punta di Caldane


                Région très vallonnée entre le Golo et le Tavignano, la Castagniccia sépare Bastia de Corte. Son point culminant, Monte San Petrone, avec ses 1767m d'altitude est relativement fréquenté. En revanche, les autres sommets ne font en général pas l'objet de descriptions dans les guides, et les itinéraires d'accès ne sont réellement connus que par quelques habitants de la région. C'est notamment le cas de Punta di Caldane, qui avec ses 1724m est presque le point haut de la partie Sud de la Castagniccia. L'accès routier au départ de la randonnée : Poggio, le hameau amont de Pianello n'est pas des plus commodes, et nécessite de parcourir de longues routes secondaires aux tracés tourmentés.
                Ce 30 août 2012, les prévisions météo étaient plutôt pessimistes pour la fin de l'après-midi (orages locaux), mais bien adaptés à la découverte de ce sommet. En effet un vent soutenu était prévu, ce qui devait permettre de ne pas être trop gêné par les températures élevées au cours d'une randonnée se déroulant essentiellement à découvert et à relativement basse altitude.
                Après avoir parcouru les innombrables lacets de la D16 entre la côte Est et Pianello, nous arrivons vers 10h du matin à notre point de départ, qui par ailleurs est un point de passage de l'itinéraire du Mare a Mare Nord. Deux ou trois véhicules peuvent se garer devant le panneau qui marque le début du sentier, mais nous sommes bien évidemment les seuls à venir se perdre ici. La propriétaire de la maison à proximité semble un peu intriguée, et vient s'enquérir de nos projets...
                Lorsqu'elle apprend que notre objectif est Punta di Caldane, un grand sourire se dessine sur ses lèvres : elle nous indique qu'elle a fait sa première ascension à l'âge de 6 ans, et qu'elle y est montée des centaines de fois lorsqu'elle était plus jeune ! Elle nous montre ensuite comment arriver au sommet, avec une description détaillée sur les principaux points clés pour ne pas se perdre... Elle nous explique également que dans sa jeunesse, plusieurs bergeries étaient actives sur l'itinéraire, mais qu'aujourd'hui, il ne reste plus qu'un seul berger dans ce secteur, occupant la bergerie de Peri.


  Réalisé d'après la carte IGN Top 25 Profil vertical de la randonnée
Téléchargez caldane.gpx, la trace GPS de la randonnée avec 421 cairns virtuels et 3 points d'intérêt
(pour son utilisation, voir la page conseils) ; pour un affichage direct dans Google Earth : caldane.kml
Survolez le trajet avec Google Earth via Sitytrail.com et tracegps.com...


                Après cet accueil particulièrement chaleureux, nous voilà donc partis pendant près de 2km sur le sentier du Mare a Mare qui se fraie un passage dans la forêt. Après avoir grimpé progressivement d'une cinquantaine de mètres jusqu'à P1 à proximité de Pinzalone, la colline qui domine Pianello, le sentier redescend pour franchir deux ruisseaux. Le deuxième ruisseau n'est autre que la Bravone qui naît sur les flancs ouest de Punta di Caldane pour rejoindre la côte Est aux Marines de Bravone.
                Une zone plane où sont garées deux voitures appartenant sans doute à des locaux se trouve à proximité de la rivière : la piste qui y mène doit donc être accessible sans trop de difficultés, et permet de raccourcir sensiblement la randonnée (en rallongeant toutefois d'autant le temps de parcours en véhicule car la piste est trois fois plus longue que le sentier).
                En traversant le petit pont sur la Bravone, comme indiqué par l'habitante de Poggio, nous quittons le Mare a Mare et son balisage... et ne verrons d'ailleurs aucune autre indication, pas le moindre cairn, sur tout le reste du parcours... Une preuve certaine de la faible fréquentation de ce sommet par les non connaisseurs !
                Le sentier, encore bien marqué, passe à proximité de la chapelle Saint Vincent puis se met à grimper de manière soutenue. Nous croisons un cousin du berger de Peri auquel il a rendu visite, et qui confirme que nous sommes sur le bon chemin. Assez vite, les arbres laissent place à une végétation plus basse. Nous avons beaucoup de chance car des nuages d'altitude suffisamment épais viennent à ce moment précis remplacer les feuillages des arbres pour nous protéger du soleil... C'est très appréciable, car il fait très chaud sur ce versant exposé au Sud, et le vent promis par la météo ne s'est pas levé : pas le moindre souffle de vent, et même les nuages d'altitude ne bougent que de manière imperceptible ! Nous nous rationnons un peu en eau, ne sachant pas si nous trouverons la source de la bergerie de Peri.
                Le sentier est bien tracé, mais au point P2, en bordure d'une zone qui a subi un incendie relativement récemment, il semble s'engager vers le vallon à gauche dans une direction non conforme à la carte... Petit piège : un sentier naît au niveau d'un virage à droite... Conscient assez rapidement de l'erreur, une fourche permet de revenir dans la bonne direction... Nouveau problème : nous croisons le bon sentier sans nous en apercevoir, pour constater une centaine de mètres plus loin que la direction n'est toujours pas bonne ! Comme la zone brûlée permet une progression relativement facile hors sentier, nous décidons de prendre la direction générale amont, espérant retrouver le sentier plus tard. Ce sera effectivement le cas, mais nous aurons tout de même perdu une vingtaine de minutes ! (vous pourrez visualiser nos divagations en agrandissant la carte Google Map en haut sur cette page ou, encore mieux, directement sur Google Earth en cliquant sur caldane.kml.
                Notre sentier se rapproche maintenant d'un petit ravin, et nous croisons une autre personne proche du berger de Peri. Celui-ci nous indique que nous devrions facilement arriver au sommet, et surtout que nous ne pourrons pas manquer la source de Peri, qui est à la fois à la naissance du ruisseau coulant dans le petit ravin et sur le sentier. Un peu plus loin, notre sentier traverse ce ruisseau, puis nous rejoignons effectivement, 200m plus loin, la source de Peri très abondante et bien fraîche... Aujourd'hui, nous n'aurons plus à nous rationner en eau, ce qui est fort appréciable avec cette chaleur, à peine tempérée par les nuages d'altitude !
                Plusieurs traces qu'on retrouve en partie sur la carte IGN partent de la source. La trace principale mène bien sûr à la bergerie de Peri, mais après l'avoir empruntée sur quelques dizaines de mètres, et alors que nous apercevons la bergerie, nous constatons que la trace ne semble pas continuer au-delà. Nous retournons donc à la source, et je décide de prendre la seconde trace la plus nette qui monte vers la crête...
                Notre sentier s'estompe très vite, et nous en profitons pour tirer à gauche et reprendre la direction du sommet sur un terrain facile, hors sentier. De toutes façons, les sentiers indiqués sur la carte IGN sont relativement confus dans ce secteur, et aucun ne mène d'ailleurs au sommet : il va falloir progresser à l'estime. Nous avons la bonne surprise de retrouver assez rapidement un sentier qui va nous mener aux cabanes de Peri (nous constaterons en redescendant que ce sentier disparaît à l'approche de la bergerie, alors que sur la carte, il part bien de la source de Peri).
                Ces cabanes sont relativement bien conservées, et l'une d'elle est munie d'une porte fermée par un cadenas ; elle sert peut-être de remise pour le berger de Peri qui habite 150 mètres plus bas. En l'absence de ce sentier, nous serions directement montés dans le vallon menant à la crête vers Punta Ventosa, le cheminement semblant le plus naturel.
                Juste après la cabane, notre sentier franchit une crête secondaire ; nous continuons donc à l'emprunter et arrivons dans un vallon semblant cette fois mener directement à Punta di Caldane. Sa position n'est toutefois pas facile à identifier, car la ligne de crête est plutôt plane. Le sentier continue maintenant en ligne de niveau ; en réalité, en préparant cette page, je constaterai qu'il permet de rejoindre les bergeries de Funtana Ghjalata : dommage que nous n'y soyons pas passés...
                En tout cas, nous décidons de quitter le sentier et de gagner directement les 200 mètres d'altitude pour atteindre la ligne de crête ; manifestement il est possible de passer à peu près partout, et le jeu consiste maintenant à dessiner dans la végétation basse, mais de texture relativement variée, le trajet semblant nécessiter le moindre effort pour progresser. Comme vous pouvez le constater sur le schéma, nous n'avons pas choisi la ligne droite (et l'itinéraire de retour variera d'ailleurs quelque peu). Ce n'est qu'en approchant de la crête que nous identifions l'emplacement exact de Punta di Caldane, matérialisé par un bosquet d'arbres.


En approchant de P2, on commence à deviner le sommet arrondi de Punta di Caldane au tiers gauche Zoom sur Punta di Caldane, le sommet arrondi à droite Zoom sur le petit ravin en contrebas de la source de Peri Au quart gauche, Pinzalone (1011m) ; en bas au centre, le secteur du petit pont et de la chapelle Saint Vincent

La source de Peri située à 200m des bergeries de Peri Au loin  depuis les environs de la bergerie de Peri, Monte d'Oro et Monte Cardo Punta di Caldane au quart droit de la photo, prise depuis les environs de la bergerie de Peri (visible à gauche) Au milieu des cabanes de Peri ; la porte de celle-ci est fermée Les cabanes de Peri situées 150m au-dessus de la bergerie de Peri

Punta di Caldane se revèlera matérialisé par le bosquet d'arbres au tiers gauche de la photo prise depuis les environs de la cabane de Peri Au tiers droit de la photo prise depuis les environs de la cabane de Peri, on devine les bergeries de Funtana Ghjalata Regard en arrière sur le vallon terminal que nous avons emprunté Le bosquet d'arbres au centre de la photo matérialise le sommet de Punta di Caldane


                En approchant du sommet, les nuages d'altitude qui nous protégeaient du soleil disparaissent, ce qui n'est pas très gênant car nous allons profiter de l'ombre du bosquet d'arbres... On ne pouvait imaginer une couverture nuageuse plus adaptée à cette montée ! Surprise : deux personnes y sont déjà installées : un retraité d'un village voisin accompagné par un de ses amis, un corse travaillant sur le continent et en vacances. Ce dernier qui n'a pas l'habitude de ce genre de balade nous explique que la descente sera difficile pour lui et qu'il sera bien courbaturé les jours à venir...
                En revanche, le retraité est un habitué de ce sommet, c'est presque sa balade quotidienne ! Nous avons droit à de nombreuses explications sur les différentes façons d'atteindre le sommet, sur son expérience d'autres sommets de Corse, mais aussi sur les villages du secteur. Il nous explique également qu'il a participé à la réalisation d'un film documentaire sur la montagne corse... Il s'agit d'un passionné de la montagne corse et plus particulièrement de la Castagniccia.
                Je lui demande s'il est intéressant de poursuivre vers Cima di Calderuccio, le point culminant de cette partie sud de la Castagniccia, qui domine Punta Caldane de 7 mètres ; il nous le déconseille, car la vue y est moins étendue ; il nous conseille plutôt d'aller explorer le petit sommet sans nom coté 1663m, situé au nord-ouest de Punta di Caldane, à l'extrémité d'une ligne de crête secondaire, tout en indiquant qu'il faut compter près de deux heures pour l'aller-retour. Cela nous paraît beaucoup, d'autant que des orages sont programmés pour la fin de l'après-midi.
                Des nuages cumuliformes commencent d'ailleurs à investir le secteur de Monte San Petrone, qui disparaît de temps en temps dans ces derniers. Notre interlocuteur nous explique que Punta di Caldane est particulièrement piégeant lorsque les nuages enveloppent le sommet, ce qui est relativement courant : il est alors difficile, même pour lui, de retrouver son chemin, ce que je veux bien croire, vu les nombreux vallons qui naissent à partir du sommet et l'absence de sentiers et de cairns... Plusieurs randonneurs se sont déjà retrouvés dans des villages ou sur des routes fort éloignées de leur point de départ ! Il nous explique que le GPS est alors la seule façon de se sortir de ces situations... comme nous avons enregistré notre tracé aller, il conclut que nous ne serons donc pas confrontés à un tel problème.
                Après une bonne demi-heure de conversation, nous voilà occupés par le casse-croûte, puis par l'examen du tour d'horizon, avec ses traditionnelles photos. Nous dominons la côte Est entre Bastia et Solenzara et en face nous reconnaissons de nombreux sommets, et plus particulièrement du Sud au Nord : Monte Incudine, Punta a a Cappella, Monte Renoso, Monte d'Oro, Migliarello, Monte CardoMonte Rotondo, Lombarduccio, Punta Artica, Forciutu, , le col de Canaghia, Punta di e Cricche, Paglia Orba, Capu Falu, Punta Crucetta, la Pointe des Eboulis,Monte Cinto, Cima a i Mori et le Turone, Monte Padru, et bien entendu Monte San Petrone lorsqu'il n'est pas enveloppé par les nuages.
                Le berger de Peri nous rejoint maintenant au sommet accompagné par quelques 250 moutons. Il discute longuement avec le retraité, en corse bien sûr, puis repart, toujours accompagné par ses moutons. Après nous avoir salués, les deux autres randonneurs quittent également le sommet en direction des bergeries de Funtana Ghjalata... et nous nous retrouvons donc seuls sur ce sommet ! Je n'aurais jamais pensé rencontrer tant de monde ici, en tout cas bien plus de monde que sur la quasi-totalité des autres sommets faisant l'objet d'une page sur ce site... et il y a près de 1000 mètres de dénivelé depuis la route la plus proche !


La ligne de crête vers le Nord ; Monte San Petrone à gauche et Monte Sant'Angelo au tiers droit Vers le Nord-est, le chaînon dominé par Mont Olmelli La côte en regardant vers le Sud-est ; Punta Ventosa à gauche Vers le Sud, on reconnait au loin Monte Incudine, Monte Renoso et Monte d'Oro Du Sud-Ouest à l'Ouest, Monte d'Oro, Monte Cardo, Punta Artica, Paglia Orba et Monte Cinto

Paglia Orba tout à gauche, ensuite Monte Cinto puis Cima a i Mori et Monte Padru, les derniers grands reliefs avant la Balagne Le sommet 1663m sans nom à gauche, Monte Muffraje au centre et Cima di Calleruccio vers la droite Zoom sur Monte San Petrone Vers le Nord dans la brume, on devine Bastia ; Monte Sant'Angelo à droite

La côte Est dans le secteur entre Prunete et Bravone ; le village de Valle d'Alesani en bas à gauche Le berger de Peri avec son troupeau de moutons ; l'étang de Diana au loin Zoom sur l'Incudine et le chaînon du Fium'orbo avec Punta a a Cappella Zoom sur Monte Renoso vers le centre et Monte d'Oro tout à droite La vallée de la Restonica avec à sa gauche, Monte Cardo, Monte Rotondo et à sa droite, Capu a u Chjostru et Punta di Castelli

Punta Artica tout à gauche ; Paglia Orba derrière Pinerole à droite L'horizon est barré par Paglia Orba, Monte Cinto et Capu Biancu Zoom sur Cima a i Mori et le Turone, avec Monte Padru au-delà de ceux-ci La croix sommitale de Punta di Caldane


                Nous quittons le sommet vers 14h45, en reprenant l'itinéraire de l'aller, avec bien entendu un ravitaillement en eau fraîche à la source de Peri. Cette fois-ci , nous ne rencontrons personne, tout juste apercevons nous de temps en temps les deux autres randonneurs que nous voyons aller faire une halte aux bergeries de Peri. A noter une petite erreur tout de même : après avoir traversé le petit pont, nous réussissons à nous engager pendant quelques dizaines de mètres sur le Mare a Mare dans le mauvais sens !
                Nous retrouvons notre voiture deux heures après avoir quitté le sommet. A l'image des prévisions de vent, les prévisions d'orages ne se concrétisent pas, et les gros cumulus de l'après-midi se défont tous, les uns après les autres. Sur la route du retour, nous arrivons maintenant à identifier Punta di Caldane avec son bosquet d'arbres. Nous profitons également d'un bel éclairage pour prendre en photo quelques villages (Matra, Pietrera, Campi et Tox) depuis cette D16 particulièrement tourmentée... sans oublier des curiosités : ces deux hélisurfaces débordant sur la route !


L'église de Poggio (commune de Pianellu) depuis les environs du point de départ de la randonnée L'église de Poggio (commune de Pianellu) depuis la D16 Hélisurface sur l'intersection  entre la D16 et la route menant au hameau de Pianelluccio (commune de Pianellu) Depuis la D16, le village de Pianellu et le hameau de Poggio dominé par Pinzalone (1011m) Depuis la D16, Punta Caldane matérialisé par le bosquet d'arbres au centre de la crête

Les villages de Matra et de Pietrera, desservis par la D16 Le village de Campi, avec ses deux églises desservi par la D16 Hélisurface sur la D16 avec le village de Campi en face Tox (Tòcchisu en corse), un des villages au-dessus de la vallée de la Bravona desservis par la D16




Punta di Caldane fait incontestablement partie de ces nombreux promontoires restés confidentiels, en tout cas pour les vacanciers randonneurs !


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