Entre les vallées du Golo et de l'Asco qui se rejoignent à Ponte Leccia, s'étire sur une vingtaine de kilomètres le massif qui porte le sommet le plus élevé de la Corse... Il faut bien avouer que nous n'avions guère fréquenté ces reliefs : en 1998, nous avions bien foulé Monte Cinto ; en 1998, le col Perdu à l'extrémité ouest du massif ; puis plus rien jusqu'en 2006 lorsque nous avons découvert les aiguilles de Popolasca et Cima a i Mori à l'extrémité Est du massif... Entre temps, nos lieux de séjour étaient toujours à quelques trois heures de route ! Notre séjour 2007 en Corse aura largement été l'occasion de réparer cette anomalie ; une heure de route à peine pour accéder au fond de ces vallées ! Dans le cadre d'une randonnée à la journée, les principaux sommets de cette chaîne sont relativement exigeants avec des dénivelés largement supérieurs à 1000 mètres, mais leur renommée est suffisante pour vouloir s'y lancer... Par quel sommet commencer ? Il y a de la concurrence parmi les plus de 2500 mètres ! Pour ne citer que les plus connus : Punta Minuta, Capu Larghia, Capu a u Verdatu, Capu Biancu, Capu Falu... Ce dernier, peut-être le moins fréquenté, légèrement au sud de la ligne de crête principale, s'imposait clairement à nous : nous l'avions déjà repéré depuis Paglia Orba, Monte Cinto et même Cima a i Mori... De plus son accès le plus commode emprunte par la vallée du Viru, que nous n'avions jamais vue de près ! Enfin, cette série de photos hivernales offerts par Fred montant Paglia Orba et la Grande Barrière m'avait, à elle seule, convaincu de mettre Capu Falu en tête de la liste. |
![]() | Téléchargez falu.gpx, la trace GPS de la rando avec 302 points de passage (pour son utilisation, voir la page conseils) ; pour un affichage direct dans Google Earth : falu.kml Survolez le trajet avec Google Earth via Sitytrail.com et tracegps.com... |
Les mêmes photos allaient aussi être déterminantes dans le choix de l'itinéraire d'accès : en effet trois voies sont proposées dans le guide Didier Richard : par le col de Crucetta, par le lac du Cinto (dont voici la description partielle par un botaniste, en 1908), ou par la face sud-ouest ; c'est depuis ce dernier itinéraire passant par les bergeries de Tilarba, que les photos de Fred avaient été prises... Etant le plus facile techniquement selon le guide, je le choisis donc sans arrière pensée pour l'aller ; quant au retour, en fonction des circonstances la descente par le col de Crucetta et le refuge de Tighiettu par des sentiers bien tracés me paraît à priori séduisante. La balade étant assez longue, avec quelques 1400 mètres à monter, un départ de bonne heure s'impose. En partant aux environs de 6h du matin de l'Ostriconi, nous serons ainsi à pied d'œuvre à 7h20. Auparavant, sur la petite route entre Albertacce et Calasima, quelques arrêts pour admirer Paglia Orba éclairée par le soleil matinal s'imposent ! Ne sachant pas trop où garer la voiture sur cette route qui devient une piste, bonne au départ et se dégradant progressivement, nous choisissons de nous arrêter sur un grand élargissement qui doit être plus ou moins considéré comme un parking aux heures d'affluences... La première demi-heure consiste à suivre l'itinéraire vers les bergeries de Ballone qui rejoint le GR20, avec un raccourci bien balisé permettant d'éviter en grande partie la piste utilisable en 4*4. Après avoir rejoint à nouveau la piste le temps d'un premier lacet, nous court-circuitons le second lacet, pour nous retrouver au pied du petit vallon dégagé d'Erbaniccia, dans lequel doit se trouver le sentier menant aux bergeries de Tilarba. Ce sentier apparaît en rouge sur la dernière édition de la carte IGN au 25000, et propose de rejoindre Calasima par les bergeries de Tilarba et de Costa Arsa (une future idée pour une chouette rando permettant de dominer les Cinque Frati depuis Monte Albanu)... Il faut bien avouer que nous n'avons pas réussi à identifier le départ du sentier (en fait nous constaterons au retour qu'il démarre au sud du vallon, en limite de forêt), mais quelques traces permettent de progresser facilement sur la végétation basse. En fait, 50m plus haut, nous trouverons le sentier, à peine marqué par quelques cairns. Les ruines de bergeries situées à 1460m sont l'occasion d'une petite halte à 8h30, pour constater que nous avons gagné quelques 300 mètres... et qu'il en reste 1100 jusqu'à Capu Falu ! Depuis ces ruines, jusqu'aux bergeries de Tilarba, le sentier devient très correct et permet dans une belle forêt de gagner rapidement près de deux cent mètres supplémentaires... Il valait mieux profiter de ce tronçon fort agréable pour les pieds, car à partir de là, nous ne verrons plus de sentier jusqu'à 17h00 ! |
Les indications pour la suite sont assez sommaires dans le guide Didier Richard, mais il paraît difficile de se fourvoyer : le ravin de Solajolu (qui mériterait plutôt une appellation « vallon » que « ravin ») est le seul vallon du secteur. Un bon kilomètre direction Nord, puis un bon kilomètre direction Nord Nord-est permettent en effet d'atteindre le pied de la face Sud-ouest de Capu Falu. Sur le tronçon direction Nord, il suffit de suivre au mieux des traces laissées par les animaux dans la végétation basse en gagnant de l'altitude, tout en restant bien au-dessus du ruisseau. Le trajet que nous avons suivi dans cette partie est à conseiller si vous utilisez l'enregistrement GPS. La vue sur Paglia Orba et la Grande Barrière qui s'ouvre progressivement vaut à elle seule cette balade ! Après l'inflexion du vallon vers la droite, nous apercevons enfin Capu Falu au fond du vallon (voir cette photo prise au retour)... Il ne semble pas très loin, mais il reste pourtant plus de 600 mètres à grimper ! Un peu plus tard, arrivés vers 2100 mètres, nous nous retrouvons devant des massifs d'aunes. Faut-il chercher un passage ou bien les contourner par le pierrier qui descend du sommet ? C'est la seconde solution que nous finissons par choisir, mais à posteriori, je crois bien que les aunes auraient permis une progression plus sympathique dans un premier temps... En effet un pierrier, ce n'est en général pas très agréable ; celui-ci est de taille (près de 400 mètres de dénivelé), et surtout les pierres de petite taille y sont très instables sous nos pieds : un bilan du genre « un pas en avant » suivi d'un « demi pas en glissade arrière » ! Lorsque nous arrivons vers 2400 mètres au pied des rochers terminaux de Capu Falu, nous sommes tous bien fatigués après nous être acharnés sur ce pierrier (nous aurions sans doute dû essayer de le monter plus tranquillement...) Trop fatigués pour nous lancer immédiatement à l'assaut des rochers sommitaux, nous décidons de pique-niquer sur place : un belvédère surplombant l'ensemble du cirque de la vallée du Viru, de Capu Larghia à Paglia Orba. Durant le repas, nous discutons de la suite du programme : tentons-nous le retour par le col de Crucetta, ou bien par le même itinéraire ? Sophie n'est pas très inspirée par la falaise sud-ouest de Capu Falu qui nous surplombe... même s'il est exclu de la grimper... Ne sentant pas Sophie en forme pour monter au sommet, je lui propose de faire une sieste sur place, pendant que Thomas moi essaierons d'y aller sans sac à dos. Cette proposition lui convenant à merveille, c'est donc ce qui est retenu, ce qui exclut un retour par le col de Crucetta... |
Nous voilà donc repartis à deux pour contourner par le sud les falaises de Capu Falu en empruntant la suite du pierrier, un peu plus stable maintenant. Très naturellement après avoir escaladé quelques rochers faciles, nous arrivons sur un premier sommet à 2500 mètres d'altitude. A partir de celui-ci on arrive à visualiser un trajet relativement facile permettant d'accéder au sommet devant nous, en contournant l'arête principale par l'Est... Nous y arriverons quelques minutes plus tard, pour constater qu'il s'agit seulement du sommet « Sud » et que le sommet « Nord » plus haut de quelques mètres reste à escalader ! A ce moment là nous entendons des bruits de cailloux déplacés... Je suis aux aguets... un mouflon apparaît derrière un rocher à moins d'une dizaine de mètres, s'arrête pendant une seconde en nous regardant, puis s'enfuit en disparaissant derrière d'autres rochers ! A peine trois ou quatre secondes en tout, mais je n'avais jamais vu un mouflon de si près ! Bien entendu, mon appareil photo était dans son étui à ce moment là : je ne pourrai donc pas vous faire partager visuellement ces quelques instants ! Après ce cadeau, nous repartons pour parcourir l'arête jusqu'au sommet Nord, une bonne cinquantaine de mètres plus loin. Le sommet lui-même n'est pas très large, et il vaut mieux ne pas avoir le vertige pour s'y tenir debout, ou prendre des photos... Le sommet est marqué par un petit cairn, ce qui me fait penser que nous n'en avons pas vu un seul durant l'ascension... il ne doit vraiment pas y avoir beaucoup de clients pour ce sommet... ce qui peut aussi expliquer la surprise sans doute réciproque de voir un mouflon si proche ! En tout cas le belvédère est particulièrement séduisant, avec plusieurs sommets proches : Monte Cinto bien sûr (où nous apercevons des randonneurs), la crête qui descend progressivement vers le col de Crucetta en passant par la Pointe des Eboulis, puis Capu Larghia et Punta Minuta ! Plus loin au Nord, Monte Corona où nous étions il y a 48 heures ! A Muvrella... il y a 9ans ! Vers le Sud-ouest Nous dominons la Grande Barrière avec Paglia Orba et Capu Tafonatu en enfilade : d'ici, ils paraissent un peu moins impressionnants que durant la montée. Bien plus loin, au Sud, Monte Rotondo et les sommets de la Restonica ; vers l'est, au-dessus du lac du Cinto, Capu a u Verdatu et au loin Cima a i Mori. Avant de reprendre le chemin du retour, j'essaie de repérer la descente vers le col de Crucetta, pour une prochaine occasion peut-être... Ce qui semble clair, c'est que la descente initiale est fort aérienne, et n'aurait pas été facile, dans ce sens en tout cas ! Pas trop de regrets donc ! |
Nous rejoignons par le même itinéraire Sophie qui en a profité pour se reposer pendant une bonne heure supplémentaire ! Un peu de repos pour nous aussi, permettant d'examiner les faces Sud de Punta Minuta et de Capu Larghia sous toutes leurs coutures... La descente sur les pierriers est fort agréable (sauf pour les semelles des chaussures...), si on accepte de se laisser glisser un peu à chaque pas... Pas question de passer par les aunes dans le sens de la descente ! Le spectacle Grande Barrière & Paglia Orba est maintenant en face de nous ! En hiver, une telle descente à ski est sans doute une des plus belles qu'on puisse imaginer. Après le pierrier, nous nous servons du GPS pour suivre exactement la même trace qu'à l'aller, puisque le trajet semblait quasi idéal, et nous nous retrouverons ainsi à la bergerie vers 17h00, pour une nouvelle pause bien méritée. La Grande Barrière, à contre-jour nous offre encore un beau spectacle, avec des rayons du soleil particulièrement mis en évidence par ses ciselures... Comme il ne nous reste plus beaucoup d'eau, nous partons à la recherche de la source figurant le long du ruisseau selon la carte IGN... Thomas part en premier, je vais le rejoindre dans ses recherches alors qu'il s'apprête à abandonner... nous ne serons pas plus efficaces à deux : il va falloir se contenter de l'eau du ruisseau avec une pastille de Micropur... qui la rendra potable... lorsque nous serons arrivés ! (j'exagère un peu). Lorsque nous nous décidons à repartir, en contournant l'enclos où nous nous reposions, nous avons la surprise de trouver la source juste derrière le muret !!! Il ne fallait pas la chercher à 20 mètres, mais à 2m !!! L'arrêt se prolonge donc pour boire en grande quantité cette eau bien fraîche... et remplacer l'eau parfumée au Micropur de nos gourdes ! Après avoir enfin retrouvé un sentier, et plus tard la piste, la fin de la balade nous offrira un superbe spectacle, le soleil jouant avec les nuages et les cimes des Cinque Frati. Nous retrouvons la voiture aux alentours de 19h : presque 12 heures d'amplitude horaire pour cette balade qui a rempli toutes ses promesses (ou presque... sommet non atteint par Sophie et pas de retour par le col de Crucetta). La prochaine fois, nous commencerons la boucle par le col de Crucetta ! |