Monte Albanu


               Les conditions météorologiques mi-juillet 2013 étaient exceptionnellement mauvaises en Corse : si le temps était beau le matin, des orages plus ou moins violents se déclaraient à peu près tous les jours entre 14h et 16h. Pas question donc de se lancer dans la sortie bivouac qui va encore être décalée, mais il faut trouver des solutions alternatives permettant d'être rentré tôt dans l'après-midi (ou au moins de ne plus se trouver dans des zones à risques de foudroiement élevés à partir de 14h).
               Cette année nous sommes accompagnés de Philippe et Chantal, qui ne connaissaient pas la montagne Corse, mais sont des habitués des courses dans les Alpes ; après une première randonnée sur Punta Licciola l'avant-veille, nous avons décidé de tenter une boucle vers ce sommet à priori légèrement plus facile : autant ne pas trop nous fatiguer avant le trek que nous espérions engager le lendemain ou le surlendemain, si la météo voulait bien s'arranger.


Réalisé d'après carte IGN 4250OT Corte Monte Cinto
Téléchargez albanu.gpx, la trace GPS de la randonnée avec ses 499 cairns virtuels
(pour leur utilisation, voir la page conseils) ; pour un affichage direct dans Google Earth : albanu.kml
Survolez le trajet avec Google Earth via Sitytrail.com et tracegps.com...

  Profil vertical de la randonnée


               Nous garons notre véhicule sur un petit parking à l'entrée du minuscule village de Calasima, par ailleurs le plus haut de Corse à 1100 mètres d'altitude. Notre départ à 7h25 est relativement matinal, avec l'objectif d'un retour avant les orages de l'après-midi. Nous prenons la route en sens inverse sur une centaine de mètres, puis après avoir traversé le pont sur le ruisseau de Sanbuchellu, nous nous engageons sur le sentier relativement bien marqué menant à Poggio di Lozzi. Une petite demi-heure plus tard, nous bifurquons à gauche pour suivre la trace qui doit permettre de s'enfoncer dans le vallon, avec dans un premier temps un parcours presque horizontal.
               Très vite la trace s'amenuise puis disparaît... Nous poursuivons tout de même sur un sol herbeux relativement praticable, même si nous avançons bien moins vite que sur un sentier. Quelques effleurements rocheux qu'il faut négocier ralentissent encore notre progression. Quelques 500 mètres plus loin, nous sommes rassurés car nous apercevons un bon sentier en contrebas, que nous rejoignons un peu avant le ravin du Larcione. En examinant ma trace GPS sur GoogleEarth où le sentier est visible, je me rendrai compte, en rédigeant cette page, que nous avons pris une mauvaise trace peu après la bifurcation... et que le tracé sur la cartographie du logiciel IGN rando ne correspond pas au sentier, mais à peu près à notre mauvais parcours (la correction a été faite sur la carte IGN la plus récente). L'utilisation du GPS pour suivre un itinéraire cartographié approximatif peut aussi jouer des tours... De même si vous utilisez notre enregistrement GPS, trouvez et prenez la trace (en pointillé sur le schéma ci-dessus), partant vers la gauche une centaine de mètres après avoir quitté le sentier de Poggio di Lozzi !
               Le vallon de Sambuchellu que nous dominons en rive gauche est splendide, avec une alternance harmonieuse de zones herbeuses et rocheuses, souvent en dalles, et de nombreuses petites cascades sur le cours du ruisseau. Il doit être possible et intéressant de le remonter jusqu'au fond du cirque, pour peut-être basculer ensuite dans un des vallons adjacents. Toujours est-il qu'aujourd'hui, nous le quitterons au niveau des bergeries de Costa Arsa, après avoir remonté les 2/3 du vallon.
               Plus d'autre souci de cheminement sur le sentier en bon état, même si plus tard, en approchant des bergeries nous avons un peu de mal à deviner leur emplacement sur l'autre rive. Cette fois-ci, nos références cartographiques sur le GPS sont correctes, et nous traversons donc le ruisseau de Sambuchellu au bon endroit ! Nous n'avons pas été bien rapides sur cette partie du parcours puisque nous avons gagné 500 mètres et parcouru 4km en 2h30 depuis le départ...
               Depuis les bergeries de Costa Arsa, on devine aisément l'itinéraire de montée ver le col, notre prochain objectif. La dernière tête des Cinque Frati se fait bien remarquer, mais Monte Albanu, même s'il est un peu plus haut semble bien modeste en comparaison. Le sentier est de bonne qualité et grimpe régulièrement vers le col à 1920 mètres d'altitude, ce qui nous permet de retrouver un rythme plus habituel de progression.
               En arrivant au col, le paysage s'ouvre sur toute la Grande Barrière, depuis Paglia Orba jusqu'à Punta Minuta. Le Col de Serra Pianella, nous rappelle également des souvenirs. En contrebas se trouvent les bergeries de Tilarba que nous avons côtoyées lors de notre ascension de Capu Falu. Ce sommet qui est le point culminant au-dessus du vallon de Sambuchellu est en ce moment caché par les nuages, tout comme d'ailleurs une grande partie de la crête de l'Inzecche qui y mène.


Punta di Castelluccia, Punta Licciola, Punta di Tula et Paglia Orba, vus depuis P1 une centaine de mètres au-dessus de Calasima Zoom sur Calasima depuis P2, trente minutes après le départ en quittant le sentier menant à Poggio di Lozzi Depuis P3, le vallon de Sambuchellu fermé par Capu Falu, avec les Cinque Frati à gauche Depuis P4, le fond du vallon de Sambuchellu ; on peut deviner les bergeries de Costa Arsa vers le milieu de la photo, à gauche du ruisseau Regard en arrière depuis P4 vers Calasima ; Monte Rotondo tout à gauche et Punta Artica au tiers droit

Cresta di l'Inzecche depuis P4 avec tout à gauche le dernier des Cinque Frati, ensuite Monte Albanu puis notre col vers le centre Le ruisseau de Sambuchellu en aval des bergeries de Costa Arsa qu'on devine en haut à gauche de la photo Les bergeries de Costa Arsa implantées en rive droite du ruisseau de Sambuchellu Depuis les bergeries de Costa Arsa, zoom sur le fond du vallon de Sambuchellu que les nuages commencent à envahir

Depuis les bergeries de Costa Arsa, vers la gauche le dernier des Cinque Frati, et notre col vers le centre En arrivant au col, voici la Grande Barrière et Paglia Orba masqée par un nuage Zoom sur Paglia Orba avec à gauche Bocca di Foggiale où passe le GR20 Zoom sur Capu Ucellu et les dalles rocheuses permettant d'accéder au sommet La Grande Barrière avec à gauche Paglia Orba sous un nuage et à droite Punta Minuta sous un nuage


               Après une petite pause, nous mettons le cap vers Monte Albanu, qui culmine une centaine de mètres plus haut, 250 mètres plus au Sud. La trace qui y mène est cairnée, et ne présente pas de difficulté, si ce n'est, tout près du sommet, un couloir cheminée facile, qui peut toutefois impressionner les randonneurs n'ayant pas l'habitude de ce type de terrain.
               Depuis le sommet, les deux dernières têtes des Cinque Frati ont une fière allure au-dessus de la vallée du Golo. Au Sud-Ouest, Punta Licciola attire également notre attention, puisque nous y avons été l'avant veille. Le panorama est très large vers le Sud, mais la couverture nuageuse qui ne cesse de s'épaissir masque certains grands sommets comme Monte Rotondo et en ombrage beaucoup d'autres comme Punta Artica. Le fond de l'air un peu brumeux n'arrange rien : vers l'Est, on ne peut que deviner Monte San Petrone ou Punta di Caldane. Plus près de nous, Monte Pinerole que nous visiterons le surlendemain se distingue bien au dessus de Calacuccia. Au Nord, si Capu Falu est toujours masqué par les nuages, une petite éclaircie permet d'entrevoir une bonne partie de la crête de l'Inzecche, avec Capu Larghia en second plan.


Le lac de Calacucia et la vallée du Golo ; Monte Pinerole au tiers droit Les deux têtes les plus septentrionales et les plus élevées des Cinque Frati ; Monte Rotondo au loin dans les nuages La ligne de crête entre Capu di u Facciatu et le col de Saint  Pierre, via Punta Artica et Capu a u Tozzu Punta di a Scupiccia, puis la crête de Lemidu menant à Punta di Castelluccia et Punta Licciola, puis Punta di Tula et Bocca di Foggiale La Grande Barrière avec Paglia Orba coiffée par un nuage ; Capu Ucellu au centre et Capu Tighiettu un peu plus à droite

Cresta di l'Inzecche menant à Capu Falu caché par un nuage ; au delà, Punta Minuta et Capu Larghia Le vallon de Sambuchellu en amont des bergeries de Costa Arsa Zoom sur Calacuccia, à gauche du lac éponyme Zoom sur les deux têtes les plus élevées des Cinque Frati

Punta Artica au tiers droit et Capu di u Facciatu au tiers gauche ; Monte Rotondo un peu plus à gauche, caché par les nuages Au centre, Bocca a Stazzona derrière lequel se cache le lac de Nino ; Capu a u Tozzu à sa droite Punta di Castelluccia et Punta Licciola, puis Bocca a e Sponde et Punta di Tula Le vallon à l'ouest du col, en amont des bergeries de Tilarba Zoom sur Punta Minuta, Capu Rossu et Capu Larghia séparés respectivement par Bocca Rossa et Bocca Pampanosa


               Nous redescendons au col, un meilleur endroit pour notre pique-nique. Pendant cette seconde halte au col, une éclaircie nous permettra enfin d'apercevoir Capu Falu et même de deviner Monte Cinto. Petite surprise durant le repas : quatre randonneurs en provenance du vallon de Tilarba arrivent au col et s'y installent également pour leur déjeuner : cet itinéraire serait-il plus fréquenté que je ne l'imaginais ?
               Vers 12h30, compte tenu de l'évolution des conditions météo et des prévisions d'orage pour l'après-midi, nous décidons de repartir, en empruntant cette-fois le vallon de Tilarba, avec un itinéraire que je connais déjà à partir des bergeries. Si le sentier est bien marqué en début de descente, cela se gâte un peu par la suite, en approchant des bergeries de Tilarba. De manière tout à fait involontaire, nous prendrons un raccourci coupant le dernier grand lacet avant les bergeries.
               Il y a une source aux bergeries mêmes, le long d'un des murets ; nous avions eu du mal à la trouver au dernier passage, mais je pensais que cette fois-ci, ma mémoire suffirait... Et bien non ! Comme nous n'avons pas besoin de nous ravitailler en eau, et que le ciel qui s'assombrit encore invite à ne pas traîner, nous traversons donc les bergeries sans avoir revu la source.
               Après les bergeries, la seule difficulté pour la suite est de repérer le sentier, à l'endroit où celui-ci retraverse le ruisseau. Avec la trace GPS, de notre précédent parcours, ce n'est bien sûr qu'une formalité. Ensuite, il est bien tracé jusqu'à la piste menant aux bergeries de Ballone. Dans le secteur des bergeries ruinées d'Erbariccia, là où le sentier met cap au Sud, nous commençons à entendre des coups de tonnerre au loin, alors qu'il n'est que 13h30... puis les premières gouttes de pluie vingt minutes plus tard, en atteignant la piste.
               Plus de tonnerre, mais la pluie s'intensifie progressivement, et après une tentative de nous mettre à l'abri sous un arbre, nous décidons de continuer sous la pluie. La piste fait deux grands lacets qui rallongent notablement le parcours. Aux virages respectifs, nous trouvons une trace plus ou moins bien marquée qui permet de court-circuiter sans mal ces détours. Le deuxième raccourci nous mène à l'endroit même où il convient de garer une voiture normale, si on veut remonter la vallée du Viro. Il ne reste plus que 3 bons kilomètres à parcourir, d'abord sur la piste, ensuite sur l'asphalte pour rejoindre Calasima et notre voiture. Nous y arrivons à 15h, au moment même où il s'arrête de pleuvoir !


Retour au col : en une heure, le ciel c'est bien chargé dans le secteur de Paglia Orba Cresta di l'Inzecche menant à Capu Falu un peu caché par un nuage ; au second plan à gauche, Punta Minuta Zoom depuis le col sur Punta Minuta et Capu Rossu Au col, une éclaircie nous permet de voir Capu Falu, au-dessus du fond du vallon de Sambuchellu

Depuis P5, le vallon de Tilarba ; on devine les bergeries éponymes Zoom sur les bergeries de Tilarba depuis P5 Depuis P6, avec Paglia Orba en face : le sentier permettre de rejoindre la vallée du Viro Depuis P6, Punta Licciola à gauche et Paglia Orba à droite Depuis P6, le vallon en S et les dalles permettant d'accéder à Capu Ucellu



Monte Albanu : un sommet méconnu, tout proche des Cinque Frati disposant d'un panorama original sur les plus hauts sommets de Corse



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