Nous n'avions encore jamais exploré le moindre sommet du Cap Corse, en raison de leur éloignement par rapport à nos différents lieux de séjour d'une part et de la chaleur prévisible en été compte tenu de leurs altitudes relativement faibles d'autre part. C'est une des raisons pour lesquelles nous avons choisi, ce printemps 2015, de nous baser quelques jours dans la commune de Patrimonio, quelques kilomètres à l'Est de Saint Florent. Et c'est donc bien à dessein que j'ai pris quelques photos des sommets du Cap Corse lors de notre arrivée à Bastia... En essayant d'imaginer un itinéraire passant par les deux principaux sommets, Monte Stello (1307m) et Cima di e Follicie (1322m), une boucle au départ d'Olcani, assortie d'un aller retour optionnel vers le second promontoire semblait la solution la mieux adaptée. Un objectif toutefois relativement ambitieux : près de 25km et 1500 mètres de dénivelé pour l'ensemble de la rando... Etant accompagnés de Françoise et Dominique pour qui ces chiffres n'auraient pas été acceptables, l'objectif affiché était donc de faire la « boucle du Stello », quitte à rallonger de deux bonnes heures en fonction du temps disponible et de l'état de fatigue. A noter que si, depuis la côte Est, le plus simple pour atteindre Cima di e Follicie est bien de démarrer à Olcani, il est un peu plus facile de partir de Poggio (commune d'Olmeta di Capocorso) pour un aller-retour vers Monte Stello. |
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Le départ de notre boucle se situe au niveau de la dernière épingle à cheveux de la D223 avant le hameau de Lainosa (commune d'Olcani) à 300 mètres d'altitude. Le véhicule est garé sans difficulté en ce point. Le sentier sur lequel nous nous engageons peu après 9h00 permettrait de rejoindre Nonza assez facilement, mais notre objectif est de quitter assez rapidement cet itinéraire classique pour mettre le cap sur Bocca di Puratellu et basculer dans le vallon classiquement utilisé pour atteindre Monte Stello. Une éclaircie dans la végétation permet, en P1, de découvir les hameaux du village d'Olcani et de visualiser l'itinéraire retour depuis Bocca di San Giuavanni. Une nouvelle éclaircie en P2 nous offre une vue un peu plus large englobant Monte Pinzutu (un téton que nous venons de contourner), et bien sûr Cima di e Follicie, l'objectif optionnel de la randonnée. Le sentier de bonne qualité, monte relativement régulièrement, mais mes compagnons veulent surtout se réserver pour la suite du parcours ; ayant hâte d'atteindre Bocca di Puratellu (831m), je prends donc un peu d'avance, ce qui va permettre de m'offrir une pause assez longue au col. Une végétation haute d'environ deux mètres exige de rechercher un peu les points de vue... ceux-ci sont fort intéressants : au Nord, Cima di e Follicie et la ligne de crête vers Monte di a Cibiolla via Bocca di San Giuavanni ; à l'Est, Monte Stello et la crête vers Bocca di Santa Maria (que nous devrions frôler) et Monte Capra ; au Sud-ouest, je reconnais Cima a i Mori qui émerge au-dessus de Monte Astu (un autre objectif de cette année), Capu Biancu, Monte Cinto, Punta Minuta, Monte Padru, Monte Corona et Capu a u Dente ; tous ces sommets apparaissent au-dessus du golfe de Saint Florent et du désert des Agriates ; enfin à l'Ouest Cima di a Muzzicone me domine d'une trentaine de mètres et je regrette de ne pas avoir tenté de l'escalader en attendant mes compagnons. Pendant ce temps, des cumulus de plus en plus gros se forment derrière Monte Stello et la ligne de crête, et je deviens inquiet pour la suite... Rappelons que nous avons parcouru des crêtes dans le brouillard vers Capu Pulellu deux jours auparavant... Le temps que mes compagnons arrivent, prennent également quelques photos, nous voilà repartis vers 10h15 en direction de Monte Stello. Le sentier est quasiment plat jusqu'à l'intersection avec la voie normale en provenance de Poggio. Peu de temps après nous atteignons un ruisseau (probablement à sec en été). Il faut éviter de continuer à suivre le « sentier sec » qui mène à une source 300 mètres plus loin. Au contraire il faut emprunter à gauche le « sentier ruisseau » (en cette saison) relativement raide. Un peu plus loin l'itinéraire quitte le lit du ruisseau et redevient plus naturel à suivre. En P3, un regard en arrière nous permet de découvrir un panorama non seulement sur l'ensemble du vallon d'Olmeta di Capocorso, sur les hauts sommets que nous avions déjà aperçus à Bocca di Puratellu, mais aussi sur toute la côte depuis le désert des Agriates (notamment ses plages de Lodo et de Saleccia) jusqu'à la Pointe de la Revellata à l'Ouest de Calvi ! Encore une centaine de mètres à gagner et nous arrivons à l'intersection équipée d'un panneau indicateur (voir dernière photo de la série ci-dessous). Nous nous offrons un quart d'heure de pause. Si de gros cumulus n'avaient pas barré le versant Est semblant totalement accroché par les nuages, il aurait été tentant de faire un petit aller-retour vers Bocca di Santa Maria, une cinquantaine de mètres plus haut : l'itinéraire classique depuis la côte Est passe en effet par ce col. Aucun nuage de notre côté de la crête, pour l'instant en tout cas, et je redeviens un peu plus optimiste quant à l'évolution de la météo. Il nous reste encore 260 mètres à gravir pour atteindre le sommet de Monte Stello ; l'itinéraire longe le flanc ouest des crêtes tout en grimpant progressivement, puis il contourne Monte Stello dont on attaque sans difficulté les derniers contreforts par son flanc Nord. Il est 13h15 lorsque nous arrivons au sommet... les nuages occupent toujours tout le versant Est côté Sud du sommet, mais bizarrement vers le Nord, aucun nuage à l'horizon... sans doute à cause d'un vent relativement fort dont nous profitons maintenant et qui balaye les nuages à partir d'ici ! |
Nous ne verrons donc rien d'autre que des nuages dans le secteur Sud-Est : dommage, car certaines photos qu'on peut trouver sur Internet font découvrir de belles vues sur la plaine littorale au Sud de Bastia, avec notamment l'étang de Biguglia et l'aéroport de Bastia ainsi que sur les reliefs de la Castagniccia dont Monte San Petrone. En revanche le reste de l'horizon est totalement dégagé des nuages ; en limite gauche, on peut distinguer les pylônes de la Serra di Pigno, un sommet travers Bastia accessible par la route. Au Sud-Ouest, outre les reliefs proches, comme Cima di Gratera, Monte di Giagoppa ou Monte Prunu par exemple, et outre les hauts sommets qui étaient déjà visibles depuis Bocca di Puratellu, on distingue parfaitement Monte Rotondo, Punta Artica ou Monte Grosso par exemple. Plus près de nous, au fond du golfe au-delà de la crête entre Monte Prunu et l'Atornu, la zone autour de la citadelle de Saint Florent ainsi que le port se distinguent. A l'Ouest voici la côte Nord s'étendant entre le désert des Agriates et la Pointe de la Revellata, et plus près de nous deux zones de la côte Ouest du Cap Corse : l'Anse de Negru d'une part et Punta Bianca dominée par les anciennes carrières d'amiante de Canari d'autre part. En revanche, Nonza et sa plage qui seraient en partie visibles depuis Cima die Follicie sont cachés par la ligne de crête sur laquelle se trouve Bocca di Puratellu. Au Nord, à deux kilomètres, Monte di a Cibiolla avec son rocher se fait remarquer. Plus loin voici à nouveau Cima di e Follicie, le point culminant du Cap Corse, puis la ligne de crête qui passe par Bocca di a Serra, Croce Viezza et Monte Alticcione ; plus bas, on devine le champ d'éoliennes de Bettolacce situé à quelques cinq kilomètres de l'extrémité du Cap Corse. Voici ensuite la côte Est depuis le secteur de la pointe d'Agnello jusqu'à la Marine de Pietracorbara, la suite étant cachée par les nuages ; en cherchant bien, on arrive à deviner les îles Finocchiarola. Le vent est bien trop fort pour que nous puissions envisager de nous installer au sommet : nous trouvons donc refuge une quinzaine de mètres plus bas derrière les murets ruinés d'une ancienne construction. C'est là que nous prenons une collation bien méritée. Nous resterons près d'une heure dans le secteur du sommet, avant de mettre le cap sur Bocca di San Giuvanni. |
Le tronçon entre Monte Stello et Bocca di San Giuvanni est sans aucun doute la partie la plus variée et la plus intéressante du parcours. Après avoir quitté la zone sommitale sans trace réellement marquée, il s'agit dans un premier temps de trouver le départ du cheminement qui traverse quelques massifs végétaux un peu touffus. Une centaine de mètres au-dessous du sommet, en P5, nous voilà enfin quelque peu éloignés des nuages, ce qui nous permet de détailler la ligne de crête descendant vers Cima di Guaita et la côte Est. La Marine de Sisco commence également à être visible. La végétation est maintenant basse et le sentier bien tracé se faufile entre les petits bosquets et quelques rochers qui parsèment le paysage. En P6 en regardant en arrière nous retrouvons Monte Stello avec son relais de télécommunications, toujours en limite des nuages ; à notre droite une rangée d'empilements rocheux marquant la ligne de crête, et devant nous, au delà du petit col de Monte Corvo, voici une zone un peu plus tourmentée vers Monte di a Cibiolla. Aucun obstacle ne semble nous séparer de ce sommet, mais je ne tiens pas à trop à nous attarder (avec toujours l'objectif de Cima di e Follicie dans ma tête), car le sentier contourne largement le sommet. Nous regagnons maintenant quelques dizaines de mètres d'altitude pour profiter, en P7, d'un large panorama sur la côte Est depuis le secteur de la pointe d'Agnello jusqu'à la Marine de Sisco puis sur la ligne de crête remontant vers Monte Stello avec Cima di Guaita, Punta Chiatra et la piste montant à Stagnilli. L'itinéraire emprunte maintenant le versant Est, versant d'ailleurs de plus en plus tourmenté, cela jusqu'à P9 où nous retrouvons une vue panoramique : vers l'Ouest, la présence du contre-jour met en relief les différents caps lointains de la Balagne que sont l'Île Rousse, Punta di Vallitone, Punta Spanu et la pointe de la Revellata ; devant nous voici Bocca di San Giuvanni et Cima di e Follicie alors que vers l'Est nous dominons le vallon de la commune de Sisco avec ses nombreux hameaux et l'église de Saint Martin qui se fait particulièrement remarquer. Comme souvent au niveau des cols, un vent violent nous accueille à Bocca di San Giuvanni où nous arrivons peu après 16h00 et nous ne nous y attarderons que quelques minutes, malgré l'intérêt des lieux : En sus du panorama sur les deux côtes, de la vue sur les falaises Nord de Monte di a Cibiolla, une chapelle érigée à quelques mètres du col enrichit agréablement le paysage. J'essaye bien entendu de convaincre le groupe qu'un aller retour vers Cima di e Follicie est parfaitement négociable avec un retour avant la nuit, mais la vigueur du vent aide à provoquer un net refus de mes trois autres compagnons qui m'ont certes proposé d'y aller tout seul : nous nous retrouverions alors au hameau de Lainosa, non loin de la voiture. Ne souhaitant pas faire tout seul l'aller-retour vers le sommet, ni faire attendre mes compagnons pendant plus d'une heure, je me range à l'idée de redescendre directement vers notre point de départ... avec donc de bonnes raisons pour retrouver ce secteur une autre année ! |
La rentrée s'annonce facile puisqu'il suffit de suivre la piste en prenant les sentiers qui raccourcissent le parcours entre les épingles à cheveux. Poussés par le vent, nous nous engageons sur la piste... et manquons le premier embranchement du raccourci... Nous voyons le sentier en contrebas un peu tard pour faire demi-tour, et un peu trop difficile à rattraper directement... avec un bon kilomètre supplémentaire à la clé ! Une trace permet de rejoindre le raccourci en P10... pas forcement une bonne idée car nous allons très vite recroiser la piste... Tiens il n'y a presque plus de vent ! Nous empruntons maintenant le bon raccourci (même si nous devons au passage escalader une barrière avant de retrouver la piste). Un peu plus loin, nouveau problème : nous prenons un raccourci qui coupe une petite épingle à cheveux, alors que je pensais avoir trouvé le cheminement laissant les villages de la commune d'Olcani sur notre droite... Tant pis, cela nous permettra du coup de découvrir le hameau de Lainosa avec cette fois-ci près de deux kilomètres supplémentaires ! Arrivés au village, et pour être sûr de moi, je demande par où passer pour retrouver la D223... on nous indique la direction d'une rue qui se transforme en sentier (qui rejoint effectivement la D233, mais bien en aval de notre voiture)... Pour éviter de faire demi-tour, nous empruntons une « ruelle » très étroite, c'est le moins que l'on puisse dire, ruelle qui ne doit que très rarement accueillir des touristes ou des randonneurs ! Une fois la D233 trouvée au bout de la ruelle, rejoindre notre voiture ne sera bien sûr qu'une simple formalité. Avec toutes ces petites péripéties, nous y arrivons à 18h30 après une boucle d'une durée de 9h30. Nous n'avons pas été particulièrement rapides durant ce parcours, et on doit facilement pouvoir réduire la durée de la boucle d'une ou deux heures. |