Les conditions météorologiques mi-juillet 2013 étaient exceptionnellement mauvaises en Corse : si le temps était beau le matin, des orages plus ou moins violents se déclaraient à peu près tous les jours entre 14h et 16h. Pas question donc de se lancer dans la sortie bivouac prévue, mais il faut trouver des solutions alternatives permettant d'être rentré tôt dans l'après-midi (ou au moins de ne plus se trouver dans des zones à risques de foudroiement élevés à partir de 14h). Cette année nous sommes accompagnés de Philippe et Chantal, qui ne connaissaient pas la montagne Corse, mais sont des habitués des courses dans les Alpes ; pour cette mise en jambe nous nous mettons d'accord pour une rando pas trop difficile avec un dénivelé de l'ordre de 1000 mètres : Punta Licciola semble un bon objectif, d'autant plus qu'une grande partie de l'itinéraire se déroule sur une partie facile du GR20. En revanche, un départ matinal sera nécessaire pour garantir le retour avant les orages. |
Départ à 6h45 au parking du Fer à Cheval : certes tôt, mais bien plus tard que la dernière fois que nous avons pris le même sentier, il y a une dizaine d'années, lors de notre première ascension de Paglia Orba (nous étions alors partis de ce même point, à 5h du matin, et il faisait nuit noire). D'autres randonneurs se préparent , mais j'imagine que compte tenu des prévisions météo, ils ont des objectifs moins importants. Au bout d'une dizaine de minutes, après avoir gagné une cinquantaine de mètres d'altitude, nous rejoignons le GR20 qui chemine plus ou moins en courbe de niveau jusqu'à la passerelle du Golo où nous arrivons à 7h30. Entre temps, le GR20 côtoie les bergeries de Radule et offre un point de vue sur la cascade éponyme. Après cette passerelle, le sentier remonte le vallon relativement encaissé du Golo, pour atteindre une seconde passerelle, qui n'existait pas en 2003 : on traversait alors la rivière à gué, au Plan de la Croix, où de belles vasques invitent à la baignade. Toujours est-il que le GR20 contourne aujourd'hui ces vasques par le Sud-est. Le vallon s'élargit maintenant, et remonte en pente douce en direction des bergeries de Tula. Une demi-heure plus tard, le ravin de Sponde se repère facilement sur la droite : sa remontée ne paraît pas trop difficile, mais nous nous posons quelques questions sur la meilleure façon de l'attaquer, en fonction de la végétation et de la présence de quelques petites barres rocheuses. En fait après avoir traversé le Golo, et commencé à remonter le vallon en rive gauche (donc à droite du ruisseau de Sponde), nous avons rapidement trouvé une trace cairnée, avec même quelques marques de balisage liées sans doute à l'accès de la station météo automatique de Sponde. En regardant en arrière, vers le Sud-Ouest, nous reconnaissons Punta di e Cricche et Bocca di Guagnerola, alors qu'à l'Ouest, la portion du GR20 entre le fond de vallée et la crête met en évidence criante les effets d'une fréquentation importante associés à des écarts des randonneurs par rapport au sentier d'origine. Un peu au delà de la moitié du ravin de Sponde, nous traversons le ruisseau pour passer en rive droite, en évitant ainsi un grand champ d'aulnes. Sans difficulté particulière, nous arrivons à la station météo, légèrement en contrebas du col à 9h30 après une heure de remontée du ravin de Sponde. Un petit quart d'heure de pause est ici l'occasion de grignoter quelques provisions, d'autant plus que le petit déjeuner était fort matinal ! |
La ligne de crête menant à Punta Licciola présente un premier obstacle qu'il faut contourner ; nous choisissons le versant Sud en raison de l'absence d'aulnes et nous y remarquerons quelques cairns confirmant le bien fondé de notre décision. La progression le long de la ligne de crête reste ensuite facile jusqu'à trouver des amoncellements de blocs rocheux entrecoupés de quelques massifs d'aulnes. Sans difficulté technique, ni passage exposé, il convient toutefois d'y trouver le cheminement le plus aisé. Une heure environ après la station météo du col de Sponde nous arrivons au sommet, alors que des rues de nuages commencent à envahir le ciel au-dessus de la Grande Barrière et des crêtes menant au Cinto. Ils ne sont pas encore menaçants mais il n'est que onze heures du matin, et il ne faudra pas trop s'attarder au sommet. Le panorama est splendide, mais vers l'Est et le Sud, les conditions météo ne sont pas idéales compte tenu des nombreux nuages et du contre-jour. En revanche, l'horizon dans le secteur Ouest est parfaitement dégagé, et nous y bénéficions d'un bel éclairage. Nous devinons le golfe de Sagone et le golfe de Porto avec Capu d'Orto et Capu San Petru en bordure de ce dernier. Plus près de nous, Punta di e Cricche et Capu a a Cuccula, puis Capu a e Ghiarghiole, et bien évidemment Capu Tafonatu et Paglia Orba. Parmi les autres sommets proches, se font particulièrement remarquer les Cinque Frati, que nous verrons de près le surlendemain, depuis Monte Albanu... et parmi les nombreux autres sommets bien visibles que nous avons gravis, mentionnons au moins Punta Minuta, Monte Cinto et Monte Rotondo ! Compte tenu des prévisions orageuses, il est exclu de faire un peu de reconnaissance depuis le sommet ; il aurait pu être ludique de vérifier l'accessibilité de l'antécime particulièrement bien marquée à l'Est ou de grimper sur Punta di Castelluccia au Sud, ce dernier sommet nécessitant un pas d'escalade. Par ailleurs, peut-on imaginer un accès à Punta Licciola depuis la crête de Lemidu ? En tout cas, un terrain relativement compliqué, puis des dalles inclinées en approchant du col nous séparant de Punta di Castelluccia seraient à négocier... |
Nous reprenons le chemin du retour avant midi, par le même itinéraire, à quelques petites variantes près, jusqu'à la cascade de Radule. Petite anecdote : en arrivant sur le GR20, nous nous retrouvons avec un groupe d'une dizaine de personnes et son guide. Ce dernier nous avait repéré pendant notre descente du ravin de Sponde, et nous a interrogés sur le programme de notre journée, programme qui l'a surpris... Un nouvel exemple qui démontre que, hors des itinéraires classiques, la montagne corse reste très peu fréquentée ! Je précise d'ailleurs que nous n'avons bien évidemment rencontré personne entre 8h30 et 15h30, donc entre la bifurcation avec le GR20 et le sommet. Un peu plus tard, nous avons provisoirement quitté la nouvelle branche du GR20 au niveau du Plan de la Croix pour retrouver le gué et les belles vasques dans lesquelles nous avions nagé dix ans auparavant. Cette fois-ci, le ciel est bien couvert, il le restera pendant la pause d'une vingtaine de minutes. Malgré quelques hésitations, j'ai trouvé que le fond de l'air était trop frisquet pour renouveler l'expérience ! En revanche, la météo reste suffisamment stable pour permettre de découvrir, un peu plus bas, la cascade de Radule de près, ce que nous n'avions pas encore fait. Il faut, pour cela, sans franchir la passerelle, descendre par le sentier en rive gauche d'une cinquantaine de mètres. Il y a du monde au pied de la cascade, et quelques courageux baigneurs nagent dans la vasque, malgré la fraîcheur. A partir de la cascade, autant poursuivre par un itinéraire alternatif, bien moins emprunté, d'autant plus que nous ne le connaissons pas. Il est certes un peu plus long, mais le sentier s'avère être de meilleure qualité que le sentier classique, de sorte que cette option n'est pas à écarter pour qui veut découvrir la cascade de Radule depuis la passerelle. Nous retrouvons notre voiture au Fer à Cheval à 15h40, sans avoir essuyé la moindre goutte de pluie. En revanche il était temps, car nous trouverons la pluie une dizaine de minutes plus tard, dans la voiture, sur la route du retour vers Casamaccioli. |