Même si Monte Astu, le point culminant de la Serra di Tenda, est visible depuis de nombreux grands sommets corses, et notamment depuis le relativement proche Monte Padru, nous n'avions pas encore envisagé de le gravir compte tenu des chaleurs prévisibles en été, la période habituelle de nos séjours en Corse. C'est pourquoi, nous avons choisi de mettre Monte Astu au programme de ce printemps 2015. Etant basé à Saint Florent, il était naturel de choisir San Gavino di Tenda comme point de départ (plutôt qu'un accès plus classique depuis la vallée de l'Ostriconi). Même si cet itinéraire ne figurait pas sur les cartes disponibles en 2015, on pouvait trouver sur Internet des descriptions et même une trace GPS permettant de réaliser cette randonnée sans trop d'aléas. Il restait encore à convaincre Françoise et Dominique, qui nous accompagnaient cette année, que cette randonnée serait relativement facile : il ne s'agissait en aucun cas de les décevoir pour cette dernière sortie du séjour. Je les ai tout de même prévenus que, d'après les descriptions que j'avais lues, les tous derniers mètres étaient quelque peu délicats ; s'agissant d'un aller-retour, ils pourraient donc, si nécessaire, s'arrêter un peu avant (voire bien avant en cas de fatigue). |
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Depuis la D62, une toute petite route en épingles à cheveux mène à l'église et à la mairie de San Gavino di Tenda. Nous garons notre voiture le long du muret près de l'église, où nous profitons déjà d' un beau panorama sur les montagnes du Cap Corse, dont Monte Stello que nous avons gravi l'avant veille ; plus près de nous, sur l'autre versant du vallon d'Orticheta, se succèdent les différents hameaux de Santo Pietra di Tenda. Peu après 9h, nous mettons le cap sur Monte Astu en commençant par parcourir la ruelle du petit village qui se poursuit par un sentier assez raide qui permettrait de rejoindre Santo Pietra di Tenda. Il faut quitter ce sentier au bout d'une petite demi-heure pour atteindre la ligne de crête au niveau d'un abri ruiné. La sente toujours relativement raide atteint une barre rocheuse qu'elle contourne par la droite avant de rejoindre à nouveau la ligne de crête. Nous arrivons à proximité de la croix du roc d'Aculaja (le rocher de l'aigle) tout en surplombant San Gavino di Tenda, son église et au-delà, la petite plaine avant les reliefs nous séparant de Bastia. Un peu plus loin, après une heure de marche, nous nous offrons en P3 une petite pause d'une dizaine de minute, pour bénéficier d'un superbe panorama englobant la croix du roc d'Aculaja, Saint Florent, son golfe, et bien sûr tout le chaînon du Cap Corse. Un peu plus loin, en P4, voilà qu'émerge au-dessus de la ligne de crête, au Sud, un sommet caractéristique que nous avons déjà visité à deux reprises : Monte San Petrone. Nous longeons maintenant le versant Sud de Cima di Petricali, qu'il serait d'ailleurs facile d'atteindre, pour arriver à un petit col. Nous constaterons un peu plus haut la forme semi-circulaire assez originale des rochers encadrant ce petit sommet. Deux heures après le départ, un peu au-dessus de 1000 mètres, toujours sur la ligne de crête, voici une nouvelle curiosité : le monolithe de Genucula. Une petite centaine de mètres plus haut, une autre zone rocheuse avec des trous de différentes tailles, appelés tafoni, attire à nouveau l'attention. Aux alentours de P7, nous croyons enfin apercevoir le sommet de Monte Astu... en fait il s'agit d'une arête secondaire qui comporte quelques zones rocheuses bien individualisées dominées par Monte di Peru (1333 mètres d'altitude) ; cette arête sera contournée par la droite. Dans l'immédiat, après avoir progressé sur le versant Sud de Monte Alzareccia, nous pénétrons en P8 dans une grande zone clôturée dans laquelle paissent une bonne dizaine de bovins... L'occasion d'un resserrement de notre groupe, car ils ne doivent pas avoir trop l'habitude de visiteurs ! En P9, après avoir laissé Monte Peru derrière nous, voici enfin Monte Astu dont on peut deviner la croix sommitale. Quelques petits nuages commencent à nous accompagner ; espérons qu'ils ne vont pas trop se développer pour nous envahir. Autour de P11, la sente commence à ne plus être visible, mais le terrain ne pose aucune difficulté dans l'immédiat. En revanche, il n'est pas bien clair par où il faut attaquer le sommet (voir la photo correspondante ci-dessous). J'en profite pour accélérer un peu, histoire de tester la variante d'une rejointe de la crête principale côté Nord (où on devrait retrouver la sente en provenance de Lama et d'Urtaca). Tout se passe comme prévu et j'arrive au pied du bloc sommital où des cairns sont posés pour son escalade. La vue sur les hauts sommets corses, couverts de neige est splendide. Mes compagnons me rejoignent quelques minutes plus tard, mais le placement des premiers cairns impressionne Dominique qui décide d'en rester là et de « garder » nos sacs à dos. Sophie réussit à convaincre Françoise de tenter de nous accompagner, quitte à faire demi-tour un peu plus loin. En fait c'est bien cette première partie de l'ascension finale qui est la plus impressionnante, sans toutefois être exposée. Les cairns nous mènent rapidement à un petit col où il faudra descendre de quelques mètres, puis l'itinéraire emprunte une vire qui contourne les falaises à l'Est du sommet. Nous croisons une pyramide encore peinte (ayant peut-être servi à l'IGN avant l'ère des satellites ?) qui est sans doute tombée du sommet suite à un coup de vent. Celle-ci est visible sur la photo prise en P11. La suite de l'itinéraire continue à contourner le sommet dont nous allons faire le tour complet, puisque nous l'atteignons par le Nord-ouest ! |
En arrivant au sommet, la première curiosité est le cairn sommital envahi par un essaim de coccinelles, des milliers sans doute ! Deuxième curiosité : exactement comme l'avant veille au sommet de Monte Stello, l'ensemble de notre secteur Sud-Est est envahi par les nuages, alors que ceux-ci sont plutôt rares ailleurs... Heureusement que le reste du panorama, à priori bien plus intéressant d'ailleurs, vaut très largement la balade. Au Nord, notre ligne de crête se poursuit vers Petra San Ghiaccu, Cima di Grimaseta et Monte Reghia di Pozzo ; plus loin se distinguent facilement Monte San Petrone et Monte Piano Maggiore. De gauche à droite, l'horizon est successivement barré par le secteur de Punta a a Cappella, celui du Pic d'Oriente et de Monte Renoso (masqué par les nuages) ; puis Monte Cardo (derrière le champ de neige de Punta Lattiniccia) et la crête menant à Monte Rotondo (avec son champ de neige), les sommets de la Restonica dont notamment Lombarduccio (Punta alle Porte est sans doute masqué par les nuages) ; ensuite Cima a i Mori (et la Dent d'Asco), la crête menant à Capu Biancu, Monte Cinto, Capu Larghia et Punta Minuta ; enfin Monte Padru (avec son champ de neige) et la crête passant par Monte Corona, Capu a u Dente, Punta Radiche et Monte Grosso ; dans le secteur en direction de Calvi, voilà Capu d'Occi. Ensuite la côte se dessine entre l'Île Rousse et le Cap Corse via notamment la plage de l'Ostriconi, le désert des Agriates, Saint Florent et son golfe. Au Nord-Est, la ligne des montagnes du Cap Corse avec notamment Cima di e Follicie et Monte Stello... Quel belvédère ! |
Comme Dominique est resté en contrebas, nous ne nous éternisons pas au sommet et le retrouvons au bout d'une bonne demi-heure. Il est 13h15, l'heure de casser la croûte. Pour cela, nous nous installons sur la belle pelouse au pied des rochers sommitaux. Après le repas, nous nous prélassons jusqu'à 14 heures sur ce balcon avec vue sur le Cap Corse et le golfe de Saint Florent derrière un jeu de petits nuages qui modifient et agrémentent le spectacle de façon permanente. La descente vers San Gavino di Tenda est encore plus belle que la montée car nous évoluons en permanence face au spectacle proposé par le golfe de Saint Florent, les reliefs du Cap Corse et la plaine du Nebbio. Hormis quelques petits écarts vite corrigés sur des traces plus ou moins parallèles, la seule variante notable par rapport au parcours aller consistera à emprunter une sente contournant l'enclos à bovins, ce qui a l'avantage de rassurer toute l'équipe. Nous retrouvons les maisons puis l'église de San Gavino di Tenda vers 17h00, particulièrement satisfaits par cette dernière randonnée en Corse de l'année 2015. Nous mettrons d'ailleurs plus de temps que d'habitude pour reprendre la route... sans doute le lieu le plus photogénique parmi les nombreux points de départ de nos randonnées en Corse ! |