Verdatu et Biancu


                Les conditions météorologiques mi-juillet 2013 étaient exceptionnellement mauvaises sur la montagne corse : si le temps était beau le matin, des orages plus ou moins violents se déclaraient à peu près tous les jours entre 14h et 16h. Le départ pour notre sortie bivouac était prévu une semaine auparavant, mais il a fallu la reporter successivement tous les jours et trouver des solutions alternatives permettant d'être rentrés tôt dans l'après-midi. Ce mercredi 24 juillet, les prévisions météo sont enfin optimistes pour les jours à venir avec possibilités de quelques averses en milieu de journée.
                Cette année nous étions accompagnés de Philippe et Chantal, qui ne connaissaient pas la montagne corse, mais sont des habitués des courses dans les Alpes. Compte tenu des efforts des balades réalisées les jours précédents, et de la perspective d'une première étape longue, Chantal préfère se reposer à Calacuccia pendant la période du trek, alors que Philippe est fana pour nous accompagner. C'est à trois que nous allons donc réaliser ce trek, avec un retour prévu le vendredi soir ou le samedi matin, en fonction de nos envies.



Le profil du Trek

Téléchargez verdatu.gpx, la trace GPS de la sortie avec 12 points d'intérêt et 1635 cairns virtuels
(pour son utilisation, voir la page conseils) ; pour un affichage direct dans Google Earth : verdatu.kml
Survolez le trajet avec Google Earth via Sitytrail.com et tracegps.com...




Première journée : de Corscia aux lacs du Verdatu.
Le mercredi 24 juillet 2013


                Le départ de la randonnée se situe près de l'église de Corscia où il est facile de garer sa voiture. Il est moins facile d'y accéder, et nous avons fait plusieurs demi-tours avant de trouver l'église, même si celle-ci est visible de partout. Je devrais même dire « retrouver » car nous avions déjà réalisé le trek Corscia Castiglione avec une même première étape ! Disposant de la trace GPS de ce précédant parcours, il est clair que nous ne devrions avoir aucun autre souci d'orientation pour la suite de la journée...
                Il est 7h30 du matin lorsque nous levons l'ancre avec nos sacs à dos bien chargés. Trouver le départ du sentier ne serait pas facile en l'absence de trace GPS, et je m'étonne d'ailleurs que nous n'ayons pas eu de difficulté six ans plus tôt (pour faire simple, je dirais qu'à partir de l'église il faut suivre la route sur 100m vers l'ouest, puis prendre le cap nord chaque fois que c'est possible). Le sentier relativement raide est d'abord encaissé entre des murets, puis après avoir franchi un portail, fait un crochet vers l'ouest pour rejoindre une espèce de crête. La trace est ici parfois un peu floue, mais il me semble facile de retrouver la trace un peu plus loin. Le cheminement sera ensuite évident jusqu'autour de 1800 mètres d'altitude.
                Au bout d'une heure vingt, nous voilà arrivés à la fontaine de Callaiola. Malgré les orages des jours précédents le débit est relativement faible. Nous en profitons tout de même pour nous hydrater un maximum, car malgré l'altitude et cette heure bien matinale, la température est déjà bien élevée... Sophie commence d'ailleurs à regretter de ne pas avoir suivi ma proposition de partir une heure plus tôt ! Je prends quelques minutes pour compléter à ras nos réserves d'eau, au cas où la fontaine de Gradia serait à sec... nous y serons à 9h30 pour constater que nous avons porté de l'eau pour rien, et que le débit permet de remplir une bouteille en quelques secondes !
                Dans un secteur de 2,5km centré autour de la fontaine de Gradia, le sentier présente des alternances de montées et descentes qui augmentent le dénivelé total de montée d'une bonne centaine de mètres. Arrivés à l'épaule précédant la dernière descente, voilà qu'apparaît enfin au loin notre objectif : le cirque entouré par Capu a u Verdatu et Capu Biancu. Nous rejoignons maintenant le fond du vallon de la Ruda que nous atteignons au niveau des bergeries de Caracuto.
                Un peu plus loin un pont sur la Ruda invite à traverser la rivière ; mais il s'agit de l'itinéraire menant au col de Serra Piana qui n'est pas le chemin le plus direct. Nous restons donc en rive droite pour atteindre vers 11 heures les bergeries d'Urcula. Une petite pause, bien à l'ombre avec une température de plus en plus chaude malgré les 1540m d'altitude est la bienvenue. C'est ici que nous avions traversé la Ruda six ans plus tôt histoire de nous octroyer un tronçon hors sentier fort pénible... Je ne me rappelle pas exactement pourquoi nous avons pris cette décision d'autant plus ridicule que le sentier reste bien tracé en rive droite !
                Malgré quelques passages de petites barres rocheuses et de ruisseaux, le cheminement reste facile, puis se dégrade en approchant de P1. En fait c'est dans ce secteur qu'il convient de franchir la Ruda, pour aller rejoindre un sentier à nouveau bien tracé en rive gauche. Ensuite, la montée finale vers le lac de Ghiarghe Rosse est évidente, et nous atteignons notre objectif à 13h40 après un peu plus de six heures de trajet.


Verdatu et Biancu se dévoilent depuis l'épaule située entre les fontaines de Callaiola et de Gradia Zoom sur Capu Biancu depuis l'épaule située entre les fontaines de Callaiola et de Gradia Le lac de Ghiarghe Rosse où nous avons installé notre bivouac Le lac d'Occhi Neri depuis les environs de notre bivouac

Les lacs de Ghiarghe Rosse (2190m) et d'Occhi Neri (2165m) en approchant du lac Maggiore Le secteur nord du lac Maggiore également appelé le « lac en Huit » Le lac de Ghiarghe Rosse depuis le bivouac ; la source se trouve près du rocher entre le troisième et le quatrième massif d'aulnes En regardant vers le sud-est depuis les environs du bivouac ; Monte Pinerole vers la gauche et Punta di Grotta Rossa plus près au centre Au delà du lac d'Occhi Neri, Capu Terra Corscia et Monte Rotondo au loin


                Nos efforts sont récompensés par cet environnement splendide que Sophie et moi connaissions déjà. Il s'agit maintenant de déjeuner et de monter nos tentes, au cas où nous aurions droit à des averses. La pelouse est très humide comparée à notre premier bivouac, la conséquence des orages des journées précédentes, mais nous finissons par trouver une zone plane et sèche à proximité immédiate du lac où nous nous installons. Il s'agit ensuite de retrouver la source captée sur la rive en face ; comme ces coordonnées étaient enregistrés dans le GPS, cela a été bien sûr un jeu d'enfant. Cette source n'est pas facile à repérer car elle n'est pas située le long du ruisseau principal alimentant le lac (voir une des photos ci-dessus pour la repérer).
                A partir de 15h00 les nuages commencent à envahir le fond du cirque, et à nous envelopper par instant, mais ils sont relativement mobiles, et l'environnement change à chaque moment. Ils commencent à se dissiper vers 17h30, mais j'estime qu'il est maintenant un peu tard pour aller découvrir Capu Biancu, le sommet le plus rapide à atteindre. Je propose donc à mes compagnons d'aller faire une petite balade au lac Maggiore, en attendant l'heure du dîner. Autant l'environnement du lac de Ghiarghe Rosse est accueillant, autant celui du lac Maggiore est austère... et pourtant ils sont si proches ! Nous ne rencontrerons pas de troupeau de mouflons comme lors de notre précédente excursion à ce lac.
                J'en profite pour aller voir au bout du lac s'il est possible de rejoindre la crête sud-est du Verdatu (la voie normale) sans avoir à redescendre... rien d'évident en tout cas ! En revanche il semble plus facile de rejoindre la ligne de crête entre Verdatu et Biancu dans le secteur nord-ouest du lac. Une option pour demain ? Nous redescendons tranquillement vers notre campement, tout en admirant l'ensemble formé par les lacs de Ghiarghe Rosse et d'Occhi Neri. Il reste à donner de nos nouvelles à Chantal, si le réseau téléphonique le permet... Pour cela, il suffit de s'éloigner d'une centaine de mètres vers le sud, au-dessus du lac d'Occhi Neri pour pouvoir utiliser nos portables ! Les prévisions météo pour les deux jours à venir, consultées par la même occasion sont conformes aux évolutions annoncées la veille.
                Après le dîner, nous discutons du programme du lendemain, et convenons d'aller à Capu a u Verdatu le matin, montée par la voie normale et descente par le lac Maggiore, si c'est possible ; puis le déjeuner au campement, et l'après-midi la montée au Capu Biancu. Un programme autorisant des sacs à dos particulièrement légers, et même aucun sac à dos pour Sophie.
                Téléchargez verdaj1.gpx, la trace GPS de la journée avec 391 cairns virtuels ; vous trouverez d'autres illustrations sur la première serie de photos du trek Corscia Castiglione



Deuxième journée en matinée : Capu a u Verdatu
Le jeudi 25 juillet 2013


                Nous nous levons dès que le soleil commence à éclairer le sommet de Capu a u Verdatu. Il fait frisquet, et nous sommes chaudement équipés, car le soleil ne viendra nous réchauffer que dans une heure environ. Nous profitons d'un beau spectacle, avec de surcroît la lune, pleine, en train de descendre vers la crête. En revanche, nous découvrons un spectacle bien moins agréable : notre poubelle a été totalement éventrée par un animal, et son contenu a été dispersé au bord du lac... Nous finissons par conclure que c'était sans doute un rat. Heureusement que nous disposons d'un second sac poubelle qui permet de rassembler à nouveau nos déchets. Mais qu'allons nous en faire durant la journée ? Comme nous n'avons aucune envie de promener la poubelle sur les sommets que nous allons visiter, nous décidons de l'entourer et de la recouvrir par des cailloux suffisamment gros et lourds pour ne pas permettre à un rat de réussir le même forfait. En revanche, nous décidons d'emmener avec nous toutes les provisions qui seraient tentantes, histoire de ne pas retrouver nos tentes déchirées par les incisives de la bestiole ! Les sacs à dos seront donc plus lourds qu'anticipé la veille...
                Après ces opérations et le petit déjeuner, nous mettons le cap vers le Verdatu à 7h30. Contrairement à la veille, nous n'avons aujourd'hui aucune trace GPS pour nous guider, et vu l'absence de fréquentation il n'y aura sans doute ni sentier ni cairn : de la lecture de terrain en perspective. Nous savons que la voie normale consiste à rejoindre puis suivre la crête sud-est du Verdatu. Compte tenu des observations de la veille depuis l'exutoire du lac Maggiore, nous commençons à choisir un itinéraire en légère descente vers le sud. Il contourne le sommet secondaire 2344m, ce qui dans un premier temps nous fait longer la rive du lac d'Occhi Neri. Comme le montre la trace GPS, nous sommes arrivés presque en ligne droite à P2 l'endroit prévu pour traverser le ruisseau, puis P3, le point où nous rejoignons la crête sud-est du Verdatu, tout cela sans aucune difficulté.
                Vers le Sud-Est Capu Terra Corscia domine un petit plateau d'altitude, et voici plus à droite le lac de Calacuccia (voir la série de photos en fin de page, le même début d'itinéraire étant réalisé le lendemain). Nous suivons maintenant grossièrement la ligne de crête, et celle-ci devient vite relativement chaotique. Pas de difficulté particulière ; les barres rocheuses parfois ornées de couleurs inhabituelles se contournent naturellement ; j'ai toutefois réussi à me cogner sévèrement la tête sur un rocher, en étant trop concentré sur le positionnement de mes pieds... avec un pansement à la clé pour le reste du trek ! En approchant du sommet, le parcours devient à nouveau facile, et le sommet est plutôt plat, avec toutefois des précipices dans le secteur du lac Maggiore.


Arrivée de Georges et Sophie au sommet de Capu a u Verdatu ; au loin, Monte Cardo et Monte Rotondo La vallée de l'Erco au premier plan, puis celle du Golo dominée par Punta Artica De gauche à droite, on reconnaît notammment Punta Licciola, Paglia Orba, Monte Cinto, Punta Minuta et Punta Missoghiu La crête menant à Monte Cinto comprenant Punta Sellula et Capu Ciuntrone ; Punta Minuta au centre La vallée de l'Asco ; au centre au loin Capu a u Ceppu  ; Capu Borba avec son pierrier rouge à gauche

Le vallon de Petrella dominé par Monte Corona ; Cima di a Statoghia à droite La ligne de crête menant aux deux sommets de Capu Biancu ; Monte Padru vers la gauche Le versant sud de Capu Biancu au-dessus du lac de Ghiarghe Rosse ; la Dent d'Asco et Cima a i Mori à droite La ligne de crête menant à Cima a i Mori ; au loin, Monte San Petrone et Punta di Caldane

Les lacs de Ghiarghe Rosse, Occhi Neri et Maggiore depuis Capu a u Verdatu Zoom sur le lac de Ghiarghe Rosse et notre campement depuis Capu a u Verdatu la Dent d'Asco et Cima a i Mori pendant notre descente vers le lac Maggiore Le lac Maggiore ou « Lac en Huit » devant le sommet secondaire 2344m Le lac Maggiore ou « Lac en Huit » et à sa gauche, le sommet secondaire 2344m


                Si vers le Sud, c'est Monte Cardo , Monte Rotondo et Punta Artica qui attirent le regard, c'est surtout au sud-ouest que sont alignés les principaux sommets : Paglia Orba, Capu Falu à peine visible, Monte Cinto, Capu Ciuntrone, Punta Sellula et Punta Minuta. Puis vers l'Ouest et le Nord, c'est Capu a u Ceppu, Monte Corona, Cima a Statoghia et Monte Padru qui se distinguent particulièrement. Tout près de nous, voici Capu Biancu que nous devrions visiter cette après-midi sans oublier bien sûr les lacs de Ghiarghe Rosse, Occhi Neri et Maggiore. Au delà, la Dent d'Asco et Cima a i Mori, et bien plus loin Monte San Petrone et Punta di Caldane. Un clin d'œil également vers trois sommets que nous avons gravis ces derniers jours : Monte Pinerole, Punta Licciola et Punta di e Cricche.
                Nous nous intéressons tout particulièrement à la ligne de crête vers Capu Sellula et le Ciuntrone, notre objectif de demain, mais il est difficile d'imaginer un cheminement optimal. Philippe et moi explorons le début de la crête menant à Capu Biancu, et constatons que, malgré un passage un peu technique, nous devrions pouvoir redescendre vers le col « 2540m » qui permet sans doute de rejoindre le lac Maggiore d'après ce que j'ai pu constater hier soir.
                Nous revenons sur nos pas pour rejoindre Sophie et nos affaires puis nous engageons tous les trois sur ce parcours ; le passage technique est moins difficile que prévu, et nous nous retrouvons vingt minutes plus tard au col « 2540m ». Non seulement la possibilité de descendre vers le lac Maggiore se confirme, mais en plus, le versant Nord a l'air praticable et permet peut-être de rejoindre la crête de Sellula de façon relativement directe. Je teste une partie de cet itinéraire jusqu'à P4, sans toutefois pouvoir en confirmer totalement la faisabilité : il faudrait ensuite passer un thalweg un peu encaissé.
                Je rejoins mes compagnons au col, puis nous descendons tranquillement vers le lac Maggiore flanqué de son sommet secondaire « 2344m ». Le parcours essentiellement sur pierriers entrecoupés de quelques dalles inclinées demande un peu d'attention et doit être assez pénible en sens inverse. La forme en « huit » du lac Maggiore se remarque particulièrement sous cet angle. Les lacs de Ghiarghe Rosse et d'Occhi Neri et plus loin la Dent d'Asco et Cima a i Mori viennent agréablement compléter le paysage durant cette descente.
                La fin du parcours est connue, et nous arrivons vers midi à notre campement, après avoir improvisé cette boucle tout à fait intéressante et finalement pas trop difficile. Les grosses pierres autour du sac poubelle ont rempli leur office : ce dernier n'a pas été abîmé par la bête ! C'est donc tranquillement que nous déjeunons, en prévoyant de mettre le cap sur Capu Biancu vers 15h00.
                Téléchargez verdaj2a.gpx, la trace GPS de la matinée avec 214 cairns virtuels.



Deuxième journée en soirée : Capu Biancu
Le jeudi 25 juillet 2013


                Après le repas, nous constatons que la couverture nuageuse se densifie plus rapidement que la veille, et que notre bivouac, tout comme Capu Biancu sera bientôt enveloppé par les nuages. C'est effectivement ce qui arrive... Nous reportons donc notre départ en fin de journée en espérant la même amélioration que la veille, avec une heure limite que nous fixons à 18h00, histoire de ne pas nous retrouver à devoir utiliser nos frontales sur un terrain hors sentier. Vers 17h30 des trouées commencent enfin à apparaître, mais les flancs de Capu Biancu sont encore largement accrochés par les nuages. Nous décidons tout de même de tenter la montée, quitte à faire demi-tour si les nuages ne se dissipent pas suffisamment.
                S'il est sans doute possible de remonter les pierriers au nord du lac de Ghiarghe Rosse, nous préférons faire un détour pour rejoindre la crête dans le secteur de Capu Razinu : d'une part la pente est moins raide, et d'autre part, la voie normale passe par ce point. Les nuages sont également moins denses dans ce secteur. Rapidement, nous constatons que nous pouvons facilement raccourcir le trajet en visant un point sur la crête largement en amont de Capu Razinu, noté P5 sur la carte.
                Le trajet sur la ligne de crête ne présente pas de difficultés, mais les nuages ne se dissipent pas aussi vite que prévu et nous nous retrouvons de temps en temps dans un brouillard, certes peu épais. A mi-chemin entre P5 et le sommet, nous apercevons trois mouflons qui nous observent... et laissent suffisamment de temps à Philippe pour les photographier : je n'avais pas encore vu de mouflons restant en observation à une distance aussi faible (cinquante mètres peut-être) !
                En approchant du sommet, le cheminement devient plus compliqué, et nous nous retrouvons sur une antécime une bonne centaine de mètres au sud du cairn sommital que nous apercevons entre les nuages. Aidés par quelques cairns, nous trouvons un passage sur le versant Est une dizaine de mètres en contrebas. Peu après le passage d'une vire exposée nécessitant de l'attention, nous arrivons au sommet de Capu Biancu 1h15 après notre départ.


Trois mouflons nous guettent, et nous laissent le temps de prendre cette photo Depuis Capu Biancu, la Dent d'Asco et Cima a i Mori au-dessus des reliefs déchiquetés du secteur Zoom depuis Capu Biancu sur la Dent d'Asco et Cima a i Mori Zoom depuis Capu Biancu sur Monte Pinerole qu'on devine entre les nuages Monte Rotondo au tiers gauche, la Restonica au centre et Punta Artica au tiers droit

Capu a u Verdatu depuis Capu Biancu ; Monte Cinto est caché par le nuage Capu a u Verdatu à gauche ; Monte Cinto se dévoile entre les nuages Sur la ligne de crête menant à Monte Cinto (2706m), Punta Sellula (2592m) puis Capu Ciuntrone (2656m) En contre-jour, Punta Missoghiu au centre et Capu a u Ceppu au loin à droite

Punta Missoghiu à gauche, Capu a u Ceppu au loin au centre et Capu a u Ladroncellu à droite Punta Piscaghia et Capu a u Ladroncellu au centre ; Monte Corona au quart droit le secteur nord-ouest de Capu Biancu avec à droite, le sommet secondaire 2551m Le sommet secondaire 2551m que Cima di a Statoghia tangente à gauche Le sommet secondaire 2551m avec Cima di a Statoghia à sa gauche et Monte Padru à sa droite


                Les nuages sont encore omniprésents, mais ils ont le bon goût de se dissiper progressivement pendant les vingt minutes que nous passons au sommet. La ligne de crête menant à Monte Cinto se découvre sous un angle intéressant, l'objectif du lendemain étant d'atteindre au moins Punta Sellula, et peut-être Capu Ciuntrone. Le contre-jour sur les reliefs du fond de la vallée de l'Asco ornés par les nuages qui se dissipent mérite à lui seul cette ascension tardive. Il est vrai que nous ne nous retrouvons que très rarement sur un haut sommet moins de deux heures avant le coucher du soleil (qui aura lieu à 20h50) ! Le sommet secondaire « 2551m » situé quelques 400 mètres plus au Nord aurait, quant à lui, fait l'objet d'une tentative de notre part si nous avions pu partir à l'heure prévue. Ce sommet secondaire est sans doute intéressant car il autorise une vue décalée vers la chaîne du Cinto et domine mieux la vallée de l'Asco ; toutefois l'absence de cairn sommital témoigne du peu de visiteurs, voire de leur absence totale si l'accès nécessite de l'escalade.
                Les nuages continuent à résister vers l'Est et le Sud, et c'est juste avant notre retour que nous arriverons à prendre quelques photos dévoilant Cima a i Mori, Monte Pinerole ou Monte Rotondo. J'essaie de négocier un départ du sommet une demi-heure plus tard afin d'attendre la dissipation totale de ces nuages, mais mes deux compagnons souhaitent lever l'ancre, d'autant plus que le sommet est envahi par une nuée de moucherons... et après tout il est raisonnable de garder une marge par rapport à la nuit.
                La descente se déroulera sans difficulté particulière, si ce n'est qu'après P5, nous prendrons un cap un peu trop au sud qui nous fera arriver un peu en contrebas du lac de Ghiarghe Rosse. Nous arrivons au campement à 20h20, une demi-heure avant le coucher du soleil, ce qui va nous permettre de dîner à la lumière du jour, puis de reconstituer le rempart anti-rat autour de la poubelle... Plus tard en pleine nuit, je suis réveillé par des bruits bizarres : manifestement une bestiole essaye de déplacer les cailloux protégeant la poubelle. J'ouvre rapidement la fermeture éclair de la tente, au cas où je verrais la bestiole s'enfuir... et là, sous la pleine lune, je me retrouve nez à nez avec un gros renard ! Et il me regarde pendant plusieurs secondes avant de ce décider à fuir, sans doute aussi à cause des mouvements brusques de Sophie qui entre temps s'est réveillée et l'a également vu : ce n'était donc pas un rêve... Le coupable ayant déchiré la poubelle la nuit précédente est maintenant identifié, et le rat imaginé la veille est disculpé !
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Troisième journée : La crête de Sellula
Le vendredi 26 juillet 2013


                Comme le jour précédant, nous nous levons avec le soleil et nous profitons du même spectacle, avec une température nettement plus clémente. Le renard n'a pas réussi à défaire notre abri poubelle, mais ce sera le sujet de conversation du petit déjeuner ! Nous sommes prêts un peu plus tôt que la veille pour mettre le cap vers Punta Sellula et peut-être Capu Ciuntrone. Sophie n'est pas en grande forme, et hésite un peu à nous accompagner. Elle accepte, mais la descente vers P2 est déjà assez laborieuse, d'autant que le soleil est déjà relativement fort, et que la soif se fait sentir ! Nous buvons à deux le contenu d'une bouteille d'eau, et profitons du ruisseau en provenance du lac Maggiore pour refaire le plein (avec une pastille de micropure), car ce sera sans doute la seule occasion durant la journée pour reprendre de l'eau... Et dire que nous avons laissé une bouteille au campement pensant disposer d'une quantité suffisante !
                La montée vers P3, puis jusqu'à 2450m (l'altitude de la crête de Sellula) par l'itinéraire de la veille est tout aussi laborieuse, avec une consommation excessive d'eau, certes liée au soleil qui chauffe plus que la veille, mais peut-être aussi à la fatigue des jours précédents. L'idée d'entamer un parcours à flanc à cette altitude ne se révèle pas être la meilleure car quelques barres rocheuses nous donnent un peu de mal pour atteindre le point P6, c'est à dire le grand pierrier du versant sud-ouest du Verdatu. Il aurait été bien plus facile de gagner une centaine de mètres supplémentaires en suivant l'itinéraire de la veille, ce qui nous aurait amené directement sur le versant sud-ouest, avec d'ailleurs moins de pierriers à traverser. Inversement, il aurait également été plus facile de mettre le cap direct vers P6 depuis plus bas (2250m environ), solution en tout cas à retenir pour le retour. Ce parcours nous permettra tout de même de surprendre deux mouflons, qui ne se laissent pas photographier comme ceux de la veille.
                En P6, nos objectifs, Punta Sellula et Capu Ciuntrone se dévoilent, mais le terrain est compliqué et nous ne pouvons pas y visualiser notre futur itinéraire. Il s'agit maintenant de traverser l'immense pierrier chauffé par le soleil. Une demi-heure pas très agréable sera nécessaire pour atteindre la crête de Sellula en P7. Nos réserves d'eau ont sérieusement diminué, et Sophie propose de nous attendre à cet endroit. Nous la convainquons une nouvelle fois de continuer, sur un parcours à priori plus intéressant.
                Pendant l'heure qui suit, le parcours sera effectivement plus ludique, mais notre progression n'est pas optimale avec plusieurs passages pas évidents à négocier. Après avoir parcouru les deux tiers de la crête vers Punta Sellula, une petite paroi en surplomb sur le versant nord en P8 nous offre une belle zone ombragée, avec enfin de la fraîcheur. Sophie décide de s'arrêter ici, et nous engage à poursuivre tous les deux. Le bilan sur la quantité d'eau restante n'est pas rose : il en reste moins de la moitié alors qu'il n'est même pas onze heures avec les plus fortes chaleurs à venir, et je suis bien assoiffé ! Un bon coup au moral pour nos objectifs de la journée, le Ciuntrone étant déjà totalement exclu.
                Je repars donc avec Philippe en direction de Punta Sellula, mais quelques minutes plus tard, nous atteignons un petit promontoire permettant de constater que plusieurs obstacles sont encore à négocier avant le sommet... et que tout cela prendra pas mal de temps. Compte tenu des réserves en eau, mais aussi du moral à zéro, je propose à Philippe d'abandonner, ce qu'il trouve lui aussi plus raisonnable. Nous rejoignons donc Sophie, et décidons de déjeuner à l'ombre de notre paroi rocheuse, en profitant tout de même d'un beau panorama sur la vallée de l'Asco.


Monte Cardo et Monte Rontondo dix minutes après le lever du soleil Le sommet 2344m (à gauche) et les crêtes du Verdatu dix minutes après le lever du soleil Zoom sur la lune et les crêtes du Verdatu dix minutes après le lever du soleil Le lac de Ghiarghe Rosse devant les crêtes du Verdatu vingt minutes après le lever du soleil

Depuis notre campement au lac de Ghiarhe Rosse, les crêtes du Verdatu  à sept heures du matin La lune se couche au-dessus des crêtes du Verdatu (photo prise la veille à 7h15) Le lac d'Occhi Neri avec en arrière plan Monte Cardo Depuis P3, Capu Terra Corscia culmine au-dessus d'un plateau d’altitude ; le lac de Calacuccia à droite Vers 2350 mètres d'altitude, barres rocheuses ornées de couleurs inhabituelles

Effet de zoom : Sophie et Georges ne se séparent pas ; ils remontent en lacets le pierrier... Calacucccia, son lac et au loin Monte Rotondo ; Punta Artica à droite Vu depuis les environs de P6, tout à gauche : le Ciuntrone puis Punta Sellula immédiatement à côté Le début de la crête de Sellula vu depuis les environs de P6

Zoom sur le sommet 2551m et Capu Biancu (2562m) depuis le milieu de notre parcours sur la crête de Sellula Zoom sur le col 2540m et Capu a u Verdatu (2574m) depuis le milieu de notre parcours sur la crête de Sellula Depuis P8, la crête de Sellula et Capu a u Verdatu avec son immense pierrier en face sud-ouest Depuis le point de demi-tour, Punta Sellula (un peu à gauche) et Capu Ciuntrone (un peu à droite) Punta Minuta à gauche et Capu Borba avec son pierrier rougeâtre depuis P8


                Nous reprenons donc le cap retour vers 11h30. Contrairement à l'aller, avec l'expérience acquise, toutes les options choisies se révèleront bonnes ; nous négocions la crête de Sellula plus près de l'arête, en deux fois moins de temps. Le pierrier quant à lui sera tout aussi pénible, mais après P6, la rejointe directe de l'itinéraire de l'aller vers 2250m se révèlera idéale. La fin du parcours nous est connue puisque c'est la troisième fois que nous le réalisons, et nous arrivons au campement à 14 heures, bien plus tôt que prévu.
                A peine arrivé, je commence sérieusement à regretter ce demi-tour anticipé : le retour s'est trop bien passé, et en plus la couverture nuageuse des jours précédents se remet en place : elle nous aurait procuré de l'ombre pour un retour en milieu d'après-midi. Je propose à mes compagnons de redescendre sur Corscia, mais ils préfèrent se reposer et redescendre le lendemain matin de bonne heure. L'état de nos provisions nous permet un nouveau déjeuner chaud cette fois... Mais la température baisse assez vite et nous nous réfugions ensuite dans les sacs de couchages sous les tentes pour être bien au chaud... un comble compte tenu des chaleurs matinales ! Il bruinera même un peu autour de 16 heures... et en fin de journée, le ciel se dégage à nouveau comme les jours précédents. Un coup de fil à Chantal lui indique que nous la rejoindrons dans sa location avant 11 heures du matin, les locaux devant être libérés avant midi.
                Téléchargez verdaj3.gpx, la trace GPS de la journée avec 359 cairns virtuels.



Quatrième journée : Du lac de Ghiarghe Rosse à Corscia
Le samedi 27 juillet 2013


                Le réveil est programmé à cinq heures du matin, et c'est donc à la frontale que nous commençons à démonter nos tentes. Après avoir pris un petit déjeuner sommaire et rassemblé nos affaires (y compris la poubelle qui n'a pas tenté le renard durant cette nuit), nous quittons Ghiarghe Rosse peu après 6h00 du matin, au lever du soleil avec ces couleurs que nous admirons une nouvelle fois.
                Bien entendu, la descente sera une pure formalité, avec pour seule variante une traversée du ruisseau de la Ruda un peu en aval par rapport à l'aller. Si nous n'avons rencontré personne durant les trois jours précédents, aujourd'hui il y a foule : nous croisons successivement un homme en solitaire (objectif Capu Biancu), un couple (objectif le lac Maggiore) et un autre homme en solitaire (objectif inconnu). Nous arrivons à la voiture garée près de l'église à 10 heures du matin, avec une température à nouveau très élevée, mais qui nous a moins gêné en descente.
                Nous retrouvons Chantal une demi-heure plus tard, prenons des douches bien méritées après ces quatre jours, puis nous offrons un repas au restaurant. C'est là que nous nous quittons : Philippe et Chantal ont programmé une dizaine de jours de vacances supplémentaires le long de la côte ouest et nord. Quant à nous, nous prévoyons de nous reposer (une journée et deux nuits) en bord de mer sur la côte Est avant de quitter la Corse.
                Téléchargez verdaj4.gpx, la trace GPS de la journée avec 357 cairns virtuels.



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