Sur les hauteurs d'Asinau


                Un de nos objectifs de l'année, était de rayonner autour du refuge d'Asinau, avec bien sûr Monte Incudine et les sommets proches que sont Punta di Valli Tremuli et Punta Scarachiana, mais aussi les sommets débonnaires que sont Punta Muvrareccia et Punta di u Furnellu. Compte tenu d'un épisode de vents violents prévus par la météo, nous avons dû décaler le projet d'une journée, que nous avons mise à profit pour découvrir Monte Calva et Punta di Vacca Morta . Bien qu'en atténuation, le vent devait rester encore violent le premier jour du trek, et se calmer les jours suivants. Nous avons tenté en vain de joindre le gardien du refuge d'Asinau pour essayer de savoir si le secteur était suffisamment protégé du vent pour pouvoir planter une tente sans risque de la voir se casser ou s'envoler… Si nous n'avions pas eu d'autres projets durant notre séjour en Corse, nous aurions certainement décalé notre trek d'une seconde journée. Compte tenu de l'existence de plusieurs solutions de repli (passer la nuit à la belle étoile ou dans un refuge totalement saturé, ou revenir à Zonza), nous décidons finalement de partir malgré les aléas.


Réalisé d'après la carte IGN TOP25 4253ET Aiguilles de Bavella

Téléchargez asinau.gpx, la trace GPS de la sortie avec 1491 cairns virtuels (pour son utilisation, voir la page conseils)
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Le profil du Trek


Premier jour : de Prugna au refuge d'Asinau
Le vendredi 15 août 2014



                La première étape du trek consistant à rejoindre le refuge depuis Prugna ne nécessite que trois bonnes heures de marche ; il n'est donc pas utile de partir tôt et c'est un peu avant midi que nous quittons le hameau de Prugna où nous avons garé notre voiture. Bien que ce soit l'accès le plus facile pour remonter la vallée de l'Asinau, et que celui-ci est indiqué en trait plein rouge sur les cartes IGN, aucune autre voiture pouvant être la propriété d'un randonneur n'est garée dans le secteur. La première partie du tronçon menant à un petit barrage sur la rivière de l'Asinau est en réalité une piste tout à fait praticable en 4x4, mais des habitants de Prugna nous ont déconseillé de l'emprunter en voiture normale.
                Les quelques cinq kilomètres de piste sont plutôt en bon état, avec un dénivelé global faible, mais quelques raidillons seraient difficilement négociables en voiture normale. Le chemin est sous couvert végétal, et seules quelques trouées permettent d'admirer les Aiguilles et Tours de Bavella, de l'autre côté de la vallée. C'est le cas peu après le départ (avec la vue sur les Tours les plus au Sud), puis en P1 qui nous offre non seulement la vue sur l'ensemble des aiguilles du versant Est, mais aussi sur le col de l'Asinau en fond de vallée, et même sur la zone du refuge de l'Asinau qu'on arrive à deviner.
                Vers 13h00, nous arrivons à un radier qui traverse le ruisseau de l'Asinau. Juste en aval, quelques petites cascades et trous d'eau permettraient de se rafraîchir en temps ordinaire en cette saison ; mais aujourd'hui, il fait plutôt frisquet (comme d'ailleurs les deux jours précédents) ; nous profitons tout de même des rochers bien lisses pour nous installer et casser la croûte. Une demi-heure plus tard nous repartons pour arriver quelques minutes plus tard au petit barrage sur l'Asinau. La piste se termine ici, et quelques 4x4 y sont garés.
                Etant au barrage, et sachant que la suite du parcours se situe sur l'autre rive, nous décidons de traverser le muret, malgré un pas d'autant plus délicat que nos sacs à dos sont bien chargés… Au-delà de la rive, nous retrouvons bien le sentier, mais nous nous rendons compte que celui-ci traverse la rivière à gué une petite centaine de mètres en aval du barrage !
                Nous voici maintenant sur un sentier bien tracé sous un couvert végétal qui s'estompe progressivement, en laissant la place à des rafales de vent de plus en plus significatives. En P2 nous profitons d'une vue bien dégagée sur les reliefs à l'Est de la vallée, avec juste en face, le secteur de Bocca di Maro que nous avons prévu de visiter durant le trek.
                En P3, nous arrivons à l'intersection avec le GR20 qui mènerait en 30 minutes au refuge de l'Asinau. En face, un panneau indique que les bergeries de l'Asinau proposent des hébergements… Nous nous laissons tenter car d'une part, il y aura peut-être moins de vent en fond de vallée, et d'autre part, il y aura certainement moins de monde qu'au refuge ! Mais voilà, arrivés un quart d'heure plus tard aux bergeries, nous trouvons celles-ci totalement désertes, ce qui est tout de même étonnant pour un 15 août, compte tenu du panneau spécialement mis en place sur le GR20 par les propriétaires !
                Il ne reste plus qu'à rejoindre le refuge, bien visible, une centaine de mètres plus haut. Nous imaginons l'existence d'un sentier ou au moins d'une trace entre les deux zones, pour très vite constater toute absence de liaison. Plutôt que de faire demi-tour nous décidons de forcer le passage, avec comme seuls obstacles quelques zones de végétations touffues mais non piquantes ne dépassant pas le mètre de hauteur. Ce sera plus facile que prévu puisque nous atteignons le refuge vingt minutes plus tard.


Les Aiguilles de Bavella, en quittant le hameau de Prugna (Punta di u Pargulu alias Tour IV au tiers gauche et Punta di l'Acellu alias Tour I tout à droite) En P1, la piste menant au barrage de l'Asinau ; au loin, le col éponyme Depuis P1, on devine le refuge de l'Asinau (au quart gauche, au quart supérieur) Les Tours de Bavella depuis P1 ; au loin le col de l'Asinau

Depuis P2, au tiers gauche : Bocca di Maro puis Punta di Maro à sa droite Le refuge d'Asinau (photo prise au retour de la rando du lendemain) Notre tente implantée sur un emplacement du refuge de l'Asinau Punta di Maro et Punta Iolla (alias Tour VII) depuis notre emplacement ; au loin au tiers droit, le massif de Cagna Depuis notre emplacement, zoom sur Punta di Maro (1791m) et Punta Iolla (1848m)


                Assez bizarrement, il n'y a que peu de randonneurs au refuge, alors qu'en général, à 15h30, la foule des pratiquants du GR20 arrive ; nous nous renseignons auprès du gardien pour savoir si selon lui, on peut camper sans trop de risques avec le vent ; il se contente de nous dire que nous pouvons choisir l'emplacement que nous voulons. Nous finissons par planter notre tente en prenant un soin particulier pour bien fixer les sardines. Après avoir vérifié le comportement de la tente lors des rafales, nous allons nous mettre à l'abri dans le refuge jusqu'à la tombée de la nuit, car non seulement il y le vent, mais en plus il fait froid…
                Nous en profitons pour discuter, avec l'un des gardiens, des circuits que nous avons prévus de réaliser pour les deux jours à venir, : Monte Incudine, Punta Scarachiana, Punta di Tintennaja, Bocca d'Asinau d'une part et Bocca di Maro, Punta di u Furnellu, Punta Muvrareccia Bocca d'Asinau d'autre part. Il nous indique que ces deux circuits sont très rarement réalisés, qu'ils ne sont pas trop délicats à part l'absence de sentiers et de balisages, avec une très nette préférence pour le second pour son caractère de belvédère sur les magnifique reliefs tourmentés à l'Est de la ligne de crête. Quant au vent, il avait hâte que cela se calme, et était ravi d'apprendre que les prévisions étaient plus optimistes pour le lendemain… Etonnant tout de même qu'on ne puisse pas se renseigner sur les prévisions du lendemain dans ce refuge du GR20, où par ailleurs le portable ne passe pas !



Deuxième jour : Punta Muvrareccia et Punta di u Furnellu
Le samedi 16 août 2014



                Après une nuit sous notre tente un peu trop bercés par les rafales de vent, nous allons nous abriter au refuge pour prendre notre petit déjeuner. Le vent semble tout aussi fort que la veille et nous sommes un peu inquiet pour nos projets. Quoiqu'il en soit, nous allons tenter une des deux balades prévues, quitte à faire demi-tour le cas échéant. Après maintes réflexions, y compris avec le gardien, nous décidons de reporter la décision à plus tard, et à commencer par rejoindre Bocca d'Asinau, point commun aux deux balades, et voir ensuite quoi faire, et au pire aller visiter les bergeries de Tova si le vent se révèle trop violent.
                Nous levons l'ancre vers 9h00, et plutôt que de rejoindre directement les bergeries d'Asinau en forçant le passage comme la veille, nous décidons de prendre le GR20 jusqu'à P3, puis le sentier du col d'Asinau passant par ces bergeries. Finalement le détour est plus significatif qu'imaginé, et cela aurait été bien plus rapide de faire comme la veille ! Après quelques difficultés pour retrouver la suite du sentier après les bergeries, nous voilà à nouveau sur la route du col.
                En P4, nous commençons à profiter du panorama sur Monte Incudine, Punta di Valli Tremuli avec la brèche à son pied et Punta Scarachiana. Un regard en arrière nous permet de revoir le refuge de l'Asinau et notre tente, à peu près à la même altitude. Nous avions demandé au gardien s'il n'y avait pas moyen de couper directement vers ce point à partir du refuge, mais il nous l'avait fortement déconseillé. Un peu plus tard, une bifurcation nous entraîne à quitter le chemin principal menant au col ; nous continuons à progresser sur un sentier qui reste de bonne qualité et est parallèle au sentier principal, et nous arrivons en P5 au travers à Bocca d'Asinau, quelques vingt cinq mètres plus haut que le col, sur le versant de Punta Muvrareccia. Le paysage vers la côte Est et ses étangs s'offre maintenant à nous.
                Le vent, toujours aussi froid, est ici encore bien plus violent, ce qui est un phénomène courant au niveau d'un col. Le défilement rapide des cumulus de rotor au-dessus de nous témoigne lui aussi de sa force. Sophie commence à se poser des questions : Punta di Tintennaja en face ou Punta Muvrareccia, ou un demi-tour bien plus raisonnable ? Comme Punta Muvrareccia est à peine 200 mètres plus haut, nous finissons par décider d'y aller. Outre le vent, il faut trouver un cheminement entre les aulnes et les barres rocheuses. Durant cette montée, nous nous mettons à l'abri à plusieurs reprises dans des massifs d'aulnes. Compte tenu de ces pauses, nous mettons bien plus d'une heure pour gagner les deux cent mètres qui nous séparent du sommet, et cela sans avoir eu à rebrousser chemin, toutes les options choisies se révélant favorables.
                Arrivés à Punta Muvrareccia, nous commençons par trouver une petite plate-forme bien abritée quelques mètres au Nord-Est du sommet, en balcon sur la côte Est. Sophie et moi en profitons pour casser la croûte, puis je retourne au sommet pour photographier le tour d'horizon complet. C'est vers le Sud-Est que la vue est la plus impressionnante, avec le panorama sur les incroyables parois, aiguilles et ravins du secteur Nord de Bavella, et au loin la côte Sud-Est particulièrement découpée. Au Sud voilà Punta di u Furnellu, dont l'accès sera particulièrement facile, à l'exception près du vent. Ses murailles Nord sont elles aussi spectaculaires. Côté Est de la vallée, voici tout le chaînon entre Punta di Menta Morta et Monte Incudine, puis Punta di Valli Tremuli, Punta Scarachiana, Punta di Tintennaja, et Bocca d'Asinau. Vers le Nord, Monte San Petrone et Punta di Caldane se devinent, puis plus à l'Est, voilà toute la côte de sable avec ses étangs jusqu'à la base militaire de Solenzara, au delà de laquelle elle devient sauvage. Nous décidons de reprendre rapidement la route, histoire de nous réchauffer un peu, car même à l'abri du vent et en plein soleil, il fait frisquet !


Zoom depuis P4 sur le refuge de l'Asinau (et notre tente jaune citron) Depuis P4, au tiers gauche : Monte Incudine masqué par une antécime puis Punta di Valli Tremuli et Punta Scarachiana (au tiers droit) La côte Est depuis les environs de Bocca d'Asinau Depuis le sommet de Punta Muvreraccia : la crête menant à Punta di u Furnellu  La crête de Piana Longa ; Punta di Menta Morta (au centre) pointe vers la rive Sud du golfe de Valinco

En partie droite, Monte Incudine et Punta Scarachiana ; Punta di Valli Tremuli entre les deux sommets Monte Incudine tout à gauche puis Punta di Valli Tremuli et Punta Scarachiana ; Punta di Tintennaja à droite Punta di Tintennaja à gauche (au-dessus de Bocca d'Asinau) et Monte Malo à droite Au quart gauche, Monte San Petrone et Punta di Caldane ; à droite, la côte Est

Depuis Punta Muvrareccia, la côte Est ; on distingue la base aérienne de Solenzara à gauche de Punta Mozza (1122m) Depuis Punta Muvrareccia, la côte Est entre Solenzara et les environs de Fautea Depuis Punta Muvrareccia, les reliefs tourmentés des environs de Bavella, puis la côte Sud-Est de la Corse Zoom depuis Punta Muvrareccia sur les aiguilles du secteur de Punta Lunarda Depuis les environs de Punta Muvrareccia, zoom sur les murs à l'Est de Punta di u Furnellu


                Le début du cheminement, sur le versant Est est un peu plus chaotique que prévu, et nous aurions sans doute gagné un peu de temps en passant sous les petites barres rocheuses, puisque de toutes façons il était nécessaire de descendre d'une centaine de mètres pour atteindre le col en P6 séparant Punta Muvrareccia de Punta di u Furnellu. Le vent, quant à lui commence sensiblement à faiblir, et nous atteignons ce second sommet trois quart d'heure plus tard. Si vers le Nord-Est nous apercevons maintenant les aiguilles et parois à l'Est de Punta Muvrareccia, le reste du tour d'horizon est plutôt moins impressionnant. Sans doute avons nous eu tort de ne pas nous avancer sur l'antécime Est du sommet, située 15 mètres plus bas à moins de 300 mètres d'ici… Côté Ouest, la brèche entre Punta di Valli Tremuli et Punta Scarachiana est maintenant bien visible.
                Nous remettons le cap au Sud en direction d'un troisième sommet, sans nom, à peine plus bas, dont nous contournons la pointe rocheuse sommitale par l'Ouest. Vers P7, nous commençons à apercevoir les aiguilles au-delà de Bocca di Maro, col dont nous commençons à deviner l'emplacement. Ensuite deux options se présentent à nous : revenir sur la ligne de crête en remontant d'une vingtaine de mètres, ou au contraire, prendre un couloir descendant vers l'Ouest sur une trace matérialisée par quelques rares cairns. C'est probablement à tort que nous choisissons cette seconde solution, car en regardant plus tard la ligne de crête depuis Bocca di Maro, celle-ci semble praticable.
                Le terrain est maintenant chaotique entre rochers et végétation, et je suis un peu inquiet, d'autant plus que le gardien du refuge nous avait mis en garde de ne pas descendre trop tôt, avant Bocca di Maro. Dès qu'une progression à flanc devient possible, nous mettons donc le cap au Sud, en remontant d'une vingtaine de mètres sur un terrain plus agréable. Nous arrivons sans encombre au col après environ 2h15 de parcours depuis Punta Muvrareccia. Une bonne surprise : il n'y a plus de vent, et je ne m'étais même pas rendu compte de sa disparition, tant j'étais occupé à trouver le meilleur cheminement vers le col !
                La vue sur le ravin de Pulischeddu est impressionnante, et au-delà les aiguilles d'Urnucciu et celles autour de Punta di Solenzara et Punta di Ferriate se font particulièrement remarquer. Vers le Nord-Ouest, nous retrouvons le panorama sur Monte Incudine, Punta di Valli Tremuli, la brèche et Punta Scarachiana ; à gauche de Monte Incudine on aperçoit également le rocher caractéristique alias « l'Enclume ».


En approchant de Punta di u Furnellu, regard en arrière vers les pointes à l'Est de Punta Muvrareccia Depuis Punta di u Furnellu, zoom sur Monte Incudine, Punta di Valli Tremuli (au centre) et Punta Scarachiana Monte Incudine tout à gauche puis Punta di Valli Tremuli et Punta Scarachiana ; Punta di Tintennaja et Bocca Asinau vers la droite Punta Muvrareccia à gauche et Punta Mozza vers la droite depuis Punta di u Furnellu Les pointes à l'Est de Punta Muvrareccia ; Punta Mozza cache le bout de la piste de Solenzara

Sophie se protège du vent devant l'antécime Est de Punta di u Furnellu Depuis Punta di u Furnellu, les reliefs des environs de Bavella, puis la côte Sud-Est de la Corse Le sommet 1897m depuis les environs de Punta di u Furnellu Les aiguilles au-dessus de Bocca di Maro depuis P7

Punta di Maro, en approchant du col éponyme (derrière les rochers à droite) Rochers typiques à proximité de Bocca di Maro La ligne de crête en provenance des environs de P7 Le ravin de Pulischeddu depuis Bocca di Maro Depuis Bocca di Maro, zoom sur les aiguilles autour de Punta di Solenzara et Punta di Ferriate

Eléments de la paroi rocheuse au Sud de Bocca di Maro Depuis Bocca di Maro, la crête de Piana Longa avec Punta di Menta Morta vers le centre Depuis Bocca di Maro, la crête menant à Monte Incudine ; ensuite Punta di Valli Tremuli et Punta Scarachiana Zoom sur Monte Incudine avec sa croix ; à gauche, on aperçoit le rocher caractéristique alias « l'Enclume »


                La descente depuis Bocca di Maro, sans être techniquement difficile n'est pas très agréable, comme l'avait d'ailleurs indiqué le gardien du refuge : en effet, il n'y aucune trace, aucun cairn, et il faut trouver son chemin entre éboulis et zones forestières, tout cela sur un terrain bien pentu. Il nous faudra d'ailleurs près d'une heure pour perdre les 250m de hauteur qui nous séparent du GR20. La fin du parcours sera évidement bien plus facile, mais bien plus longue qu'imaginée, avant de retrouver à 17h notre tente au refuge d'Asinau. Contrairement à la veille, il y a aujourd'hui beaucoup de monde, et presque tous les emplacements de tente sont occupés.
                Après une douche très froide, nous allons nous installer dans le refuge, pour y prendre notre dîner de bonne heure, car toutes les tables sont réservées à partir de 18h30 pour le repas servi par les gardiens. Puis, compte tenu de la température, qui est toujours bien fraîche, nous allons nous réfugier dans nos sacs de couchage, pour une nuit qui s'annonce bien plus calme que la précédente : le vent s'est totalement calmé !



Troisième jour : Monte Incudine et retour à Prugna
Le dimanche 17 août 2014



                L'objectif principal de cette troisième journée est de retrouver Monte Incudine, car lors de notre premier passage en 1999, le panorama était limité par les nuages. Dans ce secteur il est relativement classique de voir les sommets dans les nuages durant l'après-midi, ce qui n'était pas le cas la veille, notamment à cause du vent. Après le sommet de Monte Incudine, nous avons prévu de revenir par Punta di Valli Tremuli, Punta Scarachiana et Punta di Tintennaja, et Bocca d'Asinau, un itinéraire décrit dans plusieurs guides de la montagne Corse.
                A 8h35 nous nous élançons sur le GR20, donc sur un itinéraire ne demandant pas d'attention particulière quant à l'orientation. Avec des sacs à dos légers, sans nous presser, nous avançons plutôt plus vite que la moyenne, et sommes d'ailleurs ralentis par un groupe conséquent lors d'un passage d'une zone demandant un peu d'attention. Après 1h45, nous atteignons la ligne de crête pour retrouver la vue du plateau de Coscione et d'une bonne partie du cheminement pris lors de notre première ascension. Nous arrivons ensuite au sommet à 10h45, où nous décidons de faire une pause conséquente, et de déjeuner malgré l'heure un peu matinale.
                Nous embrassons du regard la quasi totalité de l'itinéraire de la veille, avec notamment Bocca d'Asinau, Punta Muvrareccia, Punta di u Furnellu, Bocca di Maro, mais aussi les points clés de nos randos précédentes de cet été : La Crête des Terrasses (avec Punta Velaco) et Monte Calva et Punta di Vacca Morta. Plus à l'Ouest du massif de Cagna, on devine le golfe de Valinco, puis la ville d'Ajaccio et la presqu'île des Sanguinaires. Au Nord-Ouest, voici la pointe de Mantelluccio, que nous examinons avec un intérêt particulier puisqu'il s'agit de notre prochain objectif du séjour de cette année. Plus vers le Nord, Paglia Orba vole la vedette à tous les autres grands sommets de la Corse, presque tous visibles, et qu'il serait rébarbatif d'énumérer dans ce texte.
                A droite de tous ces sommets, voici Punta a a Cappella et toutes proches, Punta di Valli Tremuli, Punta di Scarachiana et Punta di Tintennaja qui masquent d'ailleurs l'horizon.


Pour un tour d'horizon complet depuis le sommet, voir la page consacrée à Monte Incudine ; les quelques photos scannées depuis des tirages argentiques qui avaient été prises lors de notre séjour en 1999 n'illustraient que médiocrement le panorama depuis ce sommet ; c'est pourquoi j'ai complèté la page par huit photos prises au cours de ce trek !

Au premier plan, au delà de Bocca di Maro, les Tours de Bavella ; plus loin Punta Velaco ; tout à droite, Monte Calva Le massif de Cagna à gauche ; plus proche, Punta di a Bambiola alias Punta Marcurinacciu se fait remarquer au quart droit La croix du sommet de l'Incudine ; au centre, Monte San Petru devant le golfe de Valinco qu'on devine La ville d'Ajaccio en partie cachée par Punta di Sarracinaggio ; Punta Sistaja plus proche, plus à gauche

La pointe de Mantelluccio est en vedette ; plus proche, à droite, la pointe de Malvesa Punta d'Isa au centre ; tout à droite Punta di a Vena, puis au loin Capu a a Cuccula et Punta di e Cricche Capu Tafonatu et Paglia Orba en vedette ; tout à droite, on peut par exemple reconnaître Punta Minuta et Punta alle Porte Capu Larghia, Monte Cinto, Punta alla Vetta, a Maniccia, Monte Rotondo, Monte d'Oro, Monte Renoso parmi les très nombreux sommets visibles... Monte Cardo à gauche et Punta a a Cappella tout à droite

Punta a a Cappella à gauche ; au loin vers le centre, Monte San Petrone et Punta di Caldane A gauche, Punta di Valli Tremuli (2129m) ; au centre, Punta Scarachiana (2126m) ; vers la droite, Punta di Tintennaja (2018m) Le face Ouest de Punta di Valli Tremuli Monte Incudine depuis les environs de Punta di Valli Tremuli


                Vers 11h45, nous décidons de poursuivre notre boucle vers Punta i Valli Tremuli, dont nous atteignons facilement le pied, d'abord via la variante du GR20, puis à flanc. Deux options s'offrent à nous : faire une petite escalade un peu exposée d'une bonne dizaine de mètres (voir avant dernière photo), ou bien commencer par contourner le secteur sommital en descendant au Nord d'une cinquantaine de mètres un couloir bien pentu. Sophie n'a aucune envie de tenter l'une ou l'autre de ces options d'autant plus que les nuages s'accumulent sur nos sommets et sont en train d'envahir le couloir…
                Après avoir hésité un quart d'heure, en examinant l'évolution des nuages, je finis par admettre que la suite de la boucle risquerait de se faire en grande partie sans visibilité, et nous décidons donc de faire demi-tour. Nous retournons donc à Monte Incudine, en ligne droite cette fois, solution plus rapide et finalement plus facile que celle de l'aller. Nous retrouvons Monte Incudine vers 12h40, et un petit calcul nous montre alors que si nous décidions de revenir directement à Prugna en démontant notre tente au passage du refuge de l'Asinau, nous pourrions y être autour de 18h00, et peut-être même aller planter notre tente au camping à la ferme de Bastelica situé à 2h00 de route. Cette option plait bien à Sophie, à condition toutefois de programmer une journée de repos le lendemain, ce que j'accepte volontiers !
                Nous remettons donc le cap sur le refuge de l'Asinau, en progressant à un rythme un peu plus soutenu ; nous mettrons une heure et demi pour l'atteindre, quarante minutes pour démonter la tente et refaire nos sacs à dos, avant de reprendre le chemin vers Prugna. Deux heures et demi plus tard, et sans pause notable, nous y retrouvons notre voiture : il est 17h25. Il y a de nouveau du réseau téléphonique et un coup de fil au camping à la ferme de Bastelica nous permet de confirmer qu'il y a des places disponibles, et nous annonçons donc notre arrivée avant 20h00.
                Nous n'avons certes pas réussi à atteindre tous nos objectifs durant ce trek, mais avons tout de même su profiter de panoramas exceptionnels avec un air relativement limpide grâce aux conditions météorologiques chassant la brume. C'est donc plutôt satisfaits par ce trek, tout comme d'ailleurs par nos randos précédentes, que nous quittons la région de Bavella.


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