Nous avions découvert Punta Velaco avec nos trois enfants en juillet 2000 lors d'une balade au départ du col de Bavella ; j'avais le souvenir d'une rando plutôt facile avec toutefois un passage un peu plus délicat en approchant du sommet... Il faisait froid avec un vent assez fort, une couverture nuageuse proche du sommet et nous n'avions donc pas pu profiter totalement du spectacle. A l'époque, j'avais déjà lu la description dans le guide Fabrikant du parcours de la crête des Terrasses à partir de Punta Velaco, mais il était alors exclu de tenter l'aventure d'autant plus qu'un passage délicat à l'approche de Bocca Manzaghia y était mentionné ! Avec l'expérience acquise, des descriptions moins alarmantes et au moins deux traces GPS disponibles sur Internet, la balade pouvait maintenant s'envisager plus sereinement, et être l'objectif de notre première randonnée en Corse de la saison 2014. J'ai hésité à classer cette balade dans le chapitre « nos grandes randonnées », car le dénivelé (environ 750m positif cumulés) la distance parcourue (environ 11km) et le temps mis (environ 7h) sont plus typiques du chapitre « chouettes randonnées » ; il y a toutefois quelques passages nécessitant un peu d'expérience sur un terrain parfois compliqué avec recherches et retours en arrière potentiels pouvant très vite consommer de l'énergie, du temps et le moral... d'où le choix de l'intégrer dans ce chapitre. De façon plus rassurante, la comparaison de notre trace GPS avec les deux autres traces récupérées sur Internet montre qu'à plusieurs reprises, des options différentes permettent de progresser sur le parcours, et nous avons notamment pu éviter le passage délicat mentionné par le guide Fabrikant. |
Le point de départ se situe quelques 500m au Nord de l'épingle à cheveux située sur la D268 non loin de l'hippodrome de Viseo. Un petit parking peu utilisé même en haute saison permet de garer, si nécessaire, plusieurs voitures. Nous voilà partis à 8h du matin sur la piste en face du parking, piste que nous quittons presque aussitôt pour un sentier raccourcissant légèrement le trajet. La ligne de crête au Sud de Bocca di Fumicosa se dévoile de temps en temps, mais à contre-jour. Après avoir retrouvé la piste un court instant, le sentier se poursuit pour atteindre et franchir le ruisseau de Velaco (un passage sensé être interdit par un panneau au motif d'une prise d'eau). Le sentier est maintenant relativement horizontal et offre un beau panorama sur une grande zone particulièrement boisée entre Quenza, Zoza et Levie. Vers le Sud-Ouest, voilà Punta di a Vacca Morta que nous visiterons le lendemain (nous ne le savons pas encore) et le massif de Cagna que nous avions découvert cinq ans auparavant. Au point P2, nous avons la mauvaise idée de nous engager dans ce qui semble être un grand raccourci matérialisé par un cairn bien visible... Un quart d'heure plus tard, nantis de quelques égratignures de ronces, nous voilà revenus sur notre sentier. J'imagine que le cairn matérialisait un accès à une voie d'escalade ! Vers P3 nous retrouvons la forêt, puis le sentier disparaît au niveau d'un petit ruisseau en provenance de Bocca Fumicosa. Des cairns permettent maintenant de matérialiser le cheminement pour une progression relativement facile malgré une pente soutenue. Nous arrivons au col à 9h45 : sans la divagation au-dessus de P2, il nous aurait fallu 1h20 pour atteindre Bocca Fumicosa. Cent mètres plus au Nord, il a d'ailleurs un col jumeau séparé par une éminence rocheuse, avec un passage évident entre les deux. Ces cols peuvent parfaitement être l'objectif d'une balade : ils donnent un bon aperçu de cet environnement si particulier, avec de nombreuses éminences ou aiguilles dont Punta di Ferru toute proche et Punta Samulaghia, mais aussi de nombreux couloirs parfois très étroits permettant de progresser sur ce terrain. Vers l'Est et le Nord, le ravin de Frassiccia et d'autres sommets comme Punta Tafanatu di i Paliri complètent cet environnement tout à fait original. Nous ne nous éternisons pas sur le col, car à notre grande surprise un vent violent et assez frais nous y a accueilli... Il est vrai que le vent est souvent plus sensible au voisinage des cols, mais ce sera le premier signe d'un épisode de vent fort pour les 3 jours à venir... |
Du col des Terrasses à Bocca Manzaghia, le cheminement ponctué de quelques cairns nous a semblé assez facile et relativement naturel. Nous l'avons réalisé plutôt dans le secteur Est de la crête, y compris par moment entre des petites parois, alors que les deux autres traces GPS contournent une des éminences par l'Ouest : il y a donc bien plusieurs options pour parcourir la Crête des Terrasses. En approchant de Bocca Manzaghia, une trouée vers le Nord nous offre un bel aperçu des aiguilles de Bavella, en attendant une vue plus large à l'arrivée à ce col. Comme Bocca Fumicosa, Bocca Manzaghia est plutôt un double col, avec une éminence rocheuse en son centre. Juste après ce col, les topos annoncent un petit tunnel permettant de passez d'un versant à l'autre, mais nous ne l'avons pas aperçu, plus occupés par la recherche de la suite du parcours. Nous essayons d'abord de progresser sur le flanc Est, mais très vite, nous faisons demi-tour car la suite semble présenter quelques difficultés et aucun cairn n'y est visible. Le contournement du premier massif après le col se fera donc par l'Ouest, sans passage délicat. Ensuite, et jusqu'aux environs de P4 nous progressons à nouveau à l'Est des crêtes (comme une des deux traces GPS mentionnées, l'autre restant à l'Ouest). A l'approche de P4 notre itinéraire présente un secteur un peu plus délicat, avec un étroit couloir ascendant dont on peut se demander s'il ne mène pas à une impasse ; en réalité il se poursuit par un raide couloir cheminée descendant comprenant un passage douteux vu du haut. Je laisse Sophie -qui commence à avoir des doutes- quelques instants pour aller le tester, mais en réalité son parcours ne demande aucune agilité et il n'est pas exposé (voir la dernière photo ci-dessus). Peu de temps après, nous arrivons à un nouveau petit col avec deux options. Un passage par le versant Est permettrait de contourner Punta Velaco pour l'aborder par l'itinéraire classique ; nous apercevons d'ailleurs au loin des randonneurs, les premiers depuis le départ. Cette option n'est pas proposée dans les topos et j'y identifie la nécessité de franchir un passage qui me semble plutôt exposé. C'est donc côte Ouest qu'il va falloir passer. Après avoir cherché un peu, nous découvrons un cairn proposant d'escalader un ressaut d'un peu plus de deux mètres. Les prises présentes permettent de le négocier sans trop de difficultés, et peu après nous nous retrouvons sur une petite vire qui rejoint un couloir ascendant menant directement au sommet de Punta Velaco. Nous y arrivons autour de midi, après avoir parcouru en un peu plus de deux heures cette fameuse crête, sur un itinéraire finalement bien plus facile que je ne l'avais imaginé, et cela sans passage exposé. Au sommet, nous retrouvons les personnes aperçues auparavant : il s'agit d'un couple allemand avec trois enfants ; personne d'autre, j'imaginais ce sommet bien plus fréquenté compte tenu de la proximité du col de Bavella ! |
La croix et la plaque commémorative parfaitement entretenues attirent l'attention ; elles ont été érigées en mémoire d'une jeune femme atteinte de poliomyélite qui a réussi à vaincre le sommet malgré sa maladie. Même si une légère brume est présente dans le secteur de Porto Vecchio, le vent contribue à nous offrir une belle visibilité pour un panorama exceptionnel. Dans le secteur Nord, les aiguilles de Bavella et leur prolongement vers Punta Lunarda volent la vedette à Monte Incudine et Punta Muvrareccia, relégués au second plan ; notre de ligne de crête se poursuit vers le Nord-Est avec notamment Punta Tafanatu di Paliri masquant un peu la côte Est. Voilà ensuite le ravin de Frassiccia puis Punta Bonifacio, marquant l'extrémité Est du cirque entourant ce ravin. Vers le Sud, Punta Buvone, Punta di Ferru, Punta Samulaghia se font particulièrement remarquer et la Crête des Terrasses, visible dans son ensemble délimite quant à elle l'Ouest du ravin. Ensuite Punta di a Vacca Morta et le massif de Cagna sont les derniers reliefs significatifs avant le golfe de Valinco qu'on ne peut que deviner. Après celui-ci, les reliefs se réhaussent progressivement jusqu'à Monte Incudine. Nous arrivons à trouver une petite plate-forme relativement à l'abri du vent deux mètres en contrebas du sommet,: c'est là que nous allons pouvoir profiter à la fois du casse-croûte et de la vue sur les aiguilles de Bavella. Après une petite heure passée au sommet, nous entamons la suite du parcours qui doit nous ramener au point de départ par un cheminement bien plus facile. |
Nous tâtonnons pourtant quelque peu pour le début de l'itinéraire de descente : nous nous retrouvons très vite devant le vide : il faut contourner l'obstacle par la gauche, puis choisir entre désescalader un petit mur ou parcourir un raide et fin couloir cheminée. Sans me souvenir où nous étions passés 14 ans auparavant, nous choisissons le mur. Nous voilà peu de temps après au point P5, un petit col qui sépare Punta Velaco d'un promontoire un peu moins élevé situé quelques 300 mètres au Nord-Est. Un petit regret : nous n'avons pas eu l'idée d'aller y jeter un œil, d'autant plus qu'aucun obstacle significatif ne nous en séparait. Nous empruntons ensuite un long couloir descendant -entrecoupé par une grosse masse rocheuse- pour retrouver la forêt et peu de temps après, en P6 le sentier menant au Trou de la Bombe. Il y a affluence sur ce sentier : nous croisons en effet de nombreux randonneurs, alors qu'auparavant nous n'avions rencontré que la famille allemande, et que nous ne verrons plus personne après avoir quitté ce même sentier quelques minutes plus tard ! La suite du parcours se fait essentiellement sur un bon sentier sous couvert végétal à quelques exceptions près. Après avoir aperçu Calanca Murata et le Trou de la Bombe, nous avons un panorama en contre-plongée sur la Crête des Terrasses et sur son prolongement vers le Sud. J'ai bien essayé de repérer quelques éléments du parcours, mais à part Bocca Manzaghia, je n'ai pas su retrouver d'éléments précis dans ce chaos ! En P8 le sentier se transforme en piste praticable en 4x4 : il s'agit en fait de l'extrémité de la piste emprunté pour l'itinéraire aller. Après quelques lacets (et un raccourci cairné coupant le dernier d'entre eux), nous retrouvons le sentier que nous avons emprunté au départ. Vers 15 heures, après deux heures de descente, nous retrouvons la voiture, toujours isolée sur son parking en ce milieu d'après-midi. |