La pointe de Mantelluccio est le point culminant d'un massif relativement isolé à l'Est d'Ajaccio, à quelques kilomètres du village de Tolla. Nous avions visualisé ce sommet lors de nombreuses, si ce n'est lors de la plupart de nos ascensions, y compris bien-sûr depuis Paglia Orba. Pourtant, au jour où cette page a été écrite, on ne retrouvait sur Internet aucune référence permettant de préparer une rando vers la pointe de Mantelluccio. Il en est presque de même dans les ouvrages sur les randonnées corses… presque car j'ai pu retrouver la description dans le guide Franck Tome 70 « circuits pédestres Corse du Sud » édité en 1997. J'ai découvert cette description un peu tardivement, alors que j'avais déjà préparé un itinéraire, basé sur l'examen de la carte IGN et les images Google Earth et Geoportail. J'ai eu le plaisir de constater que le tracé du guide était quasiment identique à celui que j'avais imaginé, et du coup, le projet de découvrir ce sommet devenait bien moins aléatoire ! L'absence quasi-totale de fréquentation de ce sommet, y compris par les habitants du secteur nous a été confirmée par le gérant du camping à la ferme de Bastelica (situé près du pont de Minocchi, sur la route du col de Scalella). Ce dernier connaissait un peu le secteur et nous a mis en garde sur la difficulté d'atteindre ce sommet, en référence à l'accès des autres belvédères de la région. Il avait lui-même tenté d'y amener des randonneurs, mais s'était arrêté en P6 (voir carte ci-dessous). Nous ne nous sommes pas découragés pour autant ! J'avais d'abord imaginé un bivouac au col d'Arusula, mais nous avons fini par estimer que les quelques deux heures de marche sans grand dénivelé pour atteindre ce col ne justifieraient sans doute pas les inconvénients liés à cette option. En revanche, nous avons programmé un départ matinal pour une journée probablement longue. |
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Départ du camping à 6h30 en direction du Col de Ciano où nous garons notre voiture à environ 1000 mètres d'altitude. Le début de la piste qui s'enfonce dans notre vallon est clairement praticable en voiture normale ; toutefois, par expérience, on gagne peu de temps à emprunter une piste non testée au préalable, et parfois on en perd beaucoup ! Départ donc à pied, vers 7h00, avec des sacs à dos surtout garnis par les réserves d'eau. Je n'ai en effet pas totale confiance dans les deux sources mentionnées sur la carte ; la fontaine de Calderamolla un peu avant le col d'Arusula et la fontaine de Talanesa, près du point P4. Les environs de l'épingle à cheveux au travers de la pointe d'Alzo Malo ne seraient pas faciles à négocier en voiture, et nous avons donc eu raison de ne pas nous y être engagés. Arrivés à P1, une éclaircie dans le couvert végétal nous permet de distinguer le col en P4 et la ligne de crête y menant : son parcours ne semble pas bien difficile, ce qui n'est pas pour nous déplaire ! Presque à mi-chemin du col d'Arusula, nous franchissons la rivière d'Ese sur le pont de Bronco, point bas de notre randonnée à 920 mètres d'altitude. La remontée vers P2 ne pose pas de problèmes particuliers si on suit les indications de la carte aux deux premiers embranchements. En revanche, en P2, au niveau du pont qui traverse le ruisseau de Calderamolla, la carte est fausse : le sentier en rive droite du ruisseau va se perdre au niveau de petites vasques et cascades. En réalité, une centaine de mètres avant le pont, il faut emprunter vers la gauche une mauvaise piste bien raide non marquée sur la carte. Plutôt que de revenir sur nos pas, nous coupons en empruntant une vague trace qui nous ramène effectivement, une vingtaine de mètres plus haut, sur la piste vers laquelle nous aurions dû bifurquer. Aucun problème pour suivre cette piste qui se rétrécit pratiquement en sentier et qui n'est donc plus praticable en 4x4. Quelques 500 mètres avant le col d'Arusula nous atteignons un ru qui n'est pas à sec, et la fontaine de Calderamolla devrait se trouver aux alentours ; je cherche un peu cette source, mais ne voulant pas perdre trop de temps, j'abandonne rapidement, sachant que nous n'avons pas beaucoup bu depuis le départ, et qu'il serait toujours possible de s'en occuper au retour. |
En approchant du col d'Arusula, nous constatons que la végétation est suffisamment basse pour atteindre la ligne de crête menant à P3 et P4. Nous poursuivons toutefois jusqu'au col même, comme suggéré par le guide Franck. Plusieurs cochons et vaches avaient élu domicile au niveau du col : le bivouac dans ce secteur aurait été une bien mauvaise idée ! Nous ne trouvons pas de trace en direction du premier mamelon visé : nous nous engageons donc un peu au hasard, et arrivons à traverser sans trop de difficultés les endroits de végétation haute, grâce à des passages forcés par les animaux. Au fur à mesure que nous montons, le terrain devient moins touffu, et nous finissons même par trouver un cairn à partir duquel une vague trace facilite la progression. Arrivés en P3, nous apercevons enfin la pointe de Mantelluccio, ainsi que le couloir menant au col P6. Ce couloir sera visiblement de parcours facile, puis la crête menant au sommet ne semble pas trop difficile. En regardant en arrière, nous apercevons maintenant l'Incudine où nous étions l'avant veille. Au delà de P3, nous progressons, sur de vagues sentes un peu en contrebas au Nord de la ligne de crête, pour atteindre, toujours sans difficultés particulières le petit col en P4 où la fontaine de Talanesa est sensée se trouver. Ce serait un lieu de bivouac acceptable pour explorer tous les sommets du secteur, à condition de trouver la fontaine. Je pars donc à sa recherche, mais le ru qui matérialise un peu l'écoulement de l'eau est à sec… Le bivouac n'est sans doute envisageable qu'au printemps ! Après P4, cela se complique ; nous identifions facilement la pointe rocheuse indiquée dans le guide Franck en amont de laquelle il convient de passer en P5 : ce passage permet à priori d'éviter de trop redescendre pour rejoindre le couloir menant au col P6. En revanche, tout ce versant est envahi par une végétation touffue (heureusement non piquante) de un à deux mètres de hauteur, et la progression n'a pas l'air évidente…Il y a des châtaigniers entre P4 et P5, et faute d'autres idées, nous décidons de viser le premier châtaignier… puis le deuxième… puis le troisième…puis le point P5… Cela n'a pas été facile comme le montre notre vitesse de progression ; nous avons parcouru 500 mètres en 1h15 ! Le moral en a pris un bon coup ; heureusement, arrivés au petit col derrière la pointe rocheuse, nous constatons que la suite devrait être bien plus facile, avec une végétation plus clairsemée… et en regardant en arrière, nous découvrons même un cairn qui semble indiquer un itinéraire en amont du nôtre : un espoir pour un retour plus facile ! Nous atteignons le couloir menant à P6 à mi-hauteur sans difficulté particulière, et de rares cairns sont même présents pour nous conforter. Le couloir lui-même est de parcours facile malgré l'absence de traces, et nous arrivons enfin au col P6 à 1520 mètres d'altitude, d'où nous découvrons le vallon sauvage de Paratella, et un peu plus loin, Ajaccio et son golfe. En regardant en arrière, nous pouvons apprécier une grande partie de l'itinéraire parcouru depuis le col d'Arusula, et au loin, Punta a a Cappella que nous avions visitée deux ans auparavant. Nous décidons de laisser un des sacs à dos et nos vivres au col, avec l'objectif de déjeuner ici au retour. La montée finale depuis le col (en progressant un peu à gauche de l'arête) est plutôt ludique avec une alternance de courts couloirs, de petites barres rocheuses et de quelques passages où les mains sont utiles, tout cela sans risques. Il y a en fait de multiples variantes possibles, ce qui explique pourquoi nous n'avons pas été obligés de chercher l'itinéraire. Il nous faudra d'ailleurs à peine une demi-heure pour gravir ces 150 mètres supplémentaires jusqu'au sommet où nous arrivons à midi et demi, après 5h40 de progression. |
Le tour d'horizon est conforme aux attentes : à l'Ouest, Ajaccio et son golfe ; au Nord, les grands sommets se succèdent : au loin, Paglia Orba et toute la chaîne depuis Punta Minuta à Monte Cinto ; un peu plus près, autour de Punta alle Porta et Monte Rotondo, les sommets de la Restonica ; en poursuivant ver l'Est et le Sud, Monte d'Oro puis Monte Renoso et Monte Incudine. Mais c'est surtout le panorama proche qui est exceptionnel, quelque peu comparable à ce qu'on peut trouver autour de Bavella, telles les aiguilles à l'Ouest de Punta di Forca d'Olmu, la face Nord-Ouest de Punta di Gialletoja ou le ravin de Paratella. Le lac et le village de Tolla viennent complèter harmonieusement le tableau. Nous passons à peine une dizaine de minutes au sommet : le petit déjeuner était frugal et le déjeuner nous attend au col P6… Sans chercher à suivre notre cheminement aller, nous improvisons une descente un peu plus à l'Ouest, avec une progression tout aussi facile qu'à l'aller. Arrivés au col, nous engloutissons notre casse-croûte, et repartons vingt minutes plus tard, car Sophie a des appréhensions pour le trajet entre P5 et P4. De retour à P5, nous suivons cette fois la direction indiquée par le cairn, et avons la surprise de découvrir au fur et à mesure des cairns permettant une progression plus facile que le matin, même si elle reste quelque peu délicate. En approchant du col P4, nous perdons la ligne de cairn (ou alors elle s'arrête), ce qui complique un peu la progression. En tout cas, le bilan est plutôt positif puisque nous mettrons trois quart d'heure au lieu d'une heure et quart pour parcourir ces fameux 500 mètres. Au delà de P4, une vague trace nous conduit à descendre un peu trop sur le versant Nord, avec une progression moins agréable qu'à l'aller : je décide donc de rejoindre la trace GPS de l'aller un peu avant P3. Enfin, en vue du col de l'Arusula, Sophie propose de raccourcir vers le Nord sur un terrain présentant moins de végétation, décision qui s'avèrera tout à fait pertinente. En résumé, si vous utilisez notre trace GPS entre les environs du col d'Arusula et le col P6, suivez la trace le plus au Nord, sauf entre P3 et P4. Comme sur le parcours aller, nous mettrons un peu moins de deux heures pour rejoindre le col de Ciano depuis le col d'Arusula. J'avais imaginé prendre un bain dans une vasque de l'Ese aux abords du pont de Bronco, mais contrairement à l'habitude au mois d'août, il ne fait pas très chaud à 1000 mètres : vers 16h30, je n'ai finalement aucune envie d'aller me tremper ! Nous retrouvons la voiture à 17h35, après quelques 10h40 de randonnée, et relativement peu de pauses : la mise en garde du gérant du camping sur l'ampleur du parcours était justifiée ! |
Il est possible aussi de le faire par le couloir SO en partant du pont de Campitrosu sur la D27. Bon chemin jusqu'au pied du couloir puis progression plus ou moins facile en rive droite orographique, bien au-dessus du ruisseau au début. Pas de difficultés majeures hormis trouver le passage au début du couloir. Je l'ai fait par les 2 côtés. Je préfère couloir SO. Raide. Beau rocher. |