Migliarello


                Le col de Vizzavona avec ses 1163 mètres d'altitude est le point le plus haut de la route nationale qui rejoint Bastia à Ajaccio. Si vous n'avez pas l'intention de vous arrêter, vous vous souviendrez d'une belle forêt entourée de montagnes sauvages. En arrivant du Nord, c'est Monte d'Oro (2389 mètres) qui retiendra votre attention sur votre droite ; en venant d'Ajaccio, c'est Migliarello (2254 mètres) qui vous paraîtra le plus majestueux, un peu à gauche du col.
                Bien que nous ayons emprunté de nombreuses fois ce col pendant nos divers séjours en Corse, nous n'avions pas encore réalisé de balades aux environs et pourtant, les possibilités sont nombreuses : simples promenades vous emmenant à des belvédères ; point de départ de grandes randonnées (le GR20 passe dans le secteur) bains dans les vasques proches ou plus éloignées de l'Agnone avec ses célèbres cascades des Anglais : il y en a vraiment pour tous les goûts et vous trouverez sur ce site une idée de balade plus facile à partir de ce col vers Punte Dell Oriente.
                Je dois avouer que nous avons un peu hésité entre Migliarello et Monte d'Oro pour notre première balade à partir de Vizzavona. Comme nous résidions près d'Ajaccio cette année-là, nous avons opté pour Migliarello, un peu moins haut et un peu plus facile d'accès que Monte d'Oro.


                Départ vers 7 heures au col de Vizzavona où les cochons noirs viennent saluer les premiers touristes -que nous sommes- pour quémander un peu de nourriture. Première petite étape : le château ou fortin en ruine un peu plus de 50 mètres au-dessus du col. Il faut le contourner par le Nord pour retrouver dans une belle forêt de hêtres un sentier presque plat qui rejoint l'Agnone, aux environs des cascades des anglais. A cette heure-ci, seul le bruit des cascades couvre le crissement de nos chaussures. Au retour, au même endroit, ce sera bien plus vivant avec les cris des enfants et le bruit sourd de plongeons dans les vasques.
                Nous rejoignons le GR20 que nous quitterons seulement trois heures plus tard à Punta Muratello. D'abord nous longeons la rive droite de l'Agnone ou de nombreuses vasques, voire des mini-canyons difficilement accessibles se succèdent : une invitation à la baignade dont nous profiterons sans doute au retour. Un peu avant 9 heures, nous franchissons une passerelle enjambant l'Agnone, une dizaine de mètres au-dessus d'une très belle vasque d'eau claire dont nous ne pouvons pas deviner le fond. Si vous arrivez à cette passerelle vers 1400 mètres d'altitude, dans l'intention de passer la journée au bord de cette rivière, n'allez pas plus loin, il n'y aura pas d'autre coin de baignade (mais vous pouvez redescendre un peu le long du lit de la rivière pour trouver d'autres belles vasques).



                Maintenant nous sortons de la forêt ; les taillis d'aulnes se succèdent aux zones rocailleuses, dalles ou moraines, avec parfois des ravins impressionnants le long de Monte d'Oro. Un peu plus tard, il n'y aura presque plus que des dalles rocheuses, avec de nombreux cairns et signes blancs-rouges du GR20 évitant ainsi toute difficulté d'orientation. Près de 2 heures de paysage très sauvage avant d'atteindre les environs de Punta Muratello. Peu avant, nous repérons le cheminement qui monte au col du Porc : ce sera pour une prochaine randonnée, la branche retour d'une boucle passant par Monte d'Oro.
                David et moi faisons un petit tour jusqu'au col de Muratello, une petite brèche que le GR20 emprunte pour rejoindre la vallée de Manganello. La vue sur le massif du Rotondo y est magnifique, nous la retrouverons plus haut au sommet de Migliarello. Le cheminement du GR20 vers Petra Piana dans sa variante par les crêtes est visible dans sa quasi totalité. Pendant ce temps, Thomas, Sarah et Sophie peuvent profiter d'une petite pause une cinquantaine de mètres plus bas.



                L'itinéraire devient plus difficile à deviner : il faut d'abord savoir où quitter le GR20, pour ensuite suivre une trace de moins en moins marquée, avec de temps en temps un cairn. Le paysage devient encore plus sauvage, et à plusieurs reprises, il faut réellement planifier son trajet à vue, car les obstacles sont de plus en plus nombreux. Il vaut mieux ne pas s'aventurer par ici en cas de risque de brouillard : même par beau temps nous nous sommes parfois retrouvés dans des impasses, obligés de revenir un peu en arrière.
                En tout cas, pas de grosses difficultés techniques ou de passages exposés. Peu avant le sommet, nous atteignons une petite surface plane et herbeuse où nous surprenons un troupeau de moutons qui s'enfuit vers ce qui nous semble être une impasse. Nous ne nous approchons pas trop d'eux, de peur que le troupeau ne s'engage dans ce passage très exposé. Nous atteindrons le sommet un peu plus tard, vers onze heures trente, après quatre heures et demi de marche.




                Bien entendu, le spectacle est grandiose. Dommage que la brume empêche de belles photos dans la direction d'Ajaccio où l'aéroport, la ville, tout le golfe entre Capo di Muro et les îles Sanguinaires sont pourtant bien visibles. Tout près dans cette direction, des sommets très découpés entourent notamment les gorges de la Richiusa. La chaîne principale de la Corse est bien nette, puisque nous apercevons une fois de plus, et très distinctement, Paglia Orba trente kilomètres au Nord-Ouest : Vu le nombre de fois où cette belle montagne nous a nargués, comment ne pas finir par y aller...
                Mais bien plus proche, des souvenirs des années antérieures : Maniccia (cinq ans plus tôt), le secteur des lacs de Melo Capitello, mais aussi et surtout le massif du Rotondo : nous reconnaissons l'endroit où nous avions dû faire demi-tour l'année précédente, et ce sommet est au programme de nos grandes randonnées de cette année... Espérons que cette fois nous y arriverons.
                Vers le Sud, d'autres montagnes que nous reconnaissons bien : Punta Alla Vetta, où nous étions 3 jours plus tôt lors de notre balade vers le Lac de Bracca, mais aussi Monte Renoso que nous avons déjà fréquenté à trois reprises, et Punta Dell Oriente, un autre objectif de balade... Enfin vers le Nord-Est, Monte d'Oro. Que de bons souvenirs... et que de futurs défis ! Au jour où j'écris ces lignes, Monte d'Oro reste toujours un objectif, mais Punta Dell Oriente, Rotondo et surtout Paglia Orba ne nous ont pas résistés, et comme vous l'avez peut-être déjà lu sur d'autres pages de ce site, nous avons adoré...



                Après la séance photo, c'est bien entendu l'heure du repas. Nous resterons plus d'une heure sur ce magnifique sommet ; seules les vasques de l'Agnone où nous voulons arriver avant qu'elles ne soient à l'ombre de Migliarello nous incitent au départ.
                Une petite demi-heure plus tard, nous rencontrons deux bergers en train de rapatrier les moutons que nous avions effrayés tout à l'heure. Eux redescendent par un autre cheminement, sur le flanc Ouest de la vallée de l'Agnone. Nous préférons retrouver tranquillement le GR20 qui emprunte le flanc Est de la vallée. Le paysage est toujours aussi sauvage, avec de nouveaux éclairages et de nouvelles perspectives. L'absence de nuages et de brise rend la chaleur de plus en plus accablante au fur et à mesure que nous descendons. Allez...plus que quelques efforts avant d'apprécier ces vasques bien rafraîchissantes... Nous arrivons à la passerelle vers quinze heures trente, et nous trouvons bien vite une vasque à notre goût ou tout le monde pourra en profiter, avec possibilité de saut à différentes hauteurs.




                Comme la gorge est ici bien encaissée, le soleil disparaîtra assez vite, et nous serons obligés de nous remettre en route un peu avant 17 heures, car l'eau est bien trop fraîche pour pouvoir se baigner en l'absence de soleil. Ce n'est qu'au prix d'une grande attention que nous arriverons à retrouver le chemin qui quitte le GR20 vers les ruines du fortin au-dessus du col : prenez bien vos repères à l'aller si vous ne voulez pas faire un petit tour et revenir au col de Vizzavona par la route nationale !
                Nous avons quelque temps plus tard amené des amis à ces vasques, par le même itinéraire et cette fois-ci, trop confiant en moi, j'ai loupé l'embranchement avec un groupe de 11 personnes... Quelle honte ! En fait c'est bien plus simple de rejoindre le GR20 et la cascade des anglais par le chemin qui part environ 1 km au Nord du col (là où sont stationnées toutes les voitures), mais vous ne profiterez pas des ruines du fortin du col où les enfants pourront bien s'amuser...
                Après une petite pause au fortin (sauf pour les garçons qui essaient de découvrir ses moindres recoins), nous retrouverons presque douze heures plus tard la voiture... et les cochons qui semblent toujours aussi affamés...
                En espérant retrouver un jour Migliarello par sa face Sud au départ de Bocognano, concluons avec cette citation du guide Didier Richard :


Cette montagne mériterait d'être mieux connue et plus fréquentée car elle offre des possibilités
de courses et d'escalades assez intéressantes, variées et d'une certaine ampleur.



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