Les conditions météorologiques mi-juillet 2013 étaient exceptionnellement mauvaises sur la montagne corse : si le temps était beau le matin, des orages plus ou moins violents se déclaraient à peu près tous les jours entre 14h et 16h. Le départ pour notre sortie bivouac était prévue cinq jours auparavant, mais il a fallu la reporter successivement tous les jours et trouver des solutions alternatives permettant d'être rentrés tôt dans l'après-midi. Cette année nous sommes accompagnés de Philippe et Chantal, qui ne connaissaient pas la montagne corse, mais sont des habitués des courses dans les Alpes. Les prévisions météo laissent un bon espoir pour entamer notre sortie bivouac le lendemain : nous avons donc convenu non seulement de rentrer tôt à cause des orages, mais en plus de faire une balade particulièrement facile, pour ne pas nous fatiguer avant notre trek : Au départ de Calacuccia, Monte Pinerole se présente comme la solution idéale pour satisfaire à ce double objectif, d'autant plus que ce sommet a une position remarquable, au centre même du nord de la Corse. Solution idéale si la piste est praticable jusqu'aux bergeries de Conia... Je me souviens de la portion entre le barrage de Calacuccia et Bocca a Croce plutôt en bon état, nous l'avions empruntée pour notre balade vers Punta Artica... Il faut donc espérer que la piste ne s'est pas trop dégradée jusqu'au col (sinon la balade sera compromise compte tenu des contraintes horaires) et qu'elle reste correcte après le col (sinon la balade sera rallongée de deux fois 6km). |
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C'est donc avec une certaine incertitude que nous nous engageons, vers 7h15 du matin, sur la petite route goudronnée prolongeant le barrage de Calacuccia. Après avoir gagné quelques 250 mètres d'altitude, voici la piste. Au fur et à mesure que nous montons vers Bocca a Croce, nous constatons que, même s'il faut parfois slalomer un peu, le chemin reste tout à fait carrossable avec une voiture ordinaire. Il y a quelques intersections avec d'autres pistes, mais à chaque fois la direction à prendre est à peu près évidente. Nous reconnaissons notre emplacement de « parking » à Bocca a Croce, puis constatons que la piste reste tout à fait praticable après le col, et est peut-être même plus facile car elle suit les courbes de niveau. Après avoir passé à proximité de l'amoncellement de rochers de Capo Aleri, elle repasse en forêt. A quelques 400 mètres des bergeries de Conia, au-delà d'une zone où il y a de la place pour garer plusieurs voitures, la piste semble se dégrader : aucune raison de continuer en voiture, ce sera donc le point de départ de notre randonnée. Départ à 8h25 vers les bergeries de Conia que nous atteignons en 5 minutes. La piste continue en direction de Bocca a Canaghia et des bergeries de Padule, mais à partir d'ici, un vrai 4x4 deviendrait indispensable (avec quelques passages sportifs). Une centaine de mètres après les bergeries, un raccourci permet, après avoir traversé le ruisseau de Furmicuccia, de couper le premier lacet de la piste. En la rejoignant à nouveau, nous avons la surprise de découvrir Paglia Orba dépassant la ligne de crête (voir première photo). Vers le sud-ouest, c'est Punta Artica et Capu a u Faciatu qui semblent fermer la vallée du Tavignano. La montée jusqu'à Bocca a Canaghia est bien sûr très facile , et nous découvrons au fur et à mesure que nous approchons du col les sommets des autres reliefs encadrant les vallées de la Restonica, du Tavignano et du Golo. Arrivés au col, nous devinons Monte Pinerole à gauche de la remarquable éminence rocheuse « 1914m ». Nous dominons le vallon et les bergeries de Padule, avec au loin les reliefs de la Castagniccia, estompés par une atmosphère aujourd'hui particulièrement brumeuse. Si l'itinéraire pour atteindre l'arche de Corte via les bergeries de Padule est bien visible, nous ne voyons aucune trace en direction de Monte Pinerole. Vus du col, le relief et la végétation semblent se prêter à une progression hors sentier facile, même si quelques zones rocheuses et quelques massifs d'aulnes pourraient nous faire perdre un peu de temps. La progression se révèle effectivement sans encombre, et est même facilitée par des traces laissées par les passages de bétail. Après quelques faux plats, nous arrivons à P1, le seul endroit où il faut prendre une décision : une grande surface d'aulnes doit en effet être contournée. Le contournement par l'aval ne poserait aucune difficulté, mais nécessiterait de perdre une cinquantaine de mètres avant la montée finale, alors que le contournement amont serait plus direct mais semblerait plus aléatoire. Nous choisissons la seconde solution, ne serait-ce que pour donner un peu de piment à notre parcours. Nous constatons assez rapidement que nous avons fait le bon choix, car au-dessus de l'étendue d'aulnes, aucun obstacle ne viendra ralentir notre parcours. Nous arrivons bientôt à Monte Pinerole, un sommet très aplati, parsemé de quelques cailloux et petits rochers. Il nous aura fallu 1h25 depuis le parking : une balade courte qui nous permet cependant de découvrir un panorama particulièrement intéressant comprenant de nombreux sommets que nous avons gravis... Monte San Petrone, Punta di Caldane, Monte Cardo, Monte Rotondo, Lombarduccio, Punta Artica, la vallée du Tavignano, Punta di e Cricche, Punta Licciola, Monte Albanu, Paglia Orba, Capu Falu, Punta Crucetta, Monte Cinto, la crête depuis les environs de Capu Biancu jusqu'au Turone via Cima a i Mori et Monte Padru. Après le tour d'horizon ponctué de quelques commentaires de ma part sur les différents sommets, nous essayons d'imaginer un complément pas trop fatiguant pour cette fin de la matinée. L'Arche de Corte est un candidat sérieux, mais la lecture de la carte montre qu'il y aurait près de 500 mètres de dénivelé positif supplémentaire sur l'ensemble de la journée... un peu beaucoup compte tenu de l'objectif d'une balade reposante. L'éminence rocheuse « 1914m » toute proche est peut-être intéressante à escalader, mais l'idée ne nous inspire guère. Nous finissons par décider d'un complément vers Punta Finosa, un objectif particulièrement facile, avec sans doute un panorama plus original sur la vallée du Tavignano, et ses sommets déchiquetés dans ce secteur. Les cumulus très présents depuis notre arrivée ne se développent pas trop, il n'y a pas de signe annonciateur d'orage, mais la brume estompe beaucoup le paysage, et nous empêche d'en profiter pleinement. Le petit déjeuner était matinal et même s'il n'est pas encore 11h du matin, cette petite balade nous a mis en appétit, et nous décidons de déjeuner sur place avant de mettre le cap sur Punta Finosa. |
Nous nous dirigeons dans un premier temps vers Bocca a Canaghia en retournant sur nos pas, car on ne voit pas trop comment on pourrait améliorer le parcours. Arrivés au col, nous avons la surprise d'y trouver un bon sentier, partant dans la direction de Punta Finosa. Chantal préfère nous y attendre et nous continuons donc à trois. Assez rapidement, nous longeons une première éminence rocheuse cotée 1866m sur la carte IGN : c'est le point culminant au sud de Bocca a Canaghia. Un peu plus loin, il s'agit de négocier une autre petite éminence rocheuse qui n'est autre que l'extrémité de la ligne de crête sud du vallon de Padule. Le caractère déchiqueté et sauvage du versant Tavignano contraste particulièrement avec les reliefs débonnaires que nous avons fréquentés jusqu'à présent. L'Arche de Corte s'y cache quelque part, mais je ne la retrouverai qu'en agrandissant la seconde photo ci-dessous, en préparant cette page. Il ne reste puis qu'à redescendre de quelques mètres avant de remonter à Punta Finosa, qui ce jour-là est occupée par un troupeau de chèvres gardé par un bouc tentant de nous empêcher d'y accéder. Face à notre détermination, il finit par sonner la retraite pour son troupeau, qui s'est ensuite réfugié sur la crête menant à Capo Nero. En arrivant au sommet, nous avons quelques doutes : en effet, cette lame rocheuse au sud-est, plus basse d'une dizaine de mètres, mais bien plus caractéristique, pourrait avoir été baptisée Punta Finosa... Je n'ai pas la réponse, mais en tout cas, notre trace GPS correspond bien au point coté 1855m sur la carte, et non à l'éminence rocheuse. Admettons donc que nous sommes bien à Punta Finosa. Si Monte Pinerole, et le rocher « 1914m » occupent l'horizon dans le secteur Nord, le reste du panorama lointain n'est guère différent. En revanche, la vallée du Tavignano est bien plus présente. Nous la dominerions encore mieux depuis la lame rocheuse qui paraît accessible, ou depuis Capo Nero, quelques 500 mètres au sud-ouest. Comme nous avons laissé Chantal à Bocca Canaghia, nous décidons de ne pas poursuivre vers ces objectifs. Le retour vers Bocca a Canaghia où nous retrouvons Chantal, puis les bergeries de Conia et la voiture ne sera qu'une petite formalité... il nous prendra moins de temps que pour le parcours relativement pénible de la piste en voiture. Quant à la météo, elle restera clémente juqu'à notre arrivée à Calacuccia. |