Après notre trek de cinq jours, dont le parcours de la vire d'Andatone, nous voilà à Galeria, une petite ville en bord de mer, un peu à l'écart de la route rejoignant Calvi à Ajaccio via Porto, et relativement à l'abri des flux touristiques. Nous n'avons d'ailleurs eu aucun mal à trouver une chambre d'hôtel en bord de mer pour les deux nuits précédant notre retour sur le continent. Bien qu'arpentant les reliefs corses depuis sept jours consécutifs, et malgré la proximité de la plage, il nous reste suffisamment de fourmis dans les jambes pour vouloir faire une balade raisonnable durant la matinée de la journée restante. Philippe, compagnon du trek précédant, et grand spécialiste des sentes perdues du Filosorma nous avait incités à tenter un trajet un peu original pour essayer de rejoindre une petite crique du côté de la réserve de Scandola, mais sa description laissait entrevoir quelques aléas sur le cheminement à réaliser... Le sentier vers Capu Tondu, surligné de rouge sur la carte IGN -sans aucun doute l'autoroute piétonnière du secteur- n'inspirait guère Philippe ; à cette date, il ne l'avait donc jamais emprunté... Nous ne l'avons pas écouté, car à défaut de nous offrir la satisfaction de pouvoir vaincre le maquis impénétrable, Capu Tondu, comme le montre d'ailleurs cette photo aérienne était très certainement un belvédère d'exception malgré son altitude modeste (839m). Nous aurons quelques surprises et la lecture de cette page fera peut-être changer d'avis Philippe ! Nous aurions souhaité partir de très bonne heure, pour être de retour vers midi, et éviter ainsi de marcher pendant les heures les plus chaudes de la journée. Malheureusement, les us et coutumes des vacanciers de bord de mer ne supposent pas un déjeuner aux aurores... Vers huit heures, nous retrouvons donc au petit déjeuner d'autres compagnons du trek précédent, Eckard et Arnaud qui retournent sur le continent dès ce matin, et les discussions sur les journées précédentes retardent encore notre départ qui aura lieu peu après neuf heures. |
Nous n'avions pas préparé particulièrement cette randonnée, à priori sans aucune difficulté, d'autant plus que le sentier étant codé sur la carte intégrée à notre GPS, il suffira de se laisser guider bêtement comme en voiture... Très vite, à la sortie de la ville nous serons ramenés à d'autres réalités : suite à des constructions plus récentes que la carte, nous nous retrouvons dans un cul de sac... puis après quelques recherches nous trouvons bien le sentier menant à Ota mais la bifurcation vers Capu Tondu proposée par le GPS semble ne plus exister ! La carte papier est ressortie de nos sacs, pour constater que passer par le centre ville devrait permettre de retrouver le cheminement prévu un peu plus loin. Nous en profitons pour demander quelques informations à des habitants, mais assez bizarrement, ceux-ci disent ne pas savoir. Nous finirons quand même par obtenir une information du genre : « oui c'est possible de monter à Capu Tondu, mais ce n'est pas très facile à trouver et je ne peux pas vous donner d'indications »... Y aurait-il une consigne locale visant à éviter que des touristes inconscients n'aillent pas s'égarer là-haut ? C'est fort possible ! Cette fois-ci, le GPS nous permettra de dénicher sur le bas côté de la piste un mince couloir montant semblant érodé par des traces de pas ... il se transforme au bout de quelques mètres en un vrai sentier ! Rien n'est fait pour indiquer que ce sentier permet d'accéder à Capu Tondu... et on nous interrogera d'ailleurs plus haut comment nous avons réussi à trouver le départ de ce sentier ! C'est sûr, la municipalité n'incite pas les touristes à s'aventurer par ici. Pendant un bon quart d'heure, le sentier -un vrai sentier- ne pose aucune difficulté, puis des bifurcations nous engagent à tort sur des traces se perdant toutes dans le maquis... Toutes, sauf une, celle qui descend légèrement, et qu'on n'a donc pas envie de prendre... La carte indique un gisement préhistorique -l'Ambiu- ce qui explique peut-être les nombreuses traces... En tout cas, voilà quinze nouvelles minutes de perdues, sans compter les doutes de plus en plus forts sur la réussite de notre balade ! Le cheminement proposé par le GPS, et donc le tracé carte IGN n'est pas suffisamment précis pour éviter de suivre les mauvaises traces, mais il est tout de même utile pour nous indiquer que nous sommes grosso modo sur la bonne voie. Le sentier reste en état plutôt correct, même si le maquis semble parfois bien prêt à l'envahir, par manque de fréquentation. Assez bizarrement nous rencontrons de temps en temps des marques de peinture rouge toutes fraîches, bien plus fines que les marques standard ; certes elles m'intriguent quelque peu mais lorsque plusieurs options se présentent à nous, nous les suivons, et cela marche bien semble-t-il. ! Sortis de la végétation haute, et devenant plus confiants pour la suite, nous nous accordons une pause pour admirer le golfe de Galeria. Un petit point : nous avons perdu une bonne heure depuis le départ en recherches diverses, et sommes très en retard par rapport au départ matinal envisagé initialement. Compte tenu de la température très élevée en ce milieu de journée, il va falloir gérer notre boisson de façon relativement rigoureuse, malgré les marges prises au départ. Il convient d'ailleurs de préciser qu'il est tout à fait exclu de trouver de l'eau sur ce parcours. A environ trente minutes du sommet, nous croisons un couple de randonneurs du continent qui redescend. Bien entendu, vu la faible fréquentation nous engageons la conversation... Ils commencent par nous demander comment nous avons fait pour trouver le départ du sentier à Galeria... Cela confirme bien qu'il n'est pas facile à trouver ! Ensuite monsieur nous explique que c'est la quatrième fois qu'ils sont montés sur ce promontoire splendide, et qu'ils étaient en reconnaissance pour le faire découvrir à leurs enfants durant ces vacances. C'est là que madame exhibe fièrement son gros marqueur rouge, et nous explique qu'elle a fait des marques pour éviter de se fourvoyer sur de fausses pistes avec sa progéniture !!! En questionnant sur les difficultés restantes, monsieur nous explique qu'il reste un passage nécessitant un peu l'usage des mains, et une ou deux fausses pistes qui viennent d'être balisées par madame ! Quand Philippe nous avait parlé la veille d'autoroute, il avait tout faux ! Nous prenons congé du couple en les remerciant pour ces renseignements et le balisage, même si ce dernier n'est pas tout à fait orthodoxe. En tout cas, nous voilà rassurés pour le cheminement, y compris pour le retour : même en cas de panne GPS, nous ne nous perdrons pas ! La fin de la montée est relativement ludique avec quelques passages rocheux à contourner ou à escalader (sans danger). L'arrivée au sommet vers midi quinze tient toutes ses promesses ! |
Un panorama exceptionnel sur mer et montagne... La mer avec la côte entre Capo Rosso au sud et Punta Revellata au Nord, les golfes de Porto, de Girolata, de Galeria, et la réserve de Scandola toute proche... La montagne, avec Paglia Orba en vedette, au-dessus du Filosorma que nous avons parcouru ces derniers jours... Nous arrivons à repérer de façon précise le site du bivouac au pied du Tafonatu, la grande vire qui parcourt la base du Tafonatu, et bien d'autres points de passages dont Capu Scaffone. Plus au sud, les sommets comme Capu d'Orto, Capu San Petru, Capu a a Cuccula ou Capu a e Ghiarghiole ; plus au nord, la Grande Barrière, puis Punta Minuta, et la ligne de crête passant par a Muvrella, puis par Monte Corona pour mener tout au Nord à Monte Grosso... Plus loin, derrière cette ligne, apparaissent par-ci, par-là des sommets élevés comme Capu Falu, Monte Cinto, Capu Biancu et même Monte Padru ! Un point de vue vraiment exceptionnel sur d'innombrables lieux connus, avec en prime une très belle visibilité... Après une bonne demi-heure passée au sommet, la descente, magnifique face à la côte ne posera aucun problème... ou presque, car nous arriverons tout de même à prendre une fausse piste sur une dizaine de mètres... en remontant nous retrouverons le balisage au feutre indiquant bien le virage à prendre. Nous n'avions pas été assez attentifs ! La forte chaleur sera malgré tout quelque peu pénible durant la descente, car nous sommes de plus en plus rationnés en eau... A 14h45, l'épicerie ouverte en centre ville sera l'occasion d'acheter quelques bouteilles de jus de fruit, et j'en avalerai à moi seul deux litres en quelques minutes ! Après une douche bien méritée à l'hôtel, la journée se finira fort agréablement sur la petite plage de sable de Galeria, puis à la tour génoise à vingt minutes de là, et enfin dans un bon restaurant au bord de mer... une dernière journée en Corse bien remplie ! Et pour une autre vision de la région de Galeria, consultez donc ici la description du séjour d'un botaniste, en 1908... |