Les lacs de Rinoso
|
En 1998, depuis le sommet d'a Maniccia, nous avons découvert les lacs de Rinoso qui apparaissaient alors en enfilade avec le lac de Capitello. Nous étions certes redescendus par le vallon de Rinoso, mais n'avions pas envisagé le détour par ces lacs, vu l'envergure de la boucle, et les aléas possibles de recherche d'itinéraire. Plus tard, nous avions prévu une première fois de découvrir ces lacs après notre nuit au sommet de Monte Rotondo en 2005, mais la météo en avait décidé autrement... Nouveau projet incluant les lacs de Rinoso la veille de cette randonnée, en redescendant de Punta alle Porte, là encore, les circonstances en décidèrent autrement ! Troisième tentative ce 28 août 2012, et pour mettre toutes les chances de notre côté, nous en avons fait l'objectif principal de la journée... |
Téléchargez rinoso.gpx, la trace GPS de la randonnée avec 499 cairns virtuels
(pour son utilisation, voir la page conseils) ; pour un affichage direct dans Google Earth : rinoso.kml
Survolez le trajet avec Google Earth via Sitytrail.com et tracegps.com...
|
|
Après un départ à 7h30 de notre lieu de villégiature -situé cette année en bord de mer-, nous voilà, peu après 9h00, sur le sentier très fréquenté menant aux lacs de Melo et de Capitello. Au bout d'une demi-heure, après les anciennes bergeries de Melo, le ravin terminal creusé par le ruisseau de Rinoso apparaît de plus en plus nettement sur notre gauche, mais le sentier qui le longe n'est pas encore bien visible, d'autant plus que ces pentes sont à l'ombre et à contre-jour en ce début de matinée. Un peu plus loin, il faut traverser à gué le ruisseau de la Restonica, en prenant la variante rive droite vers le lac de Melo. Une centaine de mètres après le gué, à 1540m d'altitude, voilà le grand cairn qui marque le départ du cheminement vers le vallon de Rinoso. Très vite, le sentier devient plus raide, contourne quelques avancées rocheuses et décrit de petits lacets pour vaincre la pente très prononcée. La trace est relativement nette, abondamment cairnée, et cette montée initiale est bien plus agréable que l‘itinéraire vers le lac de Melo en rive droite. Vers 1760m, un peu avant de prendre un virage prononcé vers le Sud, le cheminement passe à proximité d'une grande cascade. Celle-ci n'est pas directement visible depuis le sentier, mais il est possible de la découvrir de près en descendant au fond du ravin par une trace un peu délicate. Comme j'y étais descendu, en 1998 avec David, et que Sophie n'est pas très inspirée par cette descente, nous préférons nous éloigner en direction opposée, vers une petite plate-forme pour avoir une meilleure vue sur le fond de la vallée de la Restonica. Bonne idée, cette petite pause, car nous bénéficions d'un superbe panorama sur la vallée de la Restonica : sur notre gauche, en amont, le lac de Melo (nous sommes une cinquantaine de mètres plus haut), le sommet de Punta alle Porte (où nous étions la veille) et l'imposant Lombarduccio ; en face de nous, voici le col de Chjostru qui permet par exemple d'accéder à ce dernier sommet ; en aval entre Capu a u Chjostru et Cima San Gavino les pentes sauvages ornées de nombreuses aiguilles qui invitent à de nouvelles explorations et enfin, en contrebas, les anciennes bergeries de Melo. |
Nous longeons maintenant la rive gauche du ravin de Rinoso et les nombreux ressauts de son ruisseau, sans avoir à négocier un quelconque passage exposé. Une cinquantaine de mètres plus haut, à l'entrée de ce que j'appelle le vallon suspendu de Rinoso, le lit du ruisseau devient moins sauvage, et le cheminement en profite pour le franchir et emprunter maintenant sa rive droite. Les aulnes encombrent largement le vallon suspendu, mais le sentier s'y fraie un passage bien dégagé, grâce sans doute à un entretien régulier. En amont, les dalles lisses du cirque des Cascades barrent le vallon. Les lacs de Rinoso sont nichés au-dessus de ces dalles, sous Punta Muzzella dont le sommet est visible à droite du vallon. Le vallon est encadré à gauche par la crête Nord-ouest d'a Maniccia, et à droite, par le chaînon de Monte di Giovan Paolo. Le piton Nord de ce chaînon se montre fort imposant, et au fur et à mesure que nous progressons dans le vallon, nous en découvrons ses versants très escarpés. Vers 11h00, nous quittons le vallon suspendu pour atteindre les premières dalles du cirque des Cascades. Nous y découvrons de petites piscines, alimentées seulement par quelques ruissellements en cette fin d'été. Derrière nous, le vallon semble barré par la chaîne reliant Capu a u Chjostru et Cima San Gavino, mais en réalité, la vallée de la Restonica nous sépare de ces sommets. Au fur et à mesure que nous grimpons, les dalles se révèlent de plus en plus impressionnantes, mais le sentier les contourne par la gauche, en cheminant entre rochers et aulnes. Au delà du point 1950m, la trace va longer un nouveau petit ravin par la gauche, et je commence à me demander à quel moment nous pourrons bifurquer à droite vers les lacs. Dès que nous arrivons en amont de ce petit ravin, le promontoire à notre droite semble d'accès facile : même en l'absence de cairn ou de trace, autant nous y engager pour essayer de voir la suite du cheminement vers les lacs ; le sentier cairné, quant à lui se dirige vers Bocca Muzzella, une bonne centaine de mètres plus haut (nous devinons d'ailleurs un panneau marquant ce col situé sur le GR20). |
Arrivés à midi au sommet du promontoire (le point 2110m), non seulement nous découvrons le petit lac de Rinoso, presque en contrebas et le grand lac plus loin, mais nous constatons que ce promontoire était la voie la plus directe et sans doute la plus facile pour les atteindre. Le petit lac de Rinoso, n'est certes pas grand, mais il a du charme avec ses falaises en rive Sud, et les dalles et petites pelouses se partageant le reste de son pourtour. Le promontoire serait un bel endroit pour une pause déjeuner, mais les pelouses du lac de Rinoso sont d'autres candidates pour une telle pause ! Nous empruntons maintenant l'ancienne moraine dominant légèrement la rive Nord du lac. Celle-ci longe ensuite un minuscule vallon suspendu orné de pelouses et de quelques petits bassins dont certains sont à sec. Ce vallon conduit au grand lac de Rinoso situé légèrement plus bas. La moraine nous conduit rapidement à l'extrémité Nord du grand lac de Rinoso où une pelouse nous attend effectivement pour le déjeuner. Le grand lac de Rinoso est situé en surplomb de la partie Ouest du cirque des Cascades , il est dominé sur sa rive Ouest par le piton méridional du chaînon de Monte Giovan Paolo. Au Nord, des falaises le surplombent, mais un cheminement dans un couloir doit permettre de rejoindre assez facilement le GR20 situé une centaine de mètres plus haut. Comme pour le petit lac de Rinoso, hormis dans le secteur des falaises, le rivage est entrecoupé par plusieurs petites pelouses. Pendant le repas, nous discutons du programme de l'après midi : rentrer en faisant une boucle par le GR20, Bocca Soglia et le lac de Melo ? Faire une escapade au sommet de Punta Muzzella, 300m plus haut ? tenter de grimper sur le piton qui domine le lac de Rinoso à l'Ouest quelques 100m plus haut ? Nous écartons très vite l'option du retour par Bocca Soglia, car notre itinéraire aller est à la fois plus chouette et plus agréable. Avec un peu plus de difficulté, nous écartons l'option Punta Muzzella, car le parcours vers le sommet entre rochers et pierriers ne semble pas très attrayant. Reste donc notre piton, qui n'est certes pas l'option la plus facile, mais qui devrait offrir une vue imprenable sur le lac de Capitello, et les sommets qui le dominent : nous décidons donc de la tenter en laissant bien entendu nos sacs à dos au bord du lac. |
Dans un premier temps, nous empruntons le pierrier parsemé d'un peu de végétation qui mène au pied même du piton. Celui-ci se révèle très raide, et instable, et il convient de prendre des précautions pour progresser, et pour ne pas risquer de blesser son compagnon avec les pierres qui dévalent la pente. Nous atteignons ensuite tant bien que mal le petit col à droite du piton, mais, quelques pas d'escalade sont manifestement nécessaires pour poursuivre vers le sommet. Nous décidons donc de redescendre un peu pour rejoindre le petit col situé à gauche du piton. Là aussi le cheminement est délicat, car même les rochers ne sont pas sûrs : on peut arriver à détacher des blocs de plusieurs kilos de certains d'entre eux ! Bref, ce versant est ce que les alpinistes disent être « pourri ». Nous finissons tout de même par atteindre le col, et là... nous sommes récompensés par le panorama qui s'offre à nous : une vue extraordinaire sur l'extrémité Sud-ouest de la vallée de la Restonica, avec de gauche à droite : le col de Soglia, Punta alle Porte (et une bonne partie de l'itinéraire de notre balade de la veille), la pointe des Sept Lacs, Punta Capitello, Lombarduccio (y compris la brèche de Goria et le col de Chjostru permettant d'y accéder), Capu a u Chjostru, Cima San Gavino. Au centre du panorama, le lac de Melo nous offre une vue plongeante, alors que le lac de Capitello est à peine visible dans son écrin au fond du cirque. J'identifie également en fond de vallée, plus à gauche, le petit lac de Soglia. Au delà de la crête, à gauche, on peut deviner au loin le golfe de Sagone, caché en partie par Monte Cervellu et par le mont Tretorre avec ses éminences rocheuses si caractéristiques. Toujours au loin, vers la droite cette fois, nous reconnaissons quelques sommets qui émergent au-dessus de la crête entre Capu a u Chjostru et Cima San Gavino : Punta Minuta, Capu Larghia, Capu Falu, la pointe des Eboulis, Monte Cinto (à peine visible au-dessus d'un sommet au premier plan), Capu Verdatu et Capu Biancu. En direction opposée, nous bénéficions d'une belle vue sur les lacs de Rinoso, et le minuscule vallon suspendu qui les relie, sans oublier bien sûr a Maniccia et Punta Muzzella qui barrent l'horizon... Avec ce spectacle nous avons différé l'option d'aller au sommet de ce fameux piton ; j'essaie toutefois d'y repérer une voie d'escalade facile, mais même si plusieurs options paraissent envisageables, aucune d'entre elles ne semble évidente pour les non alpinistes que nous sommes. Sophie me presse de ne pas insister, car les vingt mètres supplémentaires n'apporteraient pas grand chose de plus au panorama. Je finis donc par abandonner... |
Plutôt que de redescendre par l'itinéraire délicat, je propose à Sophie de rejoindre le GR20 par la ligne de crête, puis de redescendre au lac par le couloir que j'avais repéré : celui-ci semble effectivement bien plus facile que la descente directe. Bizarrement, cette alternative n'inspire pas Sophie... Nous voilà donc en train de redescendre le long de ce piton ; je suis d'ailleurs moins à l'aise qu'elle, et je fais plusieurs pauses, histoire de ne pas risquer de la menacer avec des pierres voire des rochers qui dévaleraient la pente. Quoi qu'il en soit, ce tronçon est assez scabreux, et si vous souhaitez atteindre le piton ou ses environs, ce qui vaut vraiment la peine, je suggère de faire le détour par le GR20, rendant ainsi l'ensemble de la randonnée facile et sans risque. Nous retrouvons le bord du lac de Rinoso peu après 14h00, et il nous reste près de 2 heures disponibles, si nous visons un retour à la voiture aux environs de 18h00. La baignade semble une option lointaine, vu l'altitude, mais par acquis de conscience je décide de tester la température de l'eau... Malgré la profondeur assez importante du lac, l'eau semble relativement tempérée (peut-être pas loin des 20° ?). Je tente donc l'expérience, et suis très agréablement surpris : non seulement je me trempe facilement, mais en plus j'y reste et nage sans souffrir du froid ! Dès lors Sophie, décide de venir me rejoindre et se met également à parcourir le lac à la nage. Une petite brise s'étant levée, il fait en revanche plutôt frisquet en sortant de l'eau ; nous nous habillons donc rapidement, et décidons de rejoindre le petit lac de Rinoso, histoire de nous réchauffer un peu. Nous n'irons pas si loin, car nous constatons qu'à l'extrémité Est du lac, une petite pelouse, prolongée par une zone sablonneuse a l'air d'être à l'abri de la brise... La pelouse est splendide, et le sable dans l'eau est exempt de toute vase ! Nouvelle séance de baignade : cette fois-ci nous nageons le long des falaises à l'Est du lac et faisons même une escale sur une plate-forme à priori inaccessible (sauf bien sûr lorsque le lac est gelé). Nous quittons les lieux vers 15h30, pour cette fois redescendre vers Grotelle. Au lieu d'emprunter la moraine, nous cheminons jusqu'au petit lac par le minuscule vallon, histoire d'y fouler un peu ses pelouses. Après le petit lac, nous ne nous écartons plus de notre itinéraire aller, hormis quelques petites variantes, là où la trace est provisoirement peu nette. Ainsi par exemple, nous avons dépassé de quelques dizaines de mètres le point de traversée du ruisseau de Rinoso à l'extrémité aval du vallon suspendu, erreur vite corrigée. Nous retrouverons le sentier du lac de Melo autour de 17h et le parking de Grotelle une demi-heure plus tard, ravi d'avoir particulièrement réussi cette balade, et surtout de ne pas avoir découvert les lacs de Rinoso la veille, au pas de course ! |
Retour au sommaire Chouettes randonnées