Capo di Muro


                Lundi 1 juillet 2002, c'est le début des vacances, mais il ne fait pas très beau : le ciel est plutôt gris, la pluie est prévue en montagne, mais devrait épargner la côte ouest. Nous profitons des nuages pour une balade le long de la mer sur des sentiers pas toujours agréables quand il fait chaud. Capo di Muro n'est pas très loin ; la fiche N°19 du guide Frank « Circuits pédestre Corse du Sud » nous séduit ; voici d'ailleurs un extrait de cette fiche :


En général, en visitant le golfe d'Ajaccio, on se rend aux îles Sanguinaires et l'on voit Capu di Muro en face.
Cette fois-ci, c'est l'inverse et pour le plus grand plaisir du randonneur affranchi des sentiers battus.


                Nous serons réellement ravis par cette balade : même sous la grisaille, nous avons pu apprécier l'originalité et la beauté sauvage de ce site. Lorsque, vers la fin du séjour en Corse, nous rencontrons des proches avec quatre enfants dont un petit de deux ans, nous leur proposons de suite ce circuit. Pour occuper un peu les garçons un peu plus âgés, je leur suggère d'emmener un des vélos « tout chemin », mais surtout pas plus, car je sais qu'il va falloir porter le vélo à plusieurs reprises.



                C'est donc le 25 juillet 2002, peu avant notre retour sur le continent que nous repartons à onze pour Capo di Muro. Cette fois-ci, il fera beau, mais un vent soutenu de Nord-Ouest devrait bien rafraîchir l'atmosphère. Au point le plus à l'Ouest de la D155 qui surplombe plus ou moins la côte entre Ajaccio et Propriano, à Bocca di Filippina, il faut emprunter une petite route sur 3 ou 4 kilomètres. Peu avant son terminus goudronné, à droite, un parking en terre permet de garer quelques voitures.
                Il est environ onze heures quand nous empruntons la piste qui suit sensiblement la ligne de crête vers l'Ouest. Il faut juste veiller à prendre un embranchement à gauche quelque 500 mètres après le départ (sinon nous descendrions très vite sur la côte, au Nord). Après une petite heure, nous nous retrouvons devant une maison en ruine, sur un emplacement dominant la côte Nord du Cap. Cette maison a été rénovée depuis, comme le montre un message avec une photo en date du 10 avril 2006 dans le livre d'or... Un emplacement de rêve, accessible bien sûr à tous. Le coin idéal pour un pique-nique à l'ombre d'un bel arbre devant l'entrée de la maison, un pin si je me souviens bien.
                Mais avant le repas, tout le monde veut aller voir, un peu en contrebas, la tour génoise (voir aussi la page dédiée aux tours génoises), bien visible par une des fenêtres de la maison en ruine. Comme Sophie et moi connaissons déjà la tour, nous gardons Mathieu (à deux ans, il ne retirerait pas grand chose de cette visite, et il veut son repas de suite), et le vélo (bien fatigué par plusieurs aller-retours à vive allure entre la maison et nous même durant le début de la balade). Pendant ce temps les huit autres partent donc vers ce promontoire, à une dizaine de minutes d'ici.






                Cette tour génoise bien que plus basse que le sommet de Capo di Muro, est perchée sur un promontoire assez impressionnant de la côte Nord du Cap. Un escalier assez raide permet d'accéder à l'intérieur de la tour (où il y avait d'ailleurs table et chaises), puis au sommet. Bien qu'en excellent état, elle est relativement peu visitée, car un peu loin des villes et des routes habituellement empruntées par les touristes. Celle de Capo Rosso, par exemple est bien plus fréquentée : elle est proche des calanches de Piana, alors que la balade à pied est deux fois plus longue.
                La vue surplombante sur la côte Nord du cap est impressionnante, et comme toujours, les autres tours proches sont visibles (par leur conception même puisque celles-ci devaient permettre de communiquer par signaux). Je crois bien qu'on peut deviner toutes les tours génoises du golfe d'Ajaccio, alors que vers le Sud-Est, la plus proche, celle de Capu Neru, apparaît entre deux petits sommets de Capo di Muro, juste au dessus d'un col que nous avons franchi pour arriver ici !
                Après quelques grands signes entre nous trois dans la maison en ruine, et les huit autres sur la tour, tout le monde se retrouve sous le pin pour le casse-croûte. Pendant ce temps, deux ou trois petits groupes viennent visiter la maison et la tour génoise, mais parmi eux, personne n'envisage d'aller plus loin, vers la pointe du Cap, ce qui est vraiment dommage, d'autant plus qu'il n'est qu'une heure de l'après-midi.


                Nous voilà donc repartis tous les onze, d'abord dans un petit bois, puis, après une dizaine de minutes, dans le maquis. C'est là que cela se complique un peu. La première fois, nous avions emprunté l'itinéraire 1 sur la carte : à la sortie du bois, un cairn propose de quitter la ligne de crête, pour longer le cap sur sa partie septentrionnale, à mi-pente environ. Une fois cet embranchement pris, pas de difficulté particulière, mais le sentier n'est pas très large (attention aux égratignures si on est en short...…), et lorsqu'on arrive au bord de la mer, il faut la longer sur des dalles rocheuses quelque peu impressionnantes.
                Avec le vélo en plus, j'ai cru préférable d'ignorer le cairn, et de rester sur la sente qui emprunte la ligne de crête, mieux marquée dans son début. Toutefois, cet itinéraire (noté 2 sur la carte) se dégrade progressivement, et nous nous retrouvons bientôt à galérer, en portant parfois le vélo à bout de bras pour passer les buissons. Comme toujours dans ces cas là, le sentier se divise souvent en deux, avec une impasse sur l'une des branches...
                Je ne me sens pas bien à l'aise car nous progressons de moins en moins vite, et à plusieurs reprises, je suis obligé de compter jusqu'à onze pour vérifier que tout le monde suit bien le même chemin. J'essaie sans succès de trouver une piste pour redescendre vers l'itinéraire 1, et au bout d'un certain temps, il faut se rendre à l'évidence : nous sommes définitivement bloqués. J'avais repéré un peu auparavant un sentier raide semblant descendre vers la côte au Sud : je laisse tout le monde là haut pour aller vérifier si ce n'est pas une nouvelle impasse : ouf ! on peut rejoindre le sentier sur la côte Sud, mais la pente est bien raide, surtout avec un vélo.
                Tout le monde descend donc, parfois sur les fesses, parfois en s'accrochant aux arbustes, mais faire suivre un vélo dans ces conditions, c'est vraiment pas facile, et je peste en moi-même contre ma lumineuse idée d'avoir voulu occuper les enfants avec ce VTC : Depuis un certain temps, c'est moi qui l'ai en charge, même si les enfants essaient parfois de m'aider... Heureusement je sais qu'une fois en bas, nous n'aurons plus de difficultés, car le sentier est bien tracé !
                Nous voilà donc sur le sentier côtier, que nous longeons pendant un petit quart d'heure avant d'arriver au phare que nous contournons puis au site où est implantée la petite chapelle. Nous avons certes mis une heure de plus, par rapport à la fois précédente, en nous égarant dans le maquis la haut, mais tout le monde est d'accord pour trouver ce coin tout à fait extraordinaire, et galère et égratignures sont bien vite oubliées.





                Nous nous installons ici, puis allons admirer, les uns après les autres, les différents petits caps et rades qui sont tout près d'ici. Le site est d'autant plus impressionnant du fait des énormes vagues qui viennent se briser sur les rochers avec fracas. Nous ne nous lassons pas, et nous pouvons même chercher à localiser les nombreuses mini-chapelles taillées çà et là dans les rochers... Une procession annuelle est organisée dans ces lieux qui peuvent parfaitement se prêter à la méditation.
                Malgré le vent il fait chaud, et la petite rade devant la chapelle invite à la baignade. Ayant observé que toutes les vagues se brisent un peu plus loin, j'ai repéré un endroit ou il n'est pas dangereux de se tremper. Progressivement, presque tous, les plus courageux en premier, viennent me tenir compagnie, mais je dois avouer que c'est assez impressionnant de voir arriver sur nous les grosses vagues, juste avant qu'elles ne se brisent à une dizaine de mètres...



                Vers seize heures, il faut penser à rentrer, et nous prendrons bien sûr le bon sentier qui longe la côte Sud du cap. Le vélo peut de nouveau être utilisé par les enfants. Au bout d'une heure environ, un peu avant de remonter vers la ligne de crête, une belle petite plage nous attend. Bien qu'étant protégée de la houle de Nord Ouest, les vagues sont encore assez hautes, et il est difficile de se baigner car plusieurs petits rochers sont à fleur d'eau sur les premiers mètres... Il y a près d'un mois, nous en avions bien profité, car la mer était calme...
                Il nous reste plus qu'à retrouver le sentier qui remonte rapidement vers la ligne de crête -il va encore falloir pousser le vélo- et à rejoindre la piste qui mène à la maison en ruine. Nous arriverons au parking vers dix-huit heures.

                Le bilan : le vélo gardera des séquelles car la peinture a mal supporté le maquis et le contact avec les rochers ; quant à nos petites égratignures, elles disparaîtront très vite... alors que resteront gravés dans nos mémoires les souvenirs de plusieurs coins de rêve : la maison en ruine et son site, la tour génoise surplombant la côte, la chapelle dans son cadre, ses rochers incomparables et la mer démontée, sans oublier la belle petite plage juste avant de rentrer... Tout cela pendant une seule balade !

                Un petit conseil : si vous passez par là, ne vous contentez pas de la tour génoise, allez au bout de la presqu'île ! C'est bien l'itinéraire 1 qu'il convient d'emprunter si vous souhaitez réaliser le circuit complet. Si vous craignez de vous engager dans le maquis, et sur des dalles rocheuses au bord de la mer, le plus simple est de revenir sur vos pas après la tour génoise, pour prendre le sentier sur la côte Sud à l'aller comme au retour... Mais l'itinéraire 1 est bien plus varié : à vous de choisir...


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