Monte d'Oro

(rédigé par Sarah)


                Lever : 5H30. Semblant de petit déjeuner, puis environ une heure de voiture (avec plusieurs arrêts photos...) pour arriver à 7H10 au point de départ de notre première rando de «remise en jambe », à la gare de Vizzavona (920m).
                Aujourd'hui, notre objectif, c'est le Monte d'Oro culminant à 2389m : 5 heures de marche pour l'atteindre nous dit-on. Et mieux vaut ne pas se lever trop tard pour ceux qui souhaitent éviter de littéralement rôtir ou d'expérimenter la sensation d'être dans un four (Bon, faut être un minimum maso pour le d'Oro, mais faut quand même pas exagérer)...
                Niveau balisage, pas trop de problèmes ; il suffit de suivre les points jaunes. Au début, un certain nombre de panneaux indiquent la direction du Monte d'Oro du fait de l'existence de quelques bretelles. Après avoir franchi les passerelles enjambant le Fulminato et l'Agnone, nous quittons le GR20, longeons un chemin forestier, avant d'emprunter sur la gauche un sentier s'élevant dans une belle forêt de pins... Tout va bien, il ne fait pas encore trop chaud. Nous rencontrons alors un couple -Nicole et Daniel- la soixantaine, amoureux eux aussi de montagnes et de randos. Tout comme nous, ils se rendent à Monte d'Oro. Nous engageons la conversation... nous ferons une grande partie de l'itinéraire en leur agréable compagnie.
               Nicole nous fait part de notre progression grâce à son GPS. Cette chose nous donne l'altitude à laquelle nous nous trouvons -et bien d'autres choses encore-, et c'est assez amusant de voir «combien » nous avons grimpé... amusant ? Peut-être pas toujours. C'est mine de rien un peu comme une montre. Vous la regardez toutes les 30 secondes, le temps ne passe pas ; vous ne vous en préoccuper pas le moins du monde et puis tout d'un coup, vous y jetez un coup d'œil : 1 heure de passée ! Là, c'est pareil, sauf qu'on parle en dénivelé.







               Nous faisons pas mal de petites haltes. Papa commence à se rendre compte qu'avec une pastèque de 6 kilogrammes en plus sur le dos, tout devient un peu plus difficile –physiquement parlant. Ah oui, je ne vous ai pas dit, nouvelle expérience : emporter une pastèque jusqu'au sommet. Une pastèque, c'est simplement un réservoir d'eau, à mon sens beaucoup plus lourd, mais paraît-il bien meilleur et hydratant...Soit, bon courage tout de même au porteur...
               Nous grimpons donc dans la forêt de pins, le chemin devient toujours un peu plus rocailleux. Nous atteignons alors les bergeries de Puzzatellu disons plutôt quelques ruines, mais ça doit bien être cela car le GPS de Nicole indique la bonne altitude : 1526m. Petite séance photo... Nous profitons alors des derniers arbres avant d'attaquer la partie exposée -sans ombre- à travers la rocaille et les aulnes, ces petits arbustes très verts et très présents en altitude. Ca, c'est vraiment la montagne corse. La montagne corse, ce n'est pas du tout celle des Alpes, mais c'est sublime. Durant la montée, petit transfert de pastèque entre papa et David qui se propose gentiment.
               Nous arrivons maintenant au pied d'un grand et long couloir bien pentu jonché de gros blocs -A Scala- ; à gauche, une grande muraille verticale. Allons-y ! Il fait bien frais dans le couloir, d'ailleurs il paraît qu'il est encombré par des névés parfois tard dans la saison... Arrêt réfrigérant et dégustation d'une moitié de pastèque en plein milieu du couloir -appréciable effectivement- puis c'est reparti. Au sommet de la Scala, nous passons à côté d'une brèche surplombant Vizzavone, pour déboucher sur un plateau herbeux d'une centaine de mètres de diamètre–U pratu di Scampicciole-.
               Ensuite, plus de végétation, uniquement de la roche et de la rocaille, on s'approche du sommet imposant. Il est maintenant bien en vue et, avec mes frères, nous larguons les parents et le couple. Au pied des rochers sommitaux, les points jaunes indiquent la direction pour redescendre dans la vallée de l'Agnone. Nous les laissons donc pour les derniers 50 mètres qui ne sont pas des plus faciles, d'autant plus qu'il faut chercher un peu les passages avec quelques pas d'escalade facile... Evidemment, ce sera plus facile pour les quatre autres car David leur assurera un guidage depuis un promontoire.
               L'arrivée au sommet, c'est ce qu'il y a de mieux. Vue de 360° avec la mer des deux cotés, un peu dans la brume, il est vrai. Vers le nord-ouest, on reconnaît Monte Rotondo et A Maniccia et plus à gauche les sommets du fond de la vallée de la Restonica avec la pointe des Sept Lacs. Au fond, entre les deux, Paglia Orba ; et plus près, à peine visible Lombarduccio ; toujours dans la même direction en contrebas, le lac d'Oro, admirable, mais il faut s'approcher du précipice pour le voir...Vers l'ouest Monte Cervellu puis les golfes de Sagone et d'Ajaccio, séparés par Migliarello ; vers le sud-est, Punta Dell'Oriente et la crête qui rejoint Monte Renoso, puis Bocca della Cagnone, ce col au-dessus duquel se profile Punta Scaldasole, et Punta Alla Vetta abritant le lac de Bracca dont nous arrivons tout juste à deviner l'emplacement. Superbe, nous y resterons une bonne heure... C'est aussi l'occasion rêvée pour échanger des informations sur nos balades respectives avec Nicole et Daniel... Ceux-ci nous vanterons par exemple les mérites d'une balade sur les crêtes d'Ajaccio... qui à l'air d'intéresser beaucoup maman... alors que papa a son regard rivé sur Monte Rotondo !









               Nous mangeons un peu... et finissons la pastèque ! Je ne comprends pas : à 2400m, il y a encore quelques bestioles volantes qui viennent vous titiller ; bon les papillons, c'est pas trop gênant ! Il est presque 14 heures, il faut alors penser à la descente. Evidemment, un aller-retour, ce n'est pas très drôle ; c'est pourquoi papa a prévu une boucle, ma foi plutôt longue ! L'idée, c'est de rejoindre de l'autre côté le GR20 franchissant le col de Muratello, descendre jusqu'à la cascade des Anglais, et finir à la gare de Vizzavone où est garée -ultime soulagement et récompense- : la voiture.
               Nous faisons donc une partie de la descente avec Nicole et Daniel : il s'agit de longer plus ou moins la ligne des crêtes jusqu'au «col du Porc » (il n'y en avait pas, des porcs, on se demande ce qu'ils auraient fait ici...) ; une dernière vue sur le lac d'Oro et les reliefs au nord, puis la descente dans la caillasse jusqu'au GR20, un peu monotone, ce morceau ne doit pas être marrant dans l'autre sens...
               Arrivés au GR20, nous faisons nos adieux à Nicole et Daniel, car ces derniers continuent dans la direction opposée pour passer la nuit au refuge de l'Onda et revenir à Vizzavone par la vallée du Manganello et la cascade de Meli. Nicole, avec son GPS nous a fait le bilan. Comment ça ? Seulement 8 km depuis le début, avec une moyenne proche de 1 km/h ! Il -le GPS- ne prend pas en compte les temps d'arrêt, ni «les petits lacets » et puis c'est le dénivelé qui est important (1500m) m'explique t-on...mouais... En tout cas, mes jambes n'ont pas l'impression d'avoir fait «si peu » ! Et nous n'étions pas du tout au bout de nos peines...
               En effet, le début de la descente par le GR20 n'est sûrement pas des plus agréables, alors avec des jambes commençant plus ou moins à flageoler de fatigue, imaginez un peu ! Heureusement que l'environnement et le paysage sont là pour nous soutenir... Dès que nous rencontrons de l'eau paraissant limpide, nous testons les fameuses pilules pour la rendre potable. Ca marche ; on n'est pas tombé malade, et puis quand on a soif, on n'est pas trop difficile... Nous ne descendons pas bien vite, et il est 18 heures lorsque nous arrivons à la première passerelle sur l'Agnone. Nouvelle pause car David et Thomas veulent faire quelques sauts dans la vasque... mais l'eau se révèle bien froide et le soleil n'est plus très véloce... Bref, ils se rhabillent sans s'être réellement trempés !







               Encore une heure de marche pour rejoindre la cascade des anglais et traverser l'Agnone sur une nouvelle passerelle. A partir d'ici le GR20 emprunte une piste, et nous marchons enfin à un rythme proche de la normale. A ma question quand arriverons-nous, papa m'expliquera qu'il faudra retrouver les deux passerelles de l'aller... Ne les ayant pas bien visualisées, chaque passerelle devant moi est l'occasion d'un espoir vite déçu, et des passerelles, il y en a beaucoup sur ce tronçon... parfois même au-dessus de minuscules ravines...
               Mais tout finit par arriver, les bonnes passerelles et même la voiture... à 20h20 ! Ouf ! Et moi qui pensais y arriver vers 16 ou 17 heures, comme d'habitude ! Faut dire que pour une remise en jambe, et malgré les pauses bien plus longues que d'habitude, c'était quand même assez «hard». Mais ceci dit, Monte d'Oro ça vaut le coup, c'est beau, c'est vraiment à faire !
               Et pour une autre vision, avec une météo douteuse, consultez donc ici la description de la tentative d'ascension de Monte d'Oro par un botaniste, en 1908...


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